Pour désigner le groupement des vers en strophes, la terminologie médiévale est beaucoup plus fluctuante que pour désigner le poème : couple, couplet, taille, couleur… – le mot couplet est le plus répandu mais le choix terminologique varie aussi d’un poéticien à l’autre.
Cette fluctuation terminologique est principalement due au fait qu’à l’époque, le concept de strophe était assez peu significatif : on définissait en effet surtout ce que nous appelons « strophe » par la manière dont les rimes se succèdent. Une strophe médiévale est avant toute chose un assemblage de rimes.
Selon la manière dont les rimes sont disposées, elles sont caractérisées très diversement : consonantes, plates ou jointes, croisées ou entrelacées, disjointes ou dispersées, enchainées, batelées, rétrogrades. On utilisait par exemple l’expression rimes croisées pour nommer une strophe dont les rimes sont croisées. On qualifiait par ailleurs bien souvent le poème en fonction des caractéristiques de ses rimes – dans les traités de seconde rhétorique, c’est-à-dire de rhétorique de langue vernaculaire, il est par exemple question de ballades léonines (c’est-à-dire ballades dont les rimes sont léonines), ou de ballades rétrogrades (c’est-à-dire dont les rimes sont rétrogrades), etc.
C’est donc en définitive principalement le mot rime qui permet de désigner la strophe dans les traités de seconde rhétorique – comme il désigne aussi la totalité du poème, le propos des poéticiens n’est pas toujours facile à débrouiller.