Conventions du formulaire

Donner la « formule » d’un poème suppose que l’on manipule à bon escient une série de symboles et de conventions :

1. Nombre de syllabes pour chaque vers

2. Dans les vers féminins, astérisque pour indiquer que le vers a une syllabe surnuméraire

Remarque
Ceci revient à dire qu’on ne donne pas dans la formule le nombre réel de syllabes pour les vers féminins, mais le nombre de syllabes du mètre masculin correspondant.

3. Lettre minuscule distincte pour désigner la rime (en suivant l’ordre alphabétique et en commençant par « a ») associée à chaque vers et la disposition des rimes au sein d’une strophe ; par exemple, dans cette strophe de Rutebeuf, on a ababababccddc

            Chanson m’estuet chantier de la meilleur
            Qui onques fust ne qui jamais sera.
            Li siens douz chans garit toute douleur :
4          Bien iert gariz cui ele garira.
            Mainte arme a garie ;
            Huimais ne dot mie
            Que n’aie boen jour,
8          Car sa grant dosour
            N’est nuns qui vous die.[1]
C’est de Notre Dame, v. 1-9

4. Le cas échéant, lettre majuscule pour désigner la rime du ou des vers qui constitue ou constituent le refrain, c’est-à-dire le ou les vers qui est ou sont repris d’une strophe à l’autre 

Remarque
Il arrive exceptionnellement que le refrain soit une unité poétique inférieure au mètre de base du poème, un fait qui ne se marque pas au niveau de la formule du poète mais doit être signalé dans le commentaire, c’est-à-dire dans l’analyse à proprement parler.

5. Tiret pour séparer les indications concernant chaque vers de celles qui concernent le vers suivant

Remarque
Ces indications prennent prennent la forme d’une séquence d’un nombre en chiffres arabes (pour les syllabes) et d’une lettre (pour les rimes), minuscule ou majuscule. Par exemple pour la strophe de Rutebeuf donnée ci-dessus : 10a-10b-10a-10b-5c*-5c*-5d-5d-5c*

6. La répétition à l’identique du schéma d’une strophe ou d’une cobla s’indique par sa mise entre parenthèses suivie d’un multiplicateur renvoyant au nombre de récurrences.

7. La succession de schémas différents s’indique par la mise entre parenthèses du premier schéma, suivie de l’opérateur + et du ou des schémas suivants entre parenthèses.

8. L’usage moderne veut en outre qu’une double barre soit utilisée pour dissocier la première occurrence du refrain de la composition s’il s’agit d’un poème qui commence par une occurrence du refrain. Mais cette manière de voir ne coïncide pas toujours avec la perception que les poètes de l’époque avaient du refrain, or c’est cette perception qui devrait toujours prévaloir.

Remarque
Pour un formulaire plus détaillé, se reporter à Benoit de Cornulier (1980 et 1995).

Les césures ne font pas partie des informations pertinentes au niveau de la formule du poème, en raison de leur place variable à l’intérieur de chaque vers ; cela a pour conséquence que la syllabe surnuméraire de la première moitié de vers dans les cas de césures féminines ne doit pas être signalée dans le dénombrement des syllabes.


[1]Trad. : Il me faut chanter une chanson sur la meilleure femme qui fut jamais et qui jamais sera. Son doux chant guérit toute douleur : il sera bien guéri celui qu’elle guérira. Elle a guéri mainte âme. Aujourd’hui je ne crains plus qu’il m’arrive malheur, car sa douceur est telle que nul ne peut la dire.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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