La poésie du troubadour est réglée par le compas, c’est-à-dire la mesure, au sens arithmétique du terme ; la poésie provençale se définit d’emblée, tout comme la poésie française, comme une poésie où on doit savoir compter :
Compas es mezura d’ostar
Pauc e trop per assatz formar ;
Compas es mezura que pauza
Dever e pauc ni trop no lauza,
E per so le rims qu’es be compassatz deu haver dreyturiera mezura, so es ses pauc c trop per tar assatz.[1]
Guilhem Molinier, Leys d’Amors, II, p. 30
Le compas est, quant à lui, réglé par la « seconde science de rhétorique » (segonda sciencia de rhetorica) – la science de seconde rhétorique des poètes en langue d’oïl.
[1]Trad. : Le compas est la mesure de ce qui doit être, entre le peu et le trop ; le compas est la mesure de ce qu’il faut mettre, ni plus ni moins, sans oser le dépasser. Ainsi, un ouvrage en rime, lorsqu’il est bien compassé, ne doit avoir ni plus ni moins, c’est-à-dire, ni trop ni trop peu, mais une mesure juste.