ghf

1505-Platine en françoys (21-30)

21ra

nerfz & joinctures, toutesfoys sil est prins modereement il profite a lestomach en reprimant les ardeurs diceluy, & donant & excitant appetit de menger, car il nya just qui soyt plus propre a donner goust & poincte es viandes quest le just du vin aigre proporcioneement mys en icelles, & a ceste cause communement en noz viandes usons dicelluy au comancement et premiere table. Et sil est trop fort et aygre lon le peut mitiguer avec du pain toste ou avec du vin, & sil a faulte de poincte lon y peut mettre du poyvre. Si ledit vin aigre est beu & mys sur la morsure dung chien enraige ou sur la poincture dung escorpion ou aultres poinctures ou morsures de bestes venimeuses il ayde merveilleusement, et aussi pour discutir et expellir ainsi que dit Pline, le sang amoncelle & conglutine dedans le corps humain. Et en temps de pestilence en user en noz viandes & breuvaiges & lodorer souvent, le mettre et en froter les poulx de nostre personne, & espandre ou arroser icelluy par lostel & nostre chambre, est grandement util et propre. Et si nous mettons avec ledit vin aigre du souffre ung petit & tout tyede qui ne soyt guiere chault le mettrons sur la podagre, ayde grandement. Or la grant frigidite dudit vin aigre se peut temperer et moderer son le fait boulir avec des raysins passis ou confis. Nous lisons que Marcus agrippa podagreux a ses derniers ans mettant ses piedz dedans le vin aigre chault fut libere de sadite maladie par la vertu dudit vin aigre, et si lon lave les dens avec ledit vin aigre chault il conforte grandement ceulx qui ont douleur en icelles et oste la puantise de la bouche & des gencives, & refroyde les nerfz desdites dens. Dudit vin aigre lon en fait ung cyrop aceteux, & vault a la simple tierce & quotidiane, & la quotidiane denfleure sale, & a toutes agues maladies qui le prend au matin avec eaue chaulde, car il fait digerer la matiere. La maniere de le faire est telle, on dissouldra le succre en eaue & en vin aigre & le cuyra lon jusques a tant que il sera moult glueux & bien tenant, il vault contre tout empeschement de matiere chaulde. Si lon mesle aussi le vin ay

21rb

gre avec du miel se fait une composicion que lon dit oximel, lequel aulcunefois est fait simple & aulcunefoys compose. Le simple est fayt en telle maniere, car lon met les deux pars de vin aigre & la tierce miel. Le compose est ainsi fait, prenes des racines dache & de fenoil & de persil, et les casses & broyes ung petit & les laisses dormir en vin aigre ung jour & une nuyt, & le jour dapres vous les cuyres ensemble & les couleres, et puis vous mettres en ce mesme vin aigre du miel & le cuyres par telle maniere en facon quil reviendra jusques a la tierce partie, et le cuyses ainsi comme je vous ay devant dit. Lon donne ledit oximel simple ou compose pour remede contre froyde matiere, ainsi que cyrop aceteux est contre chaulde matiere. La saulce du vin aigre, saulge & percil, mente & poyvre mesles ensemble reconfortent lappetit. Si lon menge chair avecques vin aigre seul lappetit en est reconforte. Et devons savoir que si le vin aigre trouve lestomach plain il lasche le ventre, & sil le trouve vuyde il le restraint. Avicenne dit que vinaigre vault contre arsure de feu plustost que quelconque chose. Et quant lon le mesle avec huyle rosat & on en mouille de leine non lavee & on la met sur la teste du pacient il oste la douleur & conforte le chef. Vin aigre avecques alum aide grandement aux dens qui se remuent et crollent.

¶ De laigrest ou verjust.

LE verjust se fait des raysins qui ne sont point encores meurs. Le vin aigre toutesfoys selon que dit Macrobius est plus aigre et penetratif que nest ledit verjust & a plus grant force & vertu, mais le verjust mondifie & attrempe plus doulcement sans violance les ardeurs de lestomach & sans ameigrir ne dissouldre si fort le corps comme fait ledit vin aigre. Or le verjust profite merveilleusement a ceulx qui ont lestomach degouste & eschauffe, & a ceulx qui ont ardeur de soif. Nous usons utillement & sainement dudit verjust contre tous venins, & a faire & composer plusieurs et diverses viandes.

21va

¶ Sensuyt le tiers livre. Et premierement des noix & leurs differences.

NOix sont ditz tous fruytz qui ont dehors lescorce dure, & dedans ce quest pour menger ainsi que avons dit gnenalement au comancement du second livre, maintenant en particulier dune chascune espece dicelles noix convient expliquer. Et premierement de la propre & principale noix laquelle ainsi que dit Pline est ainsi appelle pource que nuyst & est grevante a la teste, et le venin dicelluy arbre & des fueilles penetre & nuyst au cerveau, tellement que si dormons ou reposons dessoubz icelluy arbre nous trouverons forment grevez a la teste & cerveau, mais le noyau quest dedans ladite noix fait pour nous & est bon a menger & a confir viandes, & pour faire saulces ainsi que verrons cy apres. Les noix seiches sont chauldes & donnent mauvais nourrissement, le convertissent tost en colere & font douloir la teste, offusquent les yeulx & engendrent une maladie appelle vertigue, spanlement quant elles sont prinses & mengees apres aultres viandes, et ceulx qui ont lestomach colerique sen deussent garder principalement & les eviter, & de tant quelles sont plus vielles & rances de tant sont elles pires. Les noix fraiches sont plus saines et plus agreables a menger que les seiches, non obstant que toutes noix engendrent aulcunement colere, font douloir la teste & sont fort contraires a la toux, & principalement quant sont seiches, mais si lon les prend au matin elles provoquent a vomir, & si lon les menge avec des figues de la rue & avec ung grain de sel comme avons dit cy dessus au chapitre des figues, elles aydent lors merveilleusement, & sont bonnes contre tout venin & ccontre tout air pestilencieux. Aulcuns ya qui mengent les fraiches avec du sel & sont bonnes & agreables, et aultres y adjoustent du vin et sont bonnes semblablement.

¶ De villa nova dit que lon doyt menger des raisins quant lon menge des noix, principalement quant sont seiches et antiques, car les fraichessont de soy plus saines, & les seiches & antiques seichent trop le corps & a cause de leur onctuosite facilement induy

21vb

sent inflamacion au corps, & pource lon doyt menger des raysins lesquelz resistent a linflamacion et excicacion a cause de la humectacion desditz raysins. Or si la noix est prinse a jeung soyt ou fraiche ou seiche elle est bonne contre toute morsure de chien enraige, & si lon les mesle avec ung petit de miel & de rue & lon en fait emplaster dessus le tetin il resolvist laposteme dicelluy. Et la coque desdites noix brulee & pilee avec de luyle ou du vin son en oingt la teste dung enfant luy nourrist & fait beaulx cheveuls, & luy oste une maladie qui se dit allopacie qui fait tomber lesditz cheveulx. Et luyle pareillement ainsi que dit Pline desdites noix est bon & sain a ladite maladie, et sil est mys dedans les oreilles de ceulx qui sont sourdz leur aide grandement, & si lon en oingt la teste guerist la douleur dicelle & conferme lesditz cheveulx.

¶ Columelle dit que si de lescorce verde & amere quest par dessus lesdites noix lon en frotte les aureilles dung chien ny aura mouche que si vueille approcher, ains fuyront ladite oincture. Et si vous mettes destremper kadite escorce en eaue avec de cassie, & oingnes vostre teste de ladite eaue vous noircira les cheveulx. Pour conserver lesdites noix fraiches ainsi que dit Paladius que ne se rancissent, les fault mettre dedans la paille ou dedans le sablon, ou entre leurs fucilles seiches ou dedans queleque arche faite dudit arbre de noyer, ou si lon les met ensemble les oygnons ausquelz oygnons lesdites noix osteront la vehemente force & aigreur & ainsi les noix par les oygnons & les oygnons par les noix en vauldront mieulx. Toutesfoys marcial dit que pour le conserver verdes & fraiches, il a experimente & trouve vray que se garderont tout ung an revolu dedans le miel levee la premiere escorce, & le miel ou lesdites noix auront este sera bon & sain pour adoulcir les conduys & arteres de la gorge. Or desdites noix lon en fait plusieurs viandes et saulces, principalement laillee que lon menge avec dures & grosses viandes & avec la chair grasse pour tolir lennuy & fastic dicelles, & donner appetit de menger.

¶ Des amandres.

LEs amandres qui en langue grecque sont dites noix longues, convient se

22ra

mer environ les calendes de fevrier pource que cest larbre qui botonne & florist premier de tous aultres & produyt son fruyt, duquel pource quest le premier et nouveau plusieurs en sont si tres frians & envieulx quilz le mengent et devorent avec toute lescorce qui est tendre et agreable a menger, tellement quilz en sont plusieurs foys si greves & en la teste leur vient telles douleurs que leur vaulcist trop mieulx ny avoir touche.

¶ Dyascorides dit toutesfoys que si lon les menge modereement sont bonnes a lumidite quest en lestomach, & si lon les menge avec du succre principalement levee lescorce elles sont bonnes & de bonne digestion. Les seiches principalement quant sont ung petit rosties sur les charbons augmentent lesperme ainsi que font les noix & avelaynes, & valent aux douleurs de la gorge, & qui en mengeroit cinq enjeung devant boyre il nauroit garde den yver, mais selles sont trop vieilles & rances lors a cause daulcune oinctuosite quelles ont sont nuysibles en plusieurs choses ainsi que dit Magnini, & le laict fait de telles amandres nest guieres bon & ne convient point es maladies & febricitans a cause de ladite oinctuosite qui est cause de doleur de teste & se convertist en colere. Et pource le laict des amandres fraiches est meilleur et quant ne sont guieres vieilles, & de tant quelles sont plus fraiches de tant sont meilleurs, pource que engraissent le corps & consument les humidites de lestomach ou les mondifient, gardent den yvrer. Et prinses a la tierce table gardent les vapeurs de monter a la teste, confortent la veue & mondifient la poytrine, & ouvrent les opilacions du coste & universelement nectoyent les superfluytes des entrailles & augmentent la substance du cerveau, & sont fort convenables a la marris, nourrissent bien, & font doulcement dormir, & ouvrent le chemin de lorine, confortent les gencives & serrent icelles, machees ensemble lescorce exterieur qui est lors tendre & agreable a menger. Lesdites amandres fraiches sont plus convenables a la tierce table que les seiches. Et par le contraire des seiches est meilleur que soyent mengees a la premiere table pour eviter venins & mauvais air, ainsi que avons dit de la noix. Et quant lon les menge apres & en la tierce table a grande quantite, plusieurs inflama

22rb

cions viennent & precedent, voire telles ainsi que dit Pline, que si ung renart avoit menge desdites amandres, principalement ameres selon diascoride. en quelques viandes meslees que ce soit, & bien tost apres ne povoyt trouver deaue a boyre a cause desdites inflamacions mourroyt incontinent. Luyle auquel lesdites amandres auront este boulies mys sur la teste de ceulx qui tombent du mal de saint Jehan et de ceulx qui ont une maladie nommee lytarge qui ne font que dormir, il les excite & reveille. Il ya des amandres doulces & ameres, les doulces sont chauldes & moistes tempereement & sont plus agreables a menger, & encores que ne soyent si propres a condescentes en medicine, ne ayent si grant efficace a guerir plusieurs maulx que les ameres, si purgent elles toutesfoys & provoquent a pisser ainsi que dit Pline, mais les ameres pilees avec du miel surviennent & guerissent les ulceres antiques & les morsures dung chien enraige, & si amortissent les douleurs des reins si lon boyt leau dicelles, dans laquelle ayent este mys des raysins passis pour lever lamertume quest en icelles. Or la vertu desdites amandres ameres est chaulde & seiche & sont mondificatives, lievent les lentilles de la face, gardent den yvrer qui les menge a jeung, confortent la veue, & valent a ceulx qui crachent le sang, et aydent a cracher les humeurs grosses et visqueuses de la poytrine et du polmon, & ouvrent les opilacions qui sont au foye merveilleusement, & sanent la douleur dessoubz les costes, rate & reins, laschent le ventre, provoquent a dormir & a pisser. Et dyascorides dit encores que la racine desditz amandriers cuyte & pilee mondifie merveilleusement la peau du visaige & lieve les taches dicelluy, & fait bonne & belle couleur. Et luyle desdites amandres ameres est fort approprie a la douleur de la mere du ventre et a lamortissement dicelle, & a la douleur de teste & des oreilles quant cornent & bruysent, & a douleur de reins & de gravelle, et aux apostemes de la rate, si lieve les lentilles, taches & macules du visaige quant est mesle avec du miel ou duyle rouse & ayde a lobscurite de la veue. Et la gomme des amandriers vault merveilleusement a ceulx qui crachent & gettent sang ainsi que dit Dya

22va

scorides, & mitigue la toux donnee a boyre ensemble du vin. Des amandres doulces en quelles viandes devons user cy apres en la seconde & tierce table en parlerons. Martial dit que lamandrier gettera les amandres tendres si lon gette de leau chaulde es recines par aulcuns jours devant quil florisse, & dit aussi que lon fera porter amandres doulces a ung amandrier amer, si lon perce le tronc de larbre par le mylieu avec ung caraire ou une verille & puis apres lon estoupe icelluy pertuys avec ung coing de boys qui soyt este par avant bien oingt de miel, ou si lon met pres des racines dudit arbre de la fiente du porceau. Or lesdites amandres se gardent longuement sans grande cure ne aultre diligence faire avec leur coque. Les grecz afferment une chose merveilleuse & dient que les amandres naistront avec lettres ou autres caractes, si ouverte la coque lon prend le noyau quest dedans sain & entier, et en icelluy lon escrive ce que lon vouldra, & apres retourne quil soit dedans sadite coque bien cloux & serre & emplastre de la boue & fiente de porceau lon le met dedans la terre. Et quant sera grant portera les amandres escriptes, au caractes qui seroit chose bien nouvelle & gentile.

¶ Des avelaynes ou noesilles.

LEs avelaines ou noesilles pour cause de leur qualite de chaleur meslee avecsiccite encores que nourrissent grandement le corps ne sont mye trop saines a les continuer pource que font mal a la teste & esmmouvent & travaillent lestomach a cause des inflamacions qui viennent dicelles. Toutesfoys selles sont ung petit rosties en my les cendres ou charbons elles en sont plus saines, valent aussi mieulx & sont plus utiles a mitiguer les distillacions, & pour engraisser le corps asses plus que nest vray semblable, ainsi que dit Pline. Et selles sont pilees et lon les boyt avec ydromel mitiguent & guerissent la griefve douleur de la toux antique. Aulcuns y adjoustent ensemble des grains du poyuvre, aultres des raysins confis, mais selles sont pilees avecques la graisse & mises dessus la teste de ceulx qui perdent les cheveulx les conservent & gardent de cheoir. Et les cendres faites desdites noesilles & mises avec du meil sur ladite teste fait venir &

22vb

croistre le poil, & garde aussi les cheveulx de tomber. Aulcuns dient que si lon brusle lesdites avelaynes et puis lon les pille avec de luyle & lon en oingt la teste des petis enfans qui ont les yeulx vers les feront devenir noirs, & parillement noircissent les cheveulx. Pour garder verdes lesdites avelaynes Pline dit que les fault mettre dedans quelque pot de terre & le couvrir bien, & puis mettre icelluy en quelque lieu frais en terre.

¶ Des pignons.

LEs pignons qui viennent de la noix de pigne menges avecques plusieurs viandes engendrent tresbonnes & utiles humeurs, mitiguent la soif, tolissent la distempacion de lestomach, & toutes humeurs quilz trouvent en icelluy contraires, fortifient aussi la debilite & nature de lhomme, & sont grandement utilz es reins & a la vessie, en purgeant et mondifiant grandement lorine. Et lon les menge frequentement avec des raysins passis ou confis, lon tient quilz excitent la nature & luxure endormie, & donnent vertu de habiter. Et selle mesme vertu ont ilz silz sont confis en succre, laquelle confection gens nobles et riches communement en temps de jeune & en aultre temps a la premiere & tierce table sont acoustumes de menger, & plus communement a la premiere ensemble le blanc ypocras. Et par plus grande magnificence et volupe font dorer ladite confectiont per dessus de fin or de fueille.

¶ Des chastaignes.

LEs chastaignes Virgile dit estre numerees a lapellacion des noix quant il dit en se bucoliques que samye amarille aymoit grandement icelles noix appellees chastaignes. Or lesdites chastaignes sont chauldes et seiches de leur nature, et sur tout aultre fruyt engendrent & donnent force & vertu es membres & nourrissent la chair, & sont bonnes a ceulx qui crachent le sang. Ce non obstant elles sont de difficile & griefve digestion, engendrent ventosites et font douloir la teste, principalement es flegmatiques, si nest quelles soyent mengees avec du succre ou du miel selles sont boulies, et ainsi chauldes au matin devant toute aultre viande mengees et administrees avec du miel profitent grandement a la toux. Aulcuns les mengent communement au

23ra

commancement de table quant sont boulies a toute lescorce. Aultres lievent & plument icelle escorce et apres les font boulir, et puis mettent du sel par dessus et les mengent. Aultres ya, apres quelles sont boulies les font frire dedans la poille, mais plus communement a la tierce table avec le fromaige lon les mengeue cuytes sur la flambe dedans une poille percee, toutesfoys elles ne sont point de si parfaicte suavite, bonte & nourrissement come celle que lon cuyst soubz les cendres & charbons. La peau deliee des chastaignes quest entre lescorce et le noyau si nest levee gaste la saveur des chastaignes, ainsi que fait celle des noix. Et si ladite pellicule des chastaignes est cuyte & boulie en eaue jusques a la tierce part dicelle, & puis donnee a boyre serre merveilleusement & restraint le ventre qui est fluxe, lasche et destrempe.

¶ Paladius dit que lon gardera longuement lesdites chastaignes fraiches dedans quelques tonneaux ou dedans du sablon, lune ne touchant laultre. Pareillement dedans ung vaiceau de terre neuf mis en quelque lieu sec dedans la paille menue dorge.

¶ Des siliques ou carobes.

SIliques ou carobes pource quelles ont lescorce dessus dure, non sans cause sont mises entre les noix. Leur escorce est forment semblable a celles des feves, excepte que celles des carobes sont plus longues & larges quasi a facon dune gayne. En provence pres la marine en ya asses, en genes & au pays dytalie. Or quant elles sont fraiches mengees elles griefvent & foulent lestomach, combien que laschent le ventre, & seiches sont tout le contraire. Les menger en potaige ou les faire fort boulir, & puis humer celle eaue par cinq jours fait bien pisser, & si aliege la douleur destomach. Galien dit toutesfoys & tient que ne sont mye bonnes ne saines, pource que sont de griefve digestion & serrent le ventre. Mais comment qui en soyt si les voulons menger, Valere flaccus nous conseille que les mengeons plustost ala premiere ou seconde table que a la tierce a cause des fumosites qui en surviennent & troublent le cerveau malement.

23rb

Sensuyvent les espices, premierement du poyvre.

DEs espices que nous usons en os viandes ya plusieurs & diveres manieres lesquelles sont aportees par les estrangiers du pays dorient en nos provinces. Et premierement le poyvre lequel vient de indye et dune montaigne dorient nommee caucasus, quest opposite droictement au soleil de mydi. Il naist dung arbre forment semblable au genevrier, excepte que la semence & fruyt dudit genevrier na point descorce dessus comme le poyvre, lequel est long au commancement si est cuilli avec lescorce devant quil soit meur, & apres soyt seiche au soleil, fait icelluy ainsi appeler poyvre long. mais si lon laisse lescorce seicher a larbre & ung petit ouvrir, lon voyt le poyvre blanc quest dedans, lequel par continuelle ferveur du soleil de jour en jour se noircist et devient plus noir & meilleur, ou le peut lon avancer avec le feu & flambe. Le poyvre noir est mailleur de tant quil est plus frais & nouveau & quest bien rempli & pesant, et le poyvre blanc est bon quant nest point ride, ains est lis, blanc & pesant. Le poyvre long est de choisir quant lon le rompt, apert espes & a les grains dedans joinctz ensemble, & a la saveur ague mordicant la langue avec une petite chaleur. Le poyvre blanc est plus agu & mordicant que le noir, selon que dit Galien, car le noir pert sa mordicacion pource quest plus meur que le blanc, mais Dyascorides dit que le noir est plus agu que nest le blanc, & le blanc est plus debile. Or si ledit poyvre est prins en abrevaige, principalement avec les grains du lorier ou avec les fueilles, ayde grandemment es tranchoisons de ventre. Il ya une espece de poyvre qui pour intemperance de lair & du temps gette de petites bosses, & cestuy est aspre, amer legier, et pale. Le plus agreable est le poyvre noir, & le blanc nest mye si bon, encores que soyt meilleur a lestomach que les aultres especes. Le bon poyvre naist en arabie, & troglodita provinces en orient, & aujourduy en croist en Italie quest amer, & est forment a la semblance dung myrtere, et na point le fruyt si cuyt ne si bon quont les aultres provinces dessus. Aucuns cuydent que le gingembre soitla racine du poyvre, nest mye vray, car le poyvre

23va

a la racine semblable au cost, et est chaulde et mordicative & tire les humeurs a la bouche. Or la qualite & nature dudit poyvre est chaulde et seiche au quart degre, et pour cest cause le poyvre est bon a ceulx qui ont lestomach froid, car il leur destruit les humeurs froides & visqueuses & leur eschauffe lestomach et le foye, donne appetit de menger, il est toutesfoys contraire aux coleriques, il resolvist non obstant & gette hors le ventosites du ventre et entrailles, fait bien pisser, mais il est contraire es yeulx & a la veue a cause de son acuyte qui engendre fumees mordicantes & nuysans a la veue, garde dempreigner mys en facon qui nest mye de expliquer pour ne bailler occasion de pecher. Il est aussi contraire aux febricitans, fayt emmesgrir & seiche lesperme de lhomme, combien que le poyvre blanc a cause de son humidite soyt aydant a ladite esperme.

¶ De villa nova dit que le poyvre noir resolvist & purge la flegme & la consuist, et ayde a la digeston, & principalement cecy fayt le poyvre long quest plus convenable a la digestion des humeurs crues que nest le blanc ou le noir ainsi que dit Galien. Le poyvre blanc est fort convenant a lestomach & le conforte grandement, & vault a la toux principalement a celle quest de matiere froide & flegmatique, & le peult lon bailler utilement & provenir le movuement & accession de fievre froide. Il eschauffe pareillement les nerfz & les bras que nya riens semblable, mondifie le polmon & provoque lorine, lusaige toutesfoys du poyvre est plus loue en yver que en este. Or le poyvre noir entre en commixtion daultres espices, desquelles usons en nostre table & en plusieurs viandes pour donner appetit comme verrons cy apres.

¶ Du gyrofle.

LE gyrofle naist en indye & est forment semblable aux grains du poyvre si nest quil est plus long & plus fresle. Le fruytier qui porte ledit gyrofle a petites fueilles et serrees, et a les rameaulx de troys codees. Lescorce est pale & la racine large & forte, & tient la couleur du boys. Ledit gyrofle se garde bien cinq ans en sa valeur sil est en lieu qui ne soit ne trop froid ne moiste. Sa qualite & vertu est forment semblable a celle du

23vb

poyvre, excepte quil nest mye tant nuysant au foye que le poyvre, & si a grant force & vertu contre le venin, & lieve la obscurite de la veue, conforte lestomach, le foye & le cueur, restraint le ventre, destruit toutes ventosites & males humeurs qui sont grosses & visqueuses engendrees de froyd, fayt bien digerer la viande, espanlement qui le prent en telle maniere. Prenes gyrofle & semence de fenoil & les faites boulir en vin, & apres boyre icelluy. Encores vault ledit gyrofle a gens poussis qui a peine peuvent avoir leur aleine a cause des humeurs froides & visqueuses qui leur serrent la poytrine, mais quilz le prennent en ceste facon. Prenes gomme adragant & la faites demourer une nuyt en ung peu deaue dorge, & puis apres ayes des gyrofles & mastic & gomme arabic & en faites pouldre & lamelles ensemble la gomme adragant qui est demouree en leaue dorge, & en feres piloetes & icelles tiendres dessoubz la langue une grant piece & puis les avaler, & user en vin ou seront cuitz gyrofles. Oultre ce, si lon boyt dudit gyrofle .iiii. onces avec du laict lestomach jeung il fortifie la puissance & nature de lhomme pour faire habiter avec femme.

¶ Du cynamome ou canelle.

SE que herodote recite du cynamome je tien pour fable, car il naist & croist en ethiopie, dont le fruytier est bas & a petis rameaulx combles & serres, & nest jamais plus hault de deux codees,& de grosseur de quattre doys, il croist & naist en espines & buyssons, et pour ceste cause est de mal cuillir, ne nen cuillist lon point devant soleil levant, ne aussi apres soleil couchant, et quant lon en a cuilli le prestre en prent pour dieu un partie, & laultre lon vend aux marchans. Or le cynamome nest aultre chose que lescorce du fruytier, & vault de tant plus quelle est du plus hault du fruytier, car de tant plus quelle est prise plus hault de tant est plus fresle & deliee, et de tant quest plus deliee de tant est plus parfaicte, de meilleur goust, force & odeur. Apres celle quest prinse du plus hault vient celle du milieu dudit fruytier. Et tiercement celle qui est pres de terre et de la racine, laquelle est la plus grosse, espesse, & de moindre pris que les

24ra

deux premiers, & de tant que le cynamome est plus mol & a lescorce blanche de tant il est plus reprove.

¶ Pline raconte soy avoir veu une racine de cynamome de si grant et merveilleux poix quelle fut aportee a romme & donnee au temple capitolin en loneur de jupiter & de la desse de paix, et ce par lempereur Vespasien. La qualite & nature dudit cynamome est chaulde & seiche, fayt bonne digestion & ayde grandement par la force vertu & bonne odeur au cerveau, a lestomach, et au foye qui est refroydi, & fait bien dormir, ouvre les opilacions & mondifie lobscurite de la veue, & seiche les humidites qui sont a la teste et a lestomach. Et pource en user en ses viandes est fort bon & sain, & grandement propre a ceulx qui ont la veue obscure, laquelle obscurite vient & procede de humidite oultre ce provoque lorine, adoulcist la toux, & est bon a catarres, ydropisis, & a douleur de reins, et si ledit cynamome est broye & mesle avec vin aygre oste la roigne & gratte. Ledit cynamome entre en conposition de noz espices que nous faisons pour confire & doner goust a nos viandes & potaiges & leur donne grant saveur. Du dit cynamome lon fait communement sulce avec du persil, de la saulge, & du vin aigre ensemble la pouldre dudit cynamome ou canelle. Et telle saulce donne talent demenger, conforte la cervelle, et fayt bonne aleine.

¶ DU gingembre.

LE gingembre est la racine dung arbre qui croist en arabie, & les gens de par dela usent des fueilles dudit arbre en plusieurs choses come nous usons de la rue en viandes & breuvaiges, decoctions, & aultres sortes, mais par deca nous ne usons fors de la racine, laquelle appellons gingembre, & est petite tirant sur le blanc, & les dites racines sont comme decopees & rompues, ont saveur forte & delectable forment semblable au poyvre, & si ont bonne odeur. Le meilleur gingembre est celuy qui nest point perce ne vermolu, & de tant quil est plus blanc & nouvel de tant vault mieulx, & se garde par deux ou troys ans en valeur, et puis il seiche, et les petis vers le

24rb

percent & se pourrist par aulcune moisteur quil a en soy. Et quant lon le veult bien garder le convient mettre avec le poyvre qui est sec pour attremper sa moisteur. Aulcuns ya qui mettent confire ledit gingembre avec du miel, & aultres avec deaue et du sel, et cecy affin quil ne se putrifie, & le mettent dedans petis vaiceaulx de terre & la portent come est dit par deca, & est bon a menger avec les viandes & poissons sales. Or la vertu du gingembre est chaulde & seiche, suppose que aulcunement viengne a corruption par pourriture, ainsi que aultres boys vermolus & menges de teignes. Et a ceste cause Galien dit quil est moiste de humidite indigeste, & pour cause de la humidite quest en soy il se putrifie et pourrist, laquelle chose ne feroyt sil estoyt chault & sec. Ce non obstant il ayde & secourist grandement a lestomach quant est refroydi, ou par menger melons, cocombres, & aultres fruitz, ou par menger herbes verdes & crues, ainsi quon fait voulentiers a la premiere table ou aultrement, & ce en deseichant la frigidite & moisteur conceues par icelles viandes. Et est come defensoyre encontre les morsures de bestes venimeuses, & fait beaucop a la memoire pource quil nectoye les humidites qui sont en la teste.

¶ Dyascorides dit quil ayde grandement a digerer la viande, & mollifie & lasche doulcement le ventre, esclaircist la veue, & oste la taye des yeulx, lieve les opilacions du foye qui viennent de frigidite & humidite, & ayde a nature luxurieuse, & resoluist les grosses humeurs de lestomach & entrailles, & sil est confit avec du miel est chault & sec asses plus que par avant, & a plus deficace.

¶ De la noix muscade.

 LEs noix muscades viennent de indye & sont chauldes & seiches, aydent au corps humain, & rejouyssent lestomach par leur vertu & bonne odeur, font bonne veue & clere, gardent de vomir, donent appetit de menger & font bonne aleine & odeur de gorge, lievent les fumosites de lestomach, & font faire bonne digestion en expellissant les ventosites du corps, fortifient le foye & lestomach, & valent a guerir les lentilles de la face, diminuent la rate & mollifient les apostemes dures du foye, & serrent le ventre.

24va

Les meilleurs noix muscades sont celles qui tirent sur le rouge, & sont remplies pesantes et grasses. Et les pire de moindre value sont les noyres legieres & seiches. De toutes ces espices dessusdites, entieres, ou pilees, meslees ou separees a nostre menger pourrons user utilement, car elles sont grandement appropriees a nostre nature, volupte, & sante.

¶ Du safran.

SI je metz le safran entre les espices odorantes je ne leur fais point dinjure, pource que ledit safran augmente la vertu dicelles, non seulement par sa couleur de laquelle lesdites espices sont grandement aornees & embellies, mais encores par sa saveur & odeur dont ledit safran est grandement prise & requis. Paladius dit quon doyt planter les boulz & teste du safran au moys de fevrier. Il ya plusieurs sortes de safran, mais le meilleur & plus excellent est en celice a une montaigne appelle taurus, & a une aultre dite tymolus, au second lieu & reputacion est celuy de lycie, et au tiers lieu est celuy de Italie.Il en vient toutesfoys en languedoc & aultres contrees, mais non mye si bon, si doulx, ne savoreux. La probacion du safran quant est bon, est que incontinent que lon le touche il se frise & rompt comme petites broches. Aultre probacion, son le met a la bouche il semble quil saille & pique loeil & au visaige. Le meilleur toutesfoys en tous lieux est quant est gras naturellement & tresodorant sans sofisticacion aulcune. Il se doyt seicher a lombre et non pas au soleil, & en user dudit safran qui est chault & sec modereement, profite & est util non seulement au polmon & poytrine, mais encores au foye & au cueur, lesquelz il conforte grandement & aussi lestomach, il fait pareillement dormir et si esmeut a luxure, mais si lon le boyt avec du vin pource que ledit safran est de vehemente odeur il en yvre les gens. Oultre ce ledit safran prins a grant quantite rejouyst & letifie si forment lhomme que aulcunefoys le fayt devenir fol de grant joye & morir, ainsi que dit

24vb

Avicenne au chapitre du safran. Il fait ce nonobstant digerer la viande, & fortifie lestomach & le foye, fait bien pisser & donne bonne couleur au visaige. Isac en ses dietes dit que le safran conforte lestomach & ouvre les constipacions du foye, ayde a gens poucifz & qui anhelent a grant peine, & conforte les membres debiles. Le plateaire oultre ce dit, que ledit safran vault contre fin copisacion & contre la passion yliaque sont fayt icelluy ung peu cuyre en huyle & celle decoction lon met dessus le lieu qui deult. Rasis conte que fut une femme que par aulcuns jours travailla grandement a lenfanter, & il luy donna a boyre deux unces de safran & incontinent fist lenfant, et plusieurs foys apres experimenta celle medicine & la trouva tousjours telle. Ce non obstant dit Serapion, que en user excessivement lieve lappetit de menger, & nest pas bon au cerveau a la veue ne aultres sentemens. La pouldre toutesfoys dudit safran oriental mesle avec moyaulx doeufz & mis ensemble avec du coton sur les yeulx fait espasser la rogeur des yeulx macules qui semblent sanglans, ainsi que dit le Plateaire. Or selon les fables safran est ainsi appelle a cause dung jovenceau nomme par ce nom qui fust converti & transforme en icelle fleur selon que raconte Ovide. Aultres tiennet quil est ainsi appelle a cause dune ville en cylice dont vient le bon safran quest ainsi appelle.

¶ Sensuyvent les espices fortes & des petites gens. Et premierement des ailx.

LEs ailx tant plus ont de gosses tant plus sont fortz aspres et puantz, font male aleyne tout ainsi forment que les oignons porreaulx et escalotes. Pline dit toutesfoys que la racine des bletes, tostee & cuyte soubz les charbons, & mengee apres lesditz ailx lieve & estaint la male odeur diceulx, et ce pareillement fait la racine des yres mengee apres. Paladius dit que si lon seme lesditz ailx quant la lune est soubz la terre, & de rechief icelle estant soubz ladite terre lon cuillist iceulx

25ra

auront ja si puante et male odeur. Or lesditz ailx ont grant force utilite & vertu, resistans et aydans grandement a pusieurs maulx & pernicieuses maladies. Et principalement resoluissent les ventosites plus que aultre medicine, et sont bons a la douleur des boyaulx & entrailles mais que ny ait fievre. Et ypocras dit que le meilleur qui soyt es ailx est quilz provoquent lorine & font bien pisser ceulx qui sont graveleux & qui orinent a grant peine. Et dyascorides dit que si lon menge lesditz ailx vertz cuytz, & principalement rostis & mesles en succre ilz clarifient & adoulcissent la voix, sanent la toux antique, accyent & tuent les poulz & lendes de la teste, & les vers du ventre quant lon les menge frequentement avec daultres viandes, et si sont bons a la douleur de poytrine qui provient de froit. Et les ditz ailx par leur seule odeur dont fouyr les serpens & escorpions, et aultres bestes ocultes & cachees. Secourent aussi avec du miel aux porsures dung chien enraige, & le just diceulx mesle avec duyle guerist les playes venimeuses & aultres ulceres du corps, & silz sont cuytz avec des feves mitiguent la toux & les sospirs de la poytrine. Sont bons pareillement ainsi que dit Pline aux dens, si lon pille troys gousses diceulx en vin aigre ou si lon lave lesdites dens de leaue ou lesditz ailx auront estes boulies & lon met la gousse la ou est le mal desdites dens, & dit aussi que lesditz ailx font dormir et excitent luxure si sont pilles avec du coriandre nouveau, & lon les boyt avec du vin pur. Valent aussi lesditz ailx a ceulx qui ont grosses humeurs & visqueuses en lestomach, pource quilz sont calefactifz, incisifz, & resolutifz, & sont bons a gens de labeur qui boyvent eaue froide excessivement, & usent de viandes grosses & froydes. Et pource lon dit que lail est tryacle de vilains, aussi lesditz ailx amendent leure mauvaise, et pource sont ilz bons aux galiotz qui boyvent eaue bien souvent corrompue. Et combien quilz soyent bons en moult de choses, en user souvent nest pas bon, pource quilz sont grandement nuysans es yeulx, es oreilles, foye et polmon. Et sil ya

25rb

douleur aulcune en tout le corps ilz comoventet incitent icelles, & griefvent lestomach en le desseichant, font avoir soif & bien boyre. Et si une personne colerique en use trop souvent ilz lenflambent & eschauffent & seichent tellement le corps quilz le disposent a meselerie & a frenesie. Et combien quilz nuysent aux coleriques ilz sont bons & convenables aux flegmatiques & a tous ceulx qui sont de froyde complexion, pource que lesditz ailx sont fort chaulx & secz au commancement du quart degre, ilz sont toutesfoys plus sains cuytz & verdz que ne sont crus & secz. Paladius dit ue lon les peult garder en paille ou pendus a la fumee. Desditz ailx lon en fait plusieurs viandres et saulces, desquelles les villains souvent en usent, et les nobles guieres.

¶ Des oignons.

IL ya plusieurs especes doignons & tous ont forte odeur & telle que font yssir les larmes des yeulx, et pource sont ilz nuysans esditz yeulx. Les oignons tusculans sont moins fortz & vehemens que les aultres & sont forment doulx. Ceux qui sont rouges sont olus fortz et aigres que les blans. Les secz plus que les verdz, et les crudz plus que les cuytz, et ceulx qui sont secz plus que ceulx qui sont confitz & mesles en sel, huyle, vin aigre ou aultrement. Lesditz oignons ayment & requerent avoir terre grasse, lieux froidz, moistes, sabloneux, & veulent estre souvent arroses & fientes, et estre semes en beau temps, & si lon les seme au descroissant de la lune ilz seront petis & plus aigres, & si au croissant seront plus gros et de moiste saveur. Et si nous voulons iceulx avoir grosse teste il fault oster toutes les fueilles, et par ainsi sera force que le suc & substance descende en bas, ainsi que dit Paladius. Or lesditz oignons se gardent ien pendus a la fumee, & encores mieulx a la paille selon que dit Pline. Et la vertu desditz oignons selon lopinion forment de tous medicins est inflamative et grevant la teste, ilz gastent aussi & troublent le cerveau, me

25va

moire & entendement, induisent griefz sommeilz, songes & dormicions, maintenant engendrent et nourrissent humeurs flegmatiques, maintenant tolissent icelles.Aulcuns trouvent et tienent principalement lescole de esclepiade, quilz sont sains si lon les menge attempreement, pource quilz mollifient le ventre, font dormir, donnent appetit de menger, font bonne couleur, toilissent la puanteur de la gorge, & excitent le ventre induisant icelluy & nourissant dune humidite luxurieuse. Et son prend tous les jours a jeung le just diceulx maintient lhomme en sante. Daultre part silz sont ung petit piles et caches levees les premieres peliculles & escorces exterieures & mys par-dessus les emorroydes les font ouvrir, & contre venins & corrupcions de eaue sont totalement semblables aux ailx. Ilz devisent aussi les humeurs glueuses & ouvrent la bouche des veines, & font yssir lorine et les fleurs des femmes, font avoir soif & enflent le ventre, & si leaue desditz oignons est composee en emplastre avec du sel & de la rue & myse sur la morsure dung chien enrage vault singulierement, et silz sont mesles avec du vin aigre et au soleil lon en oingt la merfee elle guerist, & si avec du sel lon en met sur les verrues, pareillement guerissent & les lievent. Et si le just diceulx mesle avec du laict de femme est mys dedans loreille de ceulx qui noyent guieres & a qui les aureilles cornent profite grandement en ostant la douleur. Et quant lon oingt la teste a ceulx qui ont une maladie appellee allopecie qui fait cheoir les cheveulx, ilz les conservent & font naistre. Et si lon mesle ledit just avec lescume de la mer, et avec ce lon frote la peau de la teste fait multiplier & croistre les cheveulx, et dit Serapion que quant le just desditz oignons est mesle ensemble la graisse des gelines et est mys dessoubz la plante des piedz, lieve le cail ou les nodz qui sont aux piedz a cause du cheminer. Et ledit just ensemble le just de lambroyse fait naistre les poilz ou cheveulx, & fait avancer la barbe son sen oingt & frote, pource que la fricacion faite desditz oignons ouvre les pores, & le lieu se adapte pour

25vb

croystre poil, et cecy est approuve. Or apicius dit que les petis oignons ont aultre nature que nont les grantz, et si ont une singulierete merveilleuse quil croyssent decroyssant la lune, et decroyssent croyssant icelle. Des escalotes forment est semblable nature et vertu quest es oignons, non obstant que ne soyent si rondz ne si grantz que iceulx. Es viandes de Apicius lesditz oignons sont grandement exaulcs & prises. Magnini dit toutesfoys qye les user trop principalement crudz engendrent en lestomach males humeurs putrefactibles et corruptibles, et disposent lhomme a faire perdre la memoire troublant lentendement, en le transportant, tellement pour en devenir fol. Quant sont cuytz toutesfoys sont asses plus sains et meilleurs, car font faire bonne digestion. Galien & Macer dient que sont bons es flegmatiques & contraires es coleriques.

¶ Des boulbz.

LEs boulbz de megara sont grandement loues par marc caton. Lon tient toutesfoys que les esquilles sont premiers & plus nobles, encores que facent plus a medecine que pour viande a menger, mais les especes des boubz par les grecz expliquee est diffrente en odeur, suavite, saveur & grandeur. Ce non obstant sont ils tous de nature chaulde, et a ceste cause excitent grandement luxure.

¶ Celsus dit que les boulbz sont ditz toutes herbes qui ont grosse teste en racine, ou desquelles herbes lon donne la racine a menger, car en parlant des qualites des viandes & en disant celle viande estre substancieuse en laquelle avoit beaucop daliment, il enumere en ce les herbes desquelles prenons les racines & les boulbz, & apres ung petit plus bas il dit que des legums la feve est le plus substancieux & la lentille plus que les pois, & des herbes les raves & naveaux & tous les boulbz plus que aultres herbes. A lappelacion desquelz boulbz il met & conte les oignons, ailx, pastenades, rayfors, ramoraches, eschervis, & aultres semblables racines. Galien dit quilz sont decicatifs, mondificatifz, et

26ra

incarnatifs. Et quant lon lesmenge engendrent grosses & males humeurs & visqueuses, & sont de griefve digestion, enflent & stimulent ceulx qui lesmengent a luxure. Et diascorides dit que toutes les espices & facons de boulbz sont chauldes & agues, & comme est dit excitent grandement a luxure, eschauffent la langue, nourrissent grandement & augmentent la chair, ilz engendrent toutesfoys inflacions. Et pour ces raysons considerees Varron dit que se doyvent menger aux nopces, & Apicius approuvant icelluy adjouste que lon doit menger esdites nopces avec lesditz boulbz des pignonns et du just de la roquete & du poyvre. Et ces choses considerees Marcial appelle lesditz boulbz sallaces et libidineux, pource quilz excitent la luxure morte & endormie.

¶ Des rafles ou rayfors.

LEs rafles sont chaulx & moistes au premier degre & leur semence est chaulde au tiers, ilz sont de leur nature mauvais a lestomach, car ilz enflent et font roter, specialement son les menge au comancement ou a la seconde table, pource quilz ne laissent avaller la viande, ains la reboutent sus. Et dyascorides dit que si lon les menge a jeung ou lon boyt leaue ou le just diceulx donent grande ayde et sante, & defendent le corps ainsi proprement que feroyt ung defensoyre, mais ilz enflent, font roter & si font la leine pavante. Aulcuns ya qui les mengent ensemble la chair ou aultre viande pource que donnent appetit, & font boyre, mais je les vouldroye menger a la fin & a la tierce table decopes menuement & prepares en eaue & sel, & ne font pas lors revenir la viande a la bouche, ains font descendre icelle en bas & laschent le ventre. Aulcuns ya qui les mengent a la tierce table avec du sel & vin aigre ainsi que dit Magnini, & sont bons & sains mengez en petite quantite, pource quilz nuysent es yeulx a la teste & aux dens, valent ce non obstant a ce quest dessus dit & contre la morsure des escorpions menges & appliques par dehors, incitent luxure & multiplient le laict es femmes. Or des

26rb

ditz rafles lon en fait de oximel quest bon contre vartanes & fievres quotidianes. Et se fayt en ceste facon, premierement fault piler & cacher lesditz rafles, apres fault mettre iceulx par troys jours dedans le vin aigre, puis le convient ung peu faire boulir & apres couler par lestamine, et mesler ensemble ladite coulature du miel a souffisance & est fait. Et son met du succre avec ladite coulature sen fait cyrop convenable contre quotidiane ou fievre tierce meslee de colere & flegme selon le Plateaire. Et quant lon cuist lesditz rafles en just de chair ou aultrement vault a la toux et a grosses humeurs qui sont congreguees a la poytrine, & sont conveniens a ydropisie de cause froyde selon Serapion.

¶ Avicenne dit que en la semence dudit rafle a plus de force et vertu que ailleurs, apres en lescorce, puis aux fueilles, & finablement en la chair. Son huyle toutesfoys est de vehemente chaleur. Ledit rafle nuyst es yeulx ainsi quest dit, mais son eaue distillee mondifie icelluy. et le filz de mesange dit que les fueilles aguysent la veue. Et si ledit rafle est bouly convient a la toux antique & a grosses humeurs engendrees en la poytrine. Dit encores ledit Avicenne que son met ung tros de rafle sur ung escorpion il en mourra, & cecy est experimente de leaue dudit rafle laquelle est asses plus forte. De rechief dit que si ledit escorpion a mordu quelque soyt qui ait menge rafle ne luy nuyra ja. Or pour les semer Pline dit quilz demandent terre solue & moiste, haissent le fiens & se contentent de la paille, ayment le froyt tellement que en la haulte alemaigne lon les trouve aussi grans que petis enfans. Se ferment apres les ydes de fevrier pour le prin temps. Beaucop de gens les sement en mars & en avril & en septembre. Pour les faire doulx dit que les fault inspargir souvent deaue salee, & pour les faire gros et beaulx convient lever toutes les fueilles & les couvrir souvent de terre. Et son veult faire que les trop aigres deviennent doulx, fault faire macerer la semence par ung jour & une nuyt en miel ou en moust. Dit encores ledit Pline que les rafles estoyent an

26va

ciennement preferes au temps apolin dessus toutes viandes, & se disoyt estre dor, les bletes dargent, & les raves de plomb, dont morchion grec en a escript volume des louanges du dit rafle, et certes ilz sont reputes tresutilz en viande au temps diver.

¶ Des porreaux.

DEs porreaux y a deux sortes, les ungs sont capites et gros porreaux, les aultres sont sans teste & petite porree que lon coupe souvent & menu. Or pour avoir de ladite poree il la fault semer fort espes & apres deux moys quilz seront fermes sans les replanter ailleurs sont bons a couper & pour en user, encores que Columelle afferme iceulx estre plus durables & meilleurs silz sont replantes, mais ensuyvant en ce Paladius nen fait mencion de les remplanter, mais dit seulement que apres que nous aurons coupe ladite porree la convient arrouser & semer et sera tousjours belle & bonne. Nero empereur Romain a cause de conserver sa voix ayma si forment ladite porre que tous les jours en mengeoit avec duyle sans pain ne aultre chose, car il aymoit sur tout bien chanter, non seulement a son prive, mais encores aux jeux publicz, dont il disoyt publiquement quil estoyt attenu grandement a ladite porree pour cause de sa voix & quil chantoit bien. Les gros porreaux capites convient semer plus clers & au large, et les fault semer au prin temps & en octobre les replanter en aultre part. Et quant seront du gros du doy convient couper les fueilles du milieu & les racines & aultrefoys les replanter & fienter bien apoint. Et quant comanceront prendre racines menues les fault tyrer tout doulcement ung petit en hault & la les laisser affin quilz devienent plus gros de teste quant trouveront au dessoubz espace & lieu vuyde & vacque. Dit aussi ledit Paladius une ultre facon de les faire gros, si plusieurs graines desditz porreaux lon lye ensemble & tout ainsi les semer en terre & en sortia ung fort grant & beau. Dit de rechief que si lon met a la teste dudit porreau une graine de rave sans

26vb

& toucher avecques fer & retourner mettre en terre icelluy croystra et engrossira merveilleusement, & asses mieulx encores si de rechief souvent le fait. Les porreaux de egypte sont loues sur tous aultres, et apres viennent ceulx de ostie pres de romme. du porreau qui a test ypocras en a use en moult de vices & maladies corporelles pource quilz ont grantz vertus. Et premierement le just diceulx retanche le flux du sang qui tombe du nes, & beu avec du vin pur vault grandement contre morsures venimeuses. Et icelluy prins avec du laict de femme guerist la vieille toux et les ulceres du polmon. Et iceulx menges seulement valent contre le venin des bouletz, & si allient les fractures et laschent le ventre, ostent les durtes dicelluy, & mys dessus les playes fraiches avec du sel les serrent incontinent, & si vault contre yvresse & a mouvoir & inciter luxure. Et dit de villa nova que si une femme en menge concevra plus facilement & la raison peult estre, car selon Avicenne le porreau vault a la coartacion & restriction de la marris & a la durte qui est en icelle, lesquelles choses peuvent empescher conception. Dit oultre ce dyascorides quilz provoquent lorine & subtilient les humeurs, toutesfoys les user trop souvent engendrent sang noir & melancolique, & griefvent les nerfz, & engendrent douleur de teste, & griefz & merveilleux songes, gastent les dens & gencives, nuysent a la veue et aux reins et vessie, quant il ya en iceulx aulcunes ulceres, & ne sont mye sains a lestomach, car leur vertu est chaulde & seiche au tiers degre, & valent mieulx a maladies remouvoir que a sante donner, & briefvement nul colerique ne melancolique en doyt user, sepecialement crudz. Lon les peut bien toutesfoys adoulcir son les boulist deux foys & getee la premiere ou les deux eaues lon les met en aultre faiche, et en ce point perdent leur malice, sont plus doulx et moins inflatifz. Et son menge apres les porreaux des lactures, porpies, & aultres herbes froides il est fort bon & condescent, pource que la chaleur des porreaux est attrempee pour la froydeur desdites herbes. Ou lon peut boulir lesditz por

27ra

reaux bien laves par avant en eaue chaulde ensemble les laictues. Et lors mondifient les humeurs grosses du polmon, & ouvrent les opilacions du foye & rate. Et le just desditz porreaux avec ung peu de miel guerist & sane les playes et ledit juste ensemble le just des racines des lilys guerist la douler des genitoyres, et son apreste et fait cuyre lesditz porreaux en huyle damandres valent a colique selon que dit Avicenne. Et ysac dit que son fait cuyre la teste des porreaux & lon condist apres icelle en amandres humecte le ventre, excite a luxure, & vault contre passion colerique qui vient de grosses & visqueuses humeurs. Dit encores ypocras desditz porreaux quilz eschauffent & deseichent trop, ouvrent le foye & la rate ou nettoyent icelle, purgent la poytrine & polmon. Ce non obstant pline recite a cause de boyre le just des porreaux qui sont pales & jaunastres ung chevalier romain subitement morir dedans la prison ou lempereur Tybere lavoyt fait mettre.

¶ Du fenoil.

ES jardins naissent aulcunes herbes desquelles tant de la semence & graine comme des fueilles usons a noz mengiers et a noz confections de viandes. Et ces herbes sont a la plus part adoriferantes, entre lesquelles est le fenoil et aultres que verrons cy apres, mais en quelle facon ous usons dicelles en leurs lieux le verrons. Et pour venir a la vertu de nostre fenouil je dis quelle est chaulde & seiche non mye simplement, car son goust monstre bien lausterite et asprete adjoincte en luy. Or pline dit la vertu du fenoil estre si grande que les serpens qui ayment ledit fenoilmerveilleusement en deviennent jeunes & se renouvellent totalement quant ont gouste & menge dudit fenoil, & si delaissent leur escueil & premiere peau & en prennent une toute neufve, et au prin temps quant saillent hors de leurs taniers & cavernes ou par tout lyver ont este recluses & ny voyent gouste, elle serchent naturellement lerbe & fueilles dudit fenoil & en icelles se frotent la teste & les yeulx, & en men

27rb

gent jusques ayent recouvre leur veue & que y voyent clerement. Et par ainsi lon voyt que le fenoil a grantz vertus, & non sans cause nous en usons tant vert sec comme cuyt, tant de lerbe graine que des racines car il engendre bonnes humeurs & si est bon a la poytrine & ouvre les conduys des veines qui sont clos & serres, engendre aussi laict est femmes & est bon contre leaue qui tombe des yeulx, provoque lorine et les fleurs aux femmes & fait bonne veue. Et la semence dudit fenoil restraint lestomach dissolu, et selle est beue pilee avec deaue garde les fevricitans de vomir, & tant cuyte comme verde ladite semence du fenoil est bonne & augmente generacion & nature. Et si ladite semence ou racine du fenoil est cuyte avec des chiches fayt pisser merveilleusement bien & si rompt la pierre, lieve les maulx du polmon & du foye, & leurs fueilles pilees avec du vin aigre & beues valent contre les poinctures descorpions, & oultre ce contre les serpens lon boyt utilement la semence avec du vin. Pareillement dudit fenoil lon en fait deaue a facon de celle des roses & est fort bonne es yeulx et conforte iceulx, fait bien oriner & brise la pierre des reins & vessie, & vault a user a toutes fievres qui sont longues & engendrees de grosses & froydes humeurs. Macer dit que la semence dudit fenoil beue avec du vin excite a luxure & mitigue la douleur du couste, ou son prend la decoction de la dite herbe. Et ledit fenoil profite grandement a gens vieulx & resjouyst, et resjouenyst ainsi que voyons des serpens et ysac dit que le just du fenoil cuyt et despume et donne a boyre avec oximel vault contre fievres longues & antiques & provoque lorine merveilleusement.

¶ De villa nova dit quil expellist les ventosites & les dissoluist a cause de sa chaleur & seicheresse. Et a quatre communes utilites, la premiere quil approfite a fievres, la seconde quil expellist le vent, la tierce mondifie lestomach, & la quarte quil fait bonne veue. Est de noter toutesfoys que ledit fenoil est de tarde digestion & nourrist peu & mal, & pource nest il point competant en viande mais bien en medicine. Et pour ce au regime de sante nen convient ja user si nest pour corriger la malice daulcunes viandes, ain

27va

si que nous mengeons aulcunefoyz du persil ensemble les laictues pour attremper la froydeur & humidite desdites laictures, par ainsi avec les courges se peut cuyre le fenoil & semblablement avec les raves pour corriger leur malice. Or il ya du fenoil saulvaige qui a les fueilles plus grandes et est plus hault & plus amer & aigre au goust, et a la racine blanche et croist voulentiers en lieux chaulx & pierreux. Et de cestuy tant la semence que la racine est de plus grant force & vertu que nest du domestique, excepte seulement a laugmentacion du laict. Et la semence du fenoil est de plus grant efficace que la racine, & la racine que lerbe, combien que lerbe soyt fort bonne mengee a jeung, principalement a la veue. Et aussi le just est fort son sen oingt les yeulx ou son boyt icelluy de matin, lequel ainsi beu fait oultre ce quest dit par dessus bien pisser. Se tu veulx faire du fenoil qui soyt doulx, il te fault semer la graine dedans une figue seiche & sortira asses plus doulx que par avant. Aulcuns va qui coupent toutes le fueilles & branches dicelluy fenoil qui est amer jusques en terre, & ce en yver, et apres le fientent et couvrent bien de la fiente du porceau & de lhomme, & lannee ensuyvant est asses plus doulx & agreable a menger. Lusaige de la semence dudit fenoil est comunement a la tierce table, non obstant que tous jours soyt bon.

¶ Du comyn

LE comyn est une semence aromatique & de bonne odeur, laquelle les colombz ayment gandement, & tant que qui en mettroyt a ung colombier il feroyt venir les colombz, de toutes pars & les feroyt la congreguer, laquelle chose est reprouvee pour cause de natirer les colombs dung colombier en aultre. Or ledit comyn croist superficielement sur terre & nentre pas guieres dedans icelle, si monte il toutesfoys bien hault. Naist en affrique & en egypte a grant habondance& aussi en babyloine & en aulcuns quartiers deurope. Sa vertu est chaulde & seiche, & ainsi que dist Pline lon en a grantz usaiges aux remedes, principalement de lestomach, est bon a gens flegmatiques & catarreux, il reprimist les douleurs & tranchesons du ventre, pro

27vb

voque a pisser, est bon a douleur de vessie pour sa vertu chaulde, & ayde grandement a la gravelle, principalement sil est pille & beu avec du vin doulx, il expellist aussi les ventosites, lieve les inflacions, ouvre les conduitz, oste les fumosites & conforte la digestion, restraint pareillement le flux du ventre quant est rosti au feu & mys en vin aigre, & gette dedans le nes fait esternuer et estanche le sang qyst dicelluy. Toutesfoys qui en use souvent devient palle & mal colore en la face, dont les ypocrites a cause de leur ambicion & pour estre veux saintz et destroite vie en usoyent anciennement pour decevoir le peuple. Il produyt une fleur noire qui vault a morsures venimeuses son boyt icelle, & profite a la douleur de vessie & strangurie, & fait yssir par urine le sang coagule selon que met Dyascorides.

¶ Du anys.

ANys & cru et cuyt est grandement loue par Pyctagoras, et sil est vert encores ou sec en quelque viande que soyt adjoinct ou mys en confection ou tout a par soy est fort agreable sains & plaisant. Neantmoins le bon anys & plus loue est celuy de candye apres celuy degypte & de bayloine. User dudit anys qui est chault & sec est grandement util pource quil donne appetit de menger, tolist les ventosites & inflacions du ventre, conforte la veue, la digestion & la vertu de lestomach, & pource est bon den user a ceulx qui rotent voulentiers, car il destoupe les conduite du foye & de la rate, debrise la pierre, provoque a pisser & a sueur, tolist la soif, restraint le ventre & desrompt les humidites blanches qui fluent & viennent de la matrice, provoque le laict pareillement ainsi que dit Serapion. Excite & commeut luxure, fait bonne et plaisante aleine, et tolist la feteur & puantise dicelle, guerist la douleur de la teste, & vault grandement contre fievres antiques, & lodeur garde de esternuer et si lon le boyt excite a sommeil, garde de vomir, est util merveilleusement es vices de la poytrine & aux nerfz, & nya riens plus souverain au mal du ventre & entrailles, & toste & rosti a ceulx qui ont dissenterie ainsi que dit Pline.

28ra

Dyocles donnoit voulentiers la semence dudit anys pilee avec la mente aux ydropiques. Et pyctagoras dit que les femmes enfantent plus legierement en odorant icelluy. Et sozimenes afferme que son boyt la semence elle ayde grandement et donne grant refrigere aux viateurs lasses de travail. Le mettre entre les vestemens ainsi que dit pline deffend iceulx vestemens des teignes. Et dit quest seulement inutil a lestomach si nest que fust enfle, mais en ce est contraire de villa nova qui dit que ledit anys est fort bon a lestomach et que conforte icelluy, & la cause si est pource quil mondifie ledit estomach des flegmes & leschauffe. Et pour ceste cause vault il parreillement a la veue, car il nya chaose que nuyse plus a ladite veue que la immondice quest dedans lestomach, pource que de lestomach immonde seslievent fums immondes lesquelz vont & montent au cerveau & es yeulx droictement & leur nuysent grandement & offencent, & si perturbent les esperitz visibles, & ces deux biens & ayde sont en lanys qui est doulx & bon. Le meilleur anys & de plus defficace est lefrais, & de tant quest plus noir. Et si lon confit ledit anys avec le succre en dragee en est plus plaisant & agreable a menger, ou avec de la regalice decopee menuement ainsi quon en fait dragee commune. Communement lon melge ledit anys a la tierce table pour reprimer les vapeurs & exalacions qui montent au chef. Brief ledit anys combien que soyt fort petite semences en quantite elle est fort grande & profitable en qualite, vertu & bonte.

¶ Du carvy.

CArvy est une semence forment semblable a celle du fenoil excepte que le carvy est plus long ung petit que la semence du fenoil, en sa saveur est une acuyte temperee ainsi que dit Galie. Et sa premiere vertu est quelle eschauffe & seiche au tiers degre, & la seconde quelle rompt & subtilie, la tierce est quelle expellist les ventosites, non seulement sa semence mais encores toutes ses parties. Dyascorides dit que sa semence est provocative a faire pisser, et a bonne odeur & eschauffe, & est bonne a lestomach, fayt

28rb

digerer la viande, & sa vertu est forment semblable a lanys, & sa racine se menge tout ainsi cuyte que celle des pastenagues. Abemesue dit que le carvy est plus gros que le comyn, & deboute & expellist du ventre les vers & esarides, fortifie lestomach & restaint le ventre, moins toutesfoys que le comyn. Rasis dit quil ayde beaucop a une maladie appellee cardiace quest au cueur quant le cueur bat et poulse, interpretee comme ardent le cueur par grant soit quil a audit cueur.

¶ Du coriandre.

LE coriandre entre les herbes saulvaiges ne se trouve point. Le coriandre qui vient degypte est prise sur tous aultres & loue. La semence dudit coriandre prinse avec vin doulz esmeut la personne a luxure, mais ce nest mye bon den user trop, car il est pour faire yssir hors du sens la personne et mourir forment ainsi que dit Dyascorides. Isidore qit que cest venin aux chiens & en meurent pour en menger. Aulcuns le louent toutesfoys comme dit Pline, & le tiennent fort bon pour guerir fievres tierces si lon en menge troys grains ains que lexes surviengne. Or si lon met ledit coriandre en la viande il eschauffe la personne, le restraint & fait bien dormir si comme dit ledit Isidore, & tue les vers du ventre. Et sil est pille et donne a boyre modereement a grantz vertus pour refrigerer les ardeurs.

¶ Avicenne dit que sa propriete principale est de prohiber les vapeurs que ne montent a la teste. Et pour ceste cause en met lon voulentiers es viandes de ceulx quont lepilance de la vapeur destomach, il engendre toutesfoys tenbrosite a la veue, & est de tarde digestion, encorese que conforte lestomach chault ou eschauffe. Ce non obstant lon ne le doyt point menger semplement pour les vices & qualites quil tient en soy nuysibles ainsi quest dit par avant, ains le doyt lon menger avec du miel ou avec des raysins passis ou comme avons acoutume quest plus agreable & plus sain prepare en vin aigre & mys en dragee couvert de succre. Et en quelque facon que soyt ledit coriandre prepare asses plus commodeement en userons a la tierce table pour re

28va

primer les vapeurs qui montent en la teste & cerveau que a la premiere ou seconde table. Il est bon contre yvresse ainsi que dit Albugeric, & a flux de sang & si restraint le ventre. Galien dit que son le mesle ensemble la viande des coqz lesditz coquez en deviennent plus fortz pour batailler & assaillir les autres coqz. Oultre ce xenocrates dit une chose bien merveilleuse selle est vraye, que les femmes quant ont beu ung grain pille dudit coriandre nauront point de tout icelluy jour leurs fleurs, ne de deux jours selles en boyvent deux diceulx grains, ne de troys si troys quest chose bien forte a vroyre. En ce tiens je a mon advis les pandectes plus vrayes qui dient que la semence dudit coriandre ensemble eaue de plantaige beue restraint incontinent lesdites fleurs & aussi le flux du ventre, laquelle chose est experimentee. Le plateaire dit que son espargist le coriandre pulverise dessus la chair fait icelle savoreuse. Et marc varron tient que lon peut conserver ladite chair en este si lon y met dudit coriandre pille avec vin aigre. En user certes couvent debilite lesperme de lhomme pour cause de sa infrigidacion & desiccacion, & tolist le desir dabiter. Et constantin dit que a cause de sa bonne odeur sil est mache entre les dens lieve la feter & malle odeur des ailx et oignons.

¶ De la regalice.

REgalice est ung fruytier qui ases verges longues de deux coudees, a les fueilles especes grasses & glueuses, sa fleur semblable au iacinte, a ses racines rousses & longues, naist a grant habondance en capadoce & au rivaige de ponto, aussi en ya en lenguedoc en plusieurs pars & en aultres contrees. Galien dit qu€ la plus grant vertu & substance que soyt en la regalice est au just de sa racine, & sa substance est prochaine a la substance de nostre corps & luy est fort semblable, et sa saveur est doulce comme la saveur de sa racine en ung peu de stipticite, & la vertu premiere est plus froide a la complexionn du corps delhomme ainsi que si fust de chaleur tiede, & pource est pres de complexion proporcionnee, & est moiste de moisteur attrempee. Et sa se

28vb

conde vertu est quelle adoulcist les asperites et la vessie & tolist la soif. Dyascorides dit que son just vault a lasperite du gorgeron du polmon, & se doyt mettre dessoubz la langue & succer et deglutir le just & vault a linflamacion de la bouche de lestomach, et a la douleur de la poytrine et a la voix, au foye, a la roigne, vessie, et a la douleur des reins, et vault a lestomach quant lon la mache & lon deglutist le just. Et son la pille et ainsi pilee lon met icelle sur quelconques tumeurs ou enfleures les adoulcist & mitigue. De ladite regalice nen usons guieres si nest meslee en dragee commune ensemble anys, coriandre, carvi & fenoil, dont en user de ladite dragee est fort util.

¶ Du pavot.

PAvot est une herbe qui fayt dormir les malades, & est en deux manieres, dont lune est saulvaige & laultre domestique. Le pavot saulvaige a deux especes, lune blanche & laultre noire, le noir est bon pour saveur, et les fueilles du blanc pilees et beues avec du vin guerissent une maladie appelle elephance. Les differences icy lon peut congnoistre par la fleur, car le pavot blanc a la fleur blanche, & le noir la noire. Mais le pavot domestique a troys especes, une blanche, de laquelle semence avant est ung peu rostie a la seconde table avec du meil noz anciens souloyent bailler. Lautre est noir de laquelle les medecins usent pour guerir maladies, & la tierce espece lon appelle erratique & croist voulentiers avec lorge. Le just dudit pavot les dedecins appellent oppion, du quel ilz tolissent plusieurs cures & sollicitacions des malades quant sont trop grandes & font endormir ceulx qui ne peuvent dormir. De cestuy oppion lon list publice Licyne preteur de Romme estre mort en espaigne pour ennuy de la vie. Le pavot a grosse testeainsi que petites pommes grannees & dedans ces petites pommes est la semence. le just des fueilles de ladite teste ou pomme fait bien dormir ceulx qui sont en fievre comme est dit, mais lon doyt bien iceluy donner saigement & par mesure, pour ce quil estoupe trop fort les conduys, et refroydist et mortifie le corps, et par especial le pavot

29ra

noir. Serapion met que le pavot est chault et sec au premier degre, & si lon le mesle avec lescorce de la noix il noircist merveilleusement les cheveulx dune forte noirsure. Constantin dit que ce fayt le just dudit pavot mesle en huyle de myrtre & conforte iceulx. Et son en fait collire mondifie la toile des yeulx. Et son mache bien la racine purge les humeurs de la teste par les marrilles. Et le just propine & baille mondifie les veines & cure la morphee, et haste lorine et les fleurs es femmes.

¶ De la mente.

LA mente est une herbe de suave & bonne odeur. Et les poetes dient en leurs fables que fut une fille moult belle appellee mente, laquelle fut aymee merveilleusement a cause de sa beaulte de Pluton dieu de la terre & des abismes, tant que proserpine femme dudit Pluton congnoissant le cas ne peut souffrir telle injure a soy estre faite, ains va convertir de fait & transfigurer ladite mente concubine en ceste herbe ainsi nommee aujourduy. Est interpretee quasi ung don damour ou quasi meritoire, ou pource quelle vient bien souvent en nos tables pour cause de son odeur agreable, laquelle odeur ainsi que dit Pline excite et resjoyst nos esperitz. Or ceste herbe icy pour son inflamacion excite & reveille la luxure morte & endormie. Et pour cest cause antiquement estoyt prohibee & deffendue aux hostz des gens darmes de menger de ladite herbe, affin que ne fussent luxurieux & libidineux ou effemines, car la plus grant vertu dung host de gens darmes est destre chastes, & pource sont ilz ditz en latin castra. Ladite mente doncques qui est chaulde & saiche, stiptique & dessicative mengee a par soy ou ensemble aultres viandes donne bon appetit, & conserve les gras de putrefaction, rejouyst le cueur, hayde a lestomach, leschauffe et le conforte, & tue les lombrys & vers du ventre, garde de sanglotir, prohibist de vomir & de cracher le sang, selon que dist Magnini, et si vault contre la morsure dung chien enrage. Et selle est cuyte en vin oste la puantise de la bouche

29rb

et purge les gencives pourries & corrumpues, oste le dormir qui vient par deffault de la vertu retentive, & vault contre defaillement de cueur & foiblesse des esperitz, et si purge la marris de ses superfluites & la conforte, oste la douleur des reins & entrailles, & amollist les mamelles endurcies par trop de laict coagule quant lon met icelle dessus cuytte en vin & huyle, le just est bon contre venin. La mente oste le sanglot et adoulcist la langue quant elle est trop aspre & on len frote. Et dyascorides dit que si lon donne le just de ladite mente ensemble du vin aigre a boyre est bon a ceulx qui crachent le sang & si tue les gros lombrys et excite luxure comme dit est. Et son prend de la pouldre de ladite mente saiche autant quon pourra en troys doys & lon donne icelle avec eaue chaulde en abrevaige, elle lieve tout injure & corruption de lestomach & nettoye icelluy en tuant toute vermine quelle trouve deans le ventre. Macer oultre ce dit que si lon met dessus les genitoyres la decoction chaulde de leaue ou la mente aura este cuyte vault a diverses maladies desditz genitoyres, et selle est instillee avec du miel dedans laureille lieve la douleur dicelle. Et son boyt le just dicelle ensemble moust ou vin cuyt elle fait haster la femme denfanter. Et son en frote dudit just les petitz fromaiges les garde de corrompre et putrifier, ou son met ladite herbe verde par dessus iceulx. Pline dit encores que si lon met ladite mente sur les temples lieve la douleur de la teste. Elle verdoye en este et flacist en yver si nest quelle soyt en bon abrich & lieu chault, mais elle renouvelle & sordist tous les ans quant vient le beau temps, & par ainsi dure sans fin puis quelle est une foys avenue en noz jardins. Il ya une aultre espece de mente saulvaige que lon appelle mentastre qui croist par les champs, mais nest mye si doulce plaisant ne agreable a noz tables, combien que a grantz vertus.

¶ De lasche.

ANtiquement ceulx qui avoyent victoyre en luyttes estoyent coronnes de lasche. Et le premier

29va

qui en fut coronne fut hercules pource quil fut grant luytteur et victorieux, car il vainquist antheo gigant filz de la terre, fort & puissant a merveilles, contre lequel nul nosoyt saillir, ne ny avoyt homme qui le sceust vaincre, car tant quil pouvoyt toucher terre sadite mere il refraichoyt tousjours en force, mais Hercules en ce obvia et en luytte si fort le pressa et leva en hault et en lair, tellement le va joindre et estraindre entre ses bras quil fust force quil expirast, et mourut sans pouvoyr jamais toucher terre ne avoir secours de sadite mere ainsi que content les poetes, et lors en icelle victoyre fut ledit Hercules coronne de ladite ache. Mais pour venir a nostre propos ladite ache naist voulentiers en pays chaulx et en lieux froidz & ombreux, ainsi que dit Paladius, & dit oultre ce que si lon veult que ladite ache soyt belle & grande & que ait larges fueilles, fault avoir de la semence autant que lon pourra prendre avec troys doys, & icelle convient mettre dedans quelque petit linge ou meschante toille que ne soyt guieres dougee ne serree, & dans icelle convient clore & mettre toute ladite graine ou semence, et tout ainsi clouse & liee la mettre & semer en terre, et naistra asses plus grande que aultrement, et en ceste facon lon peut forment faire de toute aultre semence. Et se tu veulx que ladite ache soyt crefve, fault ung petit piler ladite semence ains que la semer en terre, ou se veulx apres que sera saillie de terre y passer par-dessus quelque chose pesante, ou la trapiser avec les piedz : Elle naist plustost ainsi que dit Paladius de tant que la semence est plus vieille & de tant plus tard que ladite semence est plus fraiche & nouvelle. Or il ya plusieurs especes & differences de ladite ache ainsi que dit Pline et Dyascorides, mais celle qui fayt olus a nostre propos & de laquelle usons plus communement en noz viandres est lasche domestique laquelle Pline dit quelle a une singuliere grace en condimens & composicions de viandes.Et sa vertu est calefactuve, subtiliative, incisive, provocative a faire pisser & faire venir les fleurs aux femmes, resoluist les ventosites, & est bonne a lesto

29vb

mach ainsi que dit Galien, ouvre aussi les conduis du foye et de la rate, brise la pierre, la gravelle, oste la jaunisse, & vault contre ydropisie & frenesie quant lon en oingt le chef du just de ladite ache avec huyle de roses mesele en vin aigre. Et son fait boulir en bonne lessive ladite ache ensemble lambroyse, & puis dicelle lessive lon sen lave la teste garde de tomber les cheveulx. Et quant lon boyt la decoction de ladite ache & de sa racine ensemble, vault contre medicines mortelles, et provoque a vomir, & restraint le ventre, & la racine vault merveilleusement contre venins ainsi que dit Dyascorides. Et constantin en son livre de agriculture dist que ladite ache excite luxure es hommes et aux femmes, & que pour ceste cause est defendu aux nourrisses qui alaictent enfans den user, pource que ladite ache les incite a luxure & leur oste le laict. Oultre ce ladite ache tyre la personne en epilance, & pource dit Galien que une femme pregnant non doyt point user pource quelle lasche & garde de retenir concepcion, & fait naistre au corps de lenfant apostemes et putrefactions & roigne. Pareillement les nourrisses dit il nen deussent point user a cause que lenfant ne viengne fol & ait lepilance, car ladite ache nuyt grandement a telles gens & a ceulx qui ont ladite epilance universelement pource quelle fait voye est humeurs & les attyre a lestomach, a la vulve, & a la teste selon que dit Isac. et pource Dionyse la deffent a mettre en noz viandes, & la improve grandement disant quelle est attribuee & consacree aux viandes des mors. Galien toutesfoys dit quelle est fort convenable pour menger ensemble les laictues, pource quelle attrempe la frigidite desdites laictues, et sa semence vault contre ydropisie, mondifie le foye et leschauffe, provoque lorine et les fleurs aux femmes, mais bien dit quelle est mauvaise es femmes enceinctes, purge ce non obstant les reins, la vessie et la marris. Et Ruffus et Constantin dient quelle est bonne a ceulx qui ont puante aleine et en deussent menger communement en leurs viandres pour leur oster la puantise et fayre bonne odeur. Et ce peut lon

30ra

faire facilement et lesprouver son masche entre les dens lerbe ou la semence de ladite ache. De rechief Pline dit que les poissons malades aux viviers sont recrees & guerissent de leurs maladies son leur baille et gette ladite ache verde dedans le vivier. Et tant a de vertus ladite ache que les saiges predecessers nostres disoyent que la terre navoyt produyt herbe de plus grande auctorite & singuliere vertu, dont pour ceste cause aulcuns lon nommee ambrosiane.

¶ Du serpolet.

LE serpolet est ainsi appelle pource quil serpist et trayne par terre, et prend ses racines deca & dela. Il ya plusieurs montaignes pierreuses lesquelles sont forment couvertes & pleines dudit serpolet, et principalement en tracie. Toutesfoys le serpollet des jardins ne trayne pas tant ne ne prend ses racines par terre, comme celuy des champs ou montaignes. Or ledit serpolet a fort bonne odeur & saveur ague, et par ceste cause plusieurs en usent bien souvent en leurs viandes. Et sa vertu ainsi que dit Galien est chaulde, subtilative, resolutive, & provocative a pisser & faire venir les fleurs aux femmes. Et si lon boyt la semence dudit serpolet avec du vin vault grandement a gens graveleux & qui pissent a grant peine & a ceulx qui ont tranchesons de ventre, ainsi que dit Dyascorides, ouvre aussi les opilacions du nes, & a grant efficace contre les serpens & aultres bestes venimeuses, & la seule odeur quant lon brusle icelluy les fait fouyr ainsi que dit Pline, & si lieve la douleur de la teste sil est cuyt avec vin aigre & mys sur le front & temples avec des roses qui en veult mettre, vault aussi es torsions du ventre & aux attricions des muscles & aux apostemes chauldes du foye. Et son fait boulir ledit serpolet en vin aigre & lon boit celle decoction mitigue le vomissement du sang. et la decoction dicelluy en vin baillee a boyre vault contre sincopis & a la distillacion de lorine, strangurie, dissurie, & a la pierre des reins & vessie selon que dient les

30rb

pandectes. Et dyascorides dit pour entendre & congnoistre la puissance & vertu dudit serpolet et que le grant roy antioque usoit peculiement contre toute poyson & abrevaiges mortelz de tryacle faite de serpolet & aultres choses. Et pour mieulx icelle excaulcer la va mettre & consacrer au temple esculapi, en designant les grans vertus dicelle, & les medicines quil en avoit fait & receues.

¶ Du poliot.

DU poliot ya deux especes, une saulvaige laultre domestique chascune deagreable & bonne odeur & de saveur ague & ung petit amere sa vertu est chaulde et seiche, resolutive, subtiliative, maturative, & repulsive dumeurs visqueuses de la poytrine & polmon par crachemens, ainsi que dit Galien & Dyascorides, conforte aussi lestomach, restraint la reume qui vient de froid et guerist la seiche toux, aguyse lappetit & oste les ventosites & douleurs des boyaulx qui vienent de froydure, & brise la pieree. Et pour recreer les esperitz travailles et lasses le poliot domestique vault graandement, principalement si les rameaulx sont mys dedans des ampolles de verre avec vin aigre. Et pour ceste cause antiquement les poetes & divinateurs estoyent coronnes & faisoyent leur chapeletz dudit poliot plustost que des roses, car mys sur la teste a plus defficace a lever les douleurs dicelle que nont les roses. Oultre ce dit le Pline que ledit poliot par le seul odorer defend la teste de chault & de froid. Et dit aussi que ceulx qui sont au soleil ne sueront ja silz mettent a leurs aureilles deux rameaulx dudit pomiot. Dit de rechief que la femelle qui a la fleur violete a plus defficace que na le masle qui a la fleur blanche. Brief il a vertu de exciter lappetit & extenuer les ventosites, et si a merveilleuse vertu de mitiguer la douleur des membres interieurs cest des entrailles et en yser souvent vault braucop a fayre concevoir, ainsi que dit ledit Pline. Et son le met dedans unf sachet qui soyt ung peu eschauffe sur quelque test sans liqueur, et lon met puis

30va

ledit sac dessus la teste vault contre reume froyde et douleur de teste, et son y met ensemble de marjolayne en aura plus deficace. Et le gargarisme fait de la decoction dudit poliot en vin aigre & figues seiches vault contre la toux froyde qui vient dumeur glueuse & aqueuse & la decoction dudit poliot en vin & mente, vault contre la douleur destomach & entrailles qui vient de cause froyde ou ventosite. Les tartres faites dudit poliot & mente ensemble des oeufz valent pareillement en cela, et la fomentacion faite de la decoction du poliot & arthemise deseiche les humeurs superflues de la marris, & restraint & appetisse la vulve des femmes, & aujourduy plusieurs femmes usent de ceste fomentacion. Et macer dit que si ledit poliot vert est mys dessus les podagres les mitigue grandement. Et dyascorides dit que si ledit poliot est prins en abrevaiges provoque les fleurs des femmes et tyre hors du ventre de la mere les enfans qui sont mortz. Et quant lon boyt icelluy avec du vin & sel expellist les superfluites de lestomach, & vault contre morsures venimeuses. Et sil est mys pres du nes avec vin aigre excite les sincopisans & espames. Et de rechief pline dit que sil nous convient boyre aulcunes eaue infectes & dangereuses, il est bon de mettre icelluy pille et le espargir par dessus pour purifier lesdites eaues. Et la fleur dicelluy fraiche & brulee par sa seule odeur tue les puces dune chambre. Et a ceulx qui ont fievres tierces wenocrates conseille devant que lexes viengne bailler a sentir & odorer ung rameau dudit poliot envelope et couvert de layne. Le poliot saulvaige a une mesme vertu, & est forment semblable a lorigan et marjolayne saulvaige.

¶ Du chardon.

LE chardon est une herbe poignant & pleine de aguillons, touesfoys les principaulx & meilleurs chardons sont en cartaige la grant & en corduba. En autonne lon les peut planter et en mars au croistre de la lune semer. Ayment avoir ter

30vb

re solue & fientee, non obstant quilz aviennent fort bien en terre grasse. Il fault garder quant lon les seme de mettre la semence a rebours pource que ne viendroyent ja si bien, ains seront debiles, durs & enclines cers terre. Et si tu coppes les poinctes & summites de la semence ilz nauront point despines ; Et si tu fais remoiller et macerer la semence diceulx par troys jours en huyle de lorier, de basme ou en just de roses ou aultrement, & apres quant soyent secz semer icelle semence en terre ilz naistront de telle saveur que aura este luyle ou ledit just, ou auront este remoilles ainsi comme dit Paladius. Or lesditz chardons se peuvent mettre en composte avec vin aigre & miel, & les garder pour en menger quant lon vouldra. Aussi les peut lon menger frais, crudz, cuytz & a par soy comme les espargues, et sont de vertu chaulde & seiche, & la racine est provocative a faire pisser orine fort puante quant lon cuyt icelle avec du vin. Et apres lon boyt icelluy vin ou decoction telle & lieve la puantise de tout le corps et gette hors toutes males & puantes humeurs selon que tiennent Galien & Dyascorides. De rechief dit dyascorides que la nature desditz chardons est mordicante & subaustere, & pource le just diceulx expellist une maladie de teste appellee alopecie, & erigist & adoube lestomach affole & dorment, son ne les prend trop affectueusement. E si la racine desditz chardons est cuyte en eaue donne appetit de bien boyre aux beveurs & fortifie lestomach ainsi que dit pline. Et si est fort profitable a la marris & pour faire concevoir enfans malles ainsi que escrivent Chereas & Glancias, si en ce nous les voulons croyre. Et pource sont lesditz chardons tant souhaites des femmes, aussi dont lesditz chardons bonne aleine quant sont maches. ypocras dit en une epistre que lesditz chardons eschauffent & provoquent lorine.

¶ De la saulge.

NOus usons de la saulge qui est chaulde & seiche en plusieurs condimens & confections de viandes et non sans cause, car cest une herbe de grande vertu & sa

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

ulb ltc

L’utilisation du genre masculin dans les pages du présent site a pour simple but d’alléger le style. Elle ne marque aucune discrimination à l’égard des femmes.