Poursuivons notre description des caractéristiques formelles de la poésie médiévale – nous reviendrons aux vers masculins et féminins en temps utile.
La poésie médiévale connait comme seul cas d’élision celle du /ə/ final de mot à l’intérieur du vers, lorsque le mot suivant commence par une voyelle – règle qui est toujours d’application et que la poésie médiévale partage donc avec la poésie moderne. Cette élision (qui est facultative en ancien français, chez Chrétien de Troyes par exemple, mais tendra à devenir systématique en moyen français) porte dans les traités médiévaux le nom de sinalimphe ou de synalephe, mot d’origine grecque qui décrit le fait que deux voyelles contigües sont prononcées comme une seule syllabe :
Sinalimphe en telle œuvre assise
345 Est comment en ces vers et forme,
Quant se pert, detranche .e. ou brise
En fin de quelque mot conforme
Et ung autre aprés lors le suive
Prés a prés conjunctivement,
350 En la ligne ainsi .e. se prive
En sinalimphant proprement […][1]
L’Infortuné, Instructif de seconde rhétorique, l. 344-351
[1]Trad. : La synalèphe appliquée dans un poème se produit dans des vers que un e se perd, s’efface ou est supprimé à la fin d’un mot conforme à ce schéma [c’est-à-dire un mot présentant un e final] et qu’il est immédiatement suivi d’un autre qui lui est accolé : le vers est ainsi privé d’un e par l’application licite de la synalèphe.