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1505-Platine en françoys (1-10)

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¶ Sensuyt le livre de honneste volupte et sante, premierement compose en latin par Platine en court de Romme. Et apres translate en francoys par messire Desdier Chrisol a Montpelier.

VRayement ceulx la qui diroyent que mon tiltre soit vicieux & reprehensible, pource quil pretend a parler de volupte & sante ilz erreront grandement. Toutesfoys scay je bien que plusieurs malveillans & envieux me argueront forment. En disant que je vueil enseigner a vivre en delices et voluptes. Mais je demande a ceulx qui se font si austeres & attrampes & qui advisent seulement la voix & le seul nom de volupte en delaissant la propriete & vraye significacion dicelluy. Quel mar peult avoir en soy volupte bien prinse & consideree, certes volupte & sante sont moyens vocables entre bien et mal. De celle volupte toutesfoys que gens desregles, dissolus, & libidineux pour leur seul appetit & gulosite en variacions de diverses viandes, prennent pour exercer seulement leurs vices & charnelles delectacions, que jen parle dieu men veille garder. Mais je entens & parle de celle volupte qui est en attrempance & mesure de bien vivre, & que nature humaine desire et souhaite davoir. Et certes encore nay je veu homme tant fust il desreille & libidineux quil nait este prins & touche de quelque volupte se aulcunesfoys il pouvoit decliner des choses plus que par raison desirees. Pour eulx est ainsi que je vois lauctorite de Ciceron, lequel vrayement ainsi que Aristote, fait Platon, Pictagore, Zenon, Democrite Crisippe, Parmenide, et Heraclite, ainsi fait il Epicure, semance et matiere de son erudicion & doctrine. Et avec qui eust parle Cicero plus seurement que avec Epicure mort ? Toutesfoys

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envers moy vault lauctorite de Seneque, Lucrece, & Laercy, lesquelz en grans louenges exaulcent et magnifient Epicure comme bon vertueux et saint homme. Et si ledit Epicure en sa secte & commandemens dit que ung homme saige ne doit estre jamais trouble ne avoir douleurs, tristesses ne aulcunes perturbacions, lesquelles sont destruction et anihilent totalement volupte : quel mal a il dit en cecy, et quelle chose que ne soit de dire. Certes ainsi que medicine conduit le malade a sante, tout ainsi pareillement a felicite meine celle volupte qui vient et procede daction honneste. daultre part, qui est celluy tant soit austere & pour sa grand sainctete & estroicte vie, tant remis & hors de tous sentemens qui nait este et en corps & en ame atainct de quelque volupte. Se en son manger a garde mediocrite dont vient sante, et en ces actes integrite & constance dont procede felicite. Vrayement ce nom de volupte nest point reprouve par Platon ne par Aristote qui singulierement ont parle de ces choses, mais la superfluit& de Meteodore & Hiernyme a fait que lescole de Epicure homme honneste et vertueux ait este reprouvee & donnee a vice. Non obstant ce que Epicure avoit bien dut ne deust estre reprouve, mais seulement ce que sa mauvaise secte avoit gaste et adjouste vicieusement. Doncques ces malveillans & envieux qui chascun jour ne cessent de calculer et au poix de balance ce quon fait tous les jours estiment, se jay riens escript de la nature des choses et des viandes de la sante aussi, ou rayson de vivre que les grecs appellent dicte adjoustant aulcuns enseignements a guerir maladies. Dorenavant se taisent de me reprendre, car vrayement ceste petite oeuvre & institucion est bien ceante et necessaire a tout homme civil selon lauctorite & commandemens des philosophes, et tout ainsi que anciennement celuy qui gardoit en guerre ung homme civil de mourir, ainsi maintenant en paix qui plusieurs en conservera donnant la raison de bien vivre plusieurs coronnes civiques est bien veu meriter. Ils me mettront scay je bien au devant

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les viandes comme a ung friant et golu, et qui vaille les instrumens de luxure et aulcuns incitemens pour gens intemperes & flagicieux. Or pleust a dieu quilz usassent ou naturellement ou par coustume, ainsi comme Platine de mediocrite et attrempance de vivre, certes ne verrions pas aujourduy a Romme tant de cuysiniers, tant de golfarins & frians, tant de flateurs, tant de deviseurs & diligens conquesiteurs de diverses viandes. Vrayement ce que je escriptz des viandes je faiz tout ainsi comme Cathon, Varron, Columelle, Celio & Appicio gens de grant auctorite, science & louange, ausquels jay prins mon mirouer exemplaire & facon descrire. Non pour endoctriner ne admonnester les gens en superfluites ne aultres vices, lesquelz tousjours en mes escris me suys parforce de corriger & de ce les retirer a mon pouvoir, mais jay fait ce petit livre pour toutes gens civiles qui demandent sante et vivre nectement. Et affin que je monstrasse a ceulx qui apres nous viendront ce estre trouve en nostre temps aucuns engins, lesquelz ce nont peu en tout equiparer les anciens & nos predecesseurs, aumoins se sont ilz parforces de les imiter & ressambler en toute maniere de faire. Pourquoy doncques cestes miennes justificacions que jay grossement cestuy este a mon secret tusculan composees ne mespriseres pas, selles ont en soy plus de bien que de mal ou selles ne admonnestent pas ne endoctrinent les gens en mal que seroyt chose detestable & a corriger, ains les endoctrinent a sante et a modestete de bien vivre.

¶ Deslire lieu et place pour habiter.

DEs quatre elemens dont toutes choses vivantes mistiquement ou separeement procedent, il y en a deux, desquelles et esquelz principalement lhomme vit. Cestassavoir terre & air, du feu et de leau, desquelz lung est merveilleusement froit & moiste, lautre chault et sec naturellement, nous en sommes tellement separes que mais que ung

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chascun en puisse avoir aucune petite partie ce que luy est seulement necessaire, il souffist asses, ne en iceulx plus longuement pourrions demourer. Doncques plus familiers sont a nature humaine & comme propres domicilles & habitacions, la terre & lair, esquelz pour nostre sante & volupte nous devons eslire ung lieu affin que en cecy ne soyons deterieurs & moindres que les bestes, lesquelles cerchent par toutes regions sante avecques joyeusete. Tout ainsi doncques lhomme qui a entendement doit adviser et eslire tant en la ville comme aux champs selon le temps ung lieu sain & joyeux, delectable & beau, auquel il puisse edifier labourer et travailler, auquel aussi sil veult puisse chanter, lire, estudier, et prier dieu. En este il doit demander lieux haulx et qui ne soyent point nebuleux ne impetueux de vens, mais doit avoir le ciel pur cler & attrempe. Et en tel lieu lon doit avoir son hostel qui ayt ses chambres bien prinses & ordonnees, dont les fenestres selon lauctorite de Varron doivent estre devers orient et septentrion, a cause quelle soyt illustree & illuminee du soleil levant et repurgee par icelluy de toute infection & immondice nocturne, et si naura pas pource grant chaleur dicelluy. Car en passant & venant sur loccident il sera refrigere de lautre fenestre, tirant sur le vent de septentrion. Et par une mesme raison ferons tout ainsi sil nous convient habiter pres du rivaige de mer. Et si tu edifies la maison deste et ordonnes aultrement tes fenestres, celle habitacion sera merveilleusement chaude sur le soleil de mydi et couchant qui entrera dedans, dont viendra que les habitans ennuyes, lasses, & tormentes du continuel & fervant soleil sans avoir aulcune volupte ne recreacion, parviendront en griefves & dangereuses maladies. Au prin temps et en yver et autonne, principalement ou lair sera attrempe nous habiterons plaisamment et sainement sur quelques belles petites motes de terre, qui ayent la veue toute plaine alentour, ou si aymons mieulx quelques lieux pres de la mer mais quilz soyent loings des palus estangs et de toutes

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chauldes eaues, et fontaines. Il en ya aussi aulcuns qui descrivent les vens des fleuves rivieres & du rivaige de la mer, disans que se telz vens viennent devers mydi, ilz sont dangereux et mal sains, mrincipalement en pays chaulx dont aujourduy lon en voyt beaucoup de pestilences en Italie & en lieux pres de mer. Il se fault aussi contrefarder de trop grant froit et principalement quant la bize court, dont viennent contractions de nerfz, discencions & enroydissemens que les grecz appellent espasme et palificacion. Aussi engendre la toux et distillacions & larme des yeulx, reumes & douleurs de vessie. Et pareillement comme par trop grant chault la digestion est empeschee & le dormir & sommeil remys, & le corps resolu & lentendement endormy. Tout ainsi par trop grant froit les sentemens sont tous estonnes & lentendement desmys & separe du norrissement naturel est forment trouble. ¶ Celsus dit que liver est bon qui est sans avoir grant vens, & leste quant a vens attrempes & doulx, plustost transmontans que subsolains ou marins, ainsi comme les vens qui viennent dentre my terre & montaignes sont sains & bons, ainsi forment tous ceulx qui viennent de mer sont mauvais & dangereux. En yver fault nos membres conserver et garder de froit en faisant bon feu alostel. Et nest pas besoing toutesfoys dy arrester lon=guement pres dudit feu, affin que ce nenpigresse le corps & debilitast lentendement & le cerveau, ainsi que lon voit fust remply de malles vapeurs, attirees les humeurs en la teste par la vertu dudit feu que les grecz appellent catarres & reumes, les nostres flueurs & distillacions. Il nous fault doncques pour obvier a cecy occuper en quelque ouvraiges & besoignes civiles ou rustiques. Et si nous sommes gens de science pourrons vacquer en lisant livres & dire oraysons. Et par ainsi ung chascun selon son cas pourra trouver sa volupte entiere et honneste.

¶ De la excercitacion du corps.

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BOurce que oysivete & paresse estaignent et gastent le corps, et sont cause de beaucoup de maulx, ainsi que dit Seneque que oysivete sans lettres, cestadire sans lire ou estude est mort et de lhomme vif sepulture. Il fault trouver quelque liberale & honneste excercitacion par laquelle le sang corrompu & mauvais soyt amende & les membres soyent fortifies & plus promptz & legiers a ce que lon voudra faire, et aussi lestomach par ce mouvement qui est cause de chaleur soyt excite et commeu a bon appetit. Et lentendement avecques laide des sentemens puisse plus facilement & legierement prevenir aux choses occultes et secretes. Mais ce ne doit lon pas faire devant la digestion ne aussi a juing que lon fust trop debile et affame, mais apres la premiere digestion que le corps sera dispose et attrempe en soy. Et alors utilement te excerciteras en cheminant, travaillant, montant, descendant, portant quelque chose dung lieu en aultre qui ne soyt trop grevante a porter. Et pareillement pourras semer, cueillir, cultiver, hanter arbres, & de toutes aultres choses de volupte & plaisance appartenans aux champs et jardins, tu pourras sans toy grever grandement faire & en iceulx te excercer, ou se tu veulx au jeu de paulme, de la boule, & aultres jeux de pie, mais plus griefvement pource que brisent et rompent beaucoup le corps. Et si tu es homme noble & gentil te peux excercer en chevaulx en beaucoup de fassons & a pie se tu veulx sallir ou getter le dard, tirer de larc, luyter, chasser & tous aultres telz esbas pour toy travailler & adoulcit le corps, affin destre plus prompt es armes quant sera besoing & necessite. Et tout cecy tu feras plus utilement & sainement et en plus grant volupte es champs et dehors la ville que dedans, et au soleil mieulx que es umbres ne lieux couvers. Et telles excertitacions comme dit Celsus sont de louer principallement quant lon les delaisse au commencement de sueur, ou vrayement incontinent que lon se congnoist estre

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las, pource que nest pas sante soy trop grandement rompre & travailler. Et fault bien entendre aussi a adviser de esgalement & par mesure excercer tous les membres selon nostre force & vertu. Et que les ungs ne soyent trop travailles ne tormentes par le repos des aultres, car tout ainsi comme par grant oysivete, pareillement par trop grande fatigacion lon se foule bien souvent. Aussi fault adviser que apres le grant travail lon ne repose pas tout acoup, ne apres le grant repos excessivement travailler, car tou=tes choses petit a petite & doulcement se doivent prendre & acoustumer sans grever ne offencer nature. Et tout travail plus legierement portera & soustiendra celuy qui la acoustume que aultres gens de oysivete & repos. Et pource la vie joyeuse nest mie trop utile pource que aulcunesfoys est necessaire de travailler. Sil convient toutesfoys que ung de repos travaille ou celuy de travail plus que na acoustume se desrompre il ne doit pas tout acoup menger apres. Ains se doit a jeung dormir & encore plus sil a la bouche amere & les yeulx ou le ventre trouble, tel ne doit pas seulement dormir & reposer. Ains de tout icelluy jour ne doit menger si nest quil ne se sente bien apres le repos, dont quant ainsi soit il se peult doulcement lever esbatre & permener toutbellement ainsi que dit Celsus, car en tout fault garder & tenir mesure & moyen se ne voulons que volupte soyt convertie en doleur & sante en maladie.

¶ Du souper ou de la cene.

APres que le corps sera repose de toute commocion. Puis quil fault sur le vespre venir menger ou souper il nous fault desirer & demander viandes que nostre estomach puisse facilement & sans grevance cuyre & digerer. Et fault menger sobrement, principalement a gens melancoliques & flemmatiques, ausquelz maintes maladies viennent la nuyt a cause du menger. Et si dois bien adviser apres que auras eu grant fain ne

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menger trop, ne apres trop menger souffrir fain, car qui mengeue une foys le jour ou deux inordonneement contre ce quil a acoustume il se griefve & foule grandement ainsi que dit Celsus. Aussi damascenus dit que muer & changer coustume est grandement nuysible, principalement a gens vieulx. Et pource lon doit rompre & abolir mauvaises coustumes, non mye tout acoup pource que nature ne peut soustenir ne comporter mutacions soudaines mais petit a petit & tout doulcement sans grever grandement nostre nature. Aussi nest mye bon de menger diverses viandes a une mesme refection & principalement en abundance, car ainsi que dit Seneque en ses epistres il appartient a ung estomach fastidieux menger plusieurs viandes, lesquelles plustost inquinent, foulent, et griefvent nostre nature que ne nourrissent

icelle. Aussi ne devons pas trop prolonguer le temps a nostre menger faire distancene grandes interlocucions & pauses dune viande a lautre, car sen ensuyt que la premiere viande sera pres que digeste quant lautre commance faire sa digestion. Et par ceste maniere les parties ne seront pas semblables & cecy griefve nostre nature & disgestion. Et apres que nous aurons soupe il nous fault cesser par deux heures de toute vehemente commocion de corps & de travailler lentendement, aumoins jusques a ce que la premiere digestion ou concoction soit faicte.

¶ Du jeu apres souper.

POurtant doncques que le travail du corps & lassidue cogitacion de lentendement qui est faicte devant la premiere concoction empesche a faire bonne digestion. Il nous fault reposer ce pendant et ouyr quelques doulx melodieux instrumens, ausquelz ne soyons guieres intentifz, pareillement pouvons ouyr lire quelques hystoires, ou trouver & vacquer en jeux & esbatemens qui ne soyent point remplis de moqueries, injures, villennies, & aultres deshonnestes parolles. Ans soyent doulx plaisans

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modestes & atrempes en toute volupte & honnestete. Car si telz jeux sont proterves & desordonnes, ire, indignacion, envie & aultres grans debas surviendront qui seront causes soufisantes dempescher la digestion & de faire beaucop de maulx & desclandres. Et pour ce ton jeu sera apres souper aulx tables, aulx eschez, aulx cartes ou aulx aultres jeux honnestes sans fraude tromperie & sans avarice, aultrement ton jeu seroyt illiberal vicieux & detestable, & ne te donneroit aulcune volupte ne plaisance, pource que la paour, lire, & la grant cupidite de gaigner te troubleroit & tormenteroit en plusieurs manieres ton entendement & raison, tellement que te vauldroit mieulx cesser que jouer en telles affections & passions desordonnees. Et si par aventure tu sens ta viende a lorifice de lestomach qui ne peult descendre te dois lever & permener tout doulcement jusques sentiras quelle soyt descendue dudit orifice de lestomach. Et se tu veulx veiller, escripre, ou estudier tu ne doys pas aussi incontinent apres la viende, ains doys attendre que la premiere decoction soyt faite, pource que la chaleur naturelle seroyt deboutee de lestomach par la commotion & agitacion de lentendement & seroyt plus debile rendue pour digerer ce quelle a prins. Pareillement lon ne se doyt point mettre a dormir ains que ladicte premiere concoction soyt faite, car il se engendrent rotz, inflacions, & doleurs au ventre, & le dormir est de plus grant travail & la digestion en est corrumpue.

¶ Du dormyr.

AInsi comme trop grande excercitacion & veiller trop longuement gaste & anichilent la force du cops & empeschent la concoction & digestion & debilitent les sentemens & esnervent le cerveau en males humeurs, ainsi le dormir et sommeil attrempe qui ne vient point par trop boire ne menger recdifie & repare les membres lasses et brises de travail. Et administre a lestomach la chaleur

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naturelle & purifie lentendeme­nt, fayt trespasser maintes maladies qui peuvent advenir par courroux, par trop habiter avec femme, par trop penser, et par maintes viendes quon prent qui mettent le corps a neant. Et finablement il renouvelle tout le corps a faire honneste action dont vient labitude de vertu. Et saiches que le dormir attrempe vault asses mieulx & est plus necessaire aulx vieulx que es jeunes pource quil garde les humeurs, desquelles la chaleur naturelle en est nourrie. Et pour ce dit Galien, en ma vieillesse je mengeoye chascun jour des choux de laictues a bonnes espices pource quelles me faisoyent dormir, & le dormir me garde & engendre les humeurs ou ma chaleur est nourrie. En este est bon dormir en lieus frais mais quilz ne soyent moistres & les pieds nus, car qui dort en este les piedz chauffes debilite sa veue et eschauffe tout son corps. Et tout ainsi comme en yver la coystre de plume est meilleur pour dormir, ainsi en este celle de layne ou de coton est plus saine que nulle aultre. Il se fault toutesfoys garder de trop dormir affin de ne mortifier le corps & debiliter lentendement & estonner la teste & le cerveau. La nuyt convye & tire tous mortelz a dormir et a repoux pource quelle est tranquille, obscure, froyde, et moyste. Or pource que bien souvant te pourroyent empescher ton dormir les punaises en tormentant ton corps par griefves poinctures, je te veulx enseigner comment aisement tu les pourras tolir & debouter. Ayes ung cocombre serpentin qui est en facon dung serpent qui aultrement est appelle tuscan pource quil est venu du pays de tuscane ou grandement habundent & icelluy confis et destrempe en eaue, ou si aymes mieulx ung fiel de beuf mesle & destrempe avec bon vin aigre, & avecques lune de ces mixtions que mieulx vouldras tu moilleras tresbien ton chalit ou la ou tu vouldras, & il ny aura punaise qui puisse naistre. Itez tu osteras & feras aussi fouyr les puces du lit se tu baignes & remoilles bien alentour deaue de coriandre. Dormir apres disner sur le mydi se nest ung bien petit & estre assis jusques

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a ce que les fumees de la teste et cerveau soyent aulcunement evaporess, il nest mye sain aultrement, ains fort dangereux & de fouyr, pource que la teste en est debilitee, & les distillacions en multiplient, la chaleur naturelle en est corrumpue, et lecorps totalement en devient paresseux, oyseux, desidieux, trouble & debilite, rend mauvaise couleur au visaige, & engendre apostumes & fievres, & aultres maladies asses. Et pour eschiver ces maladies devons plustost entrelaisser ce dormir de mydi & revenir au droit dormir naturel de la nuyt. Et si les nuytz sont petites dormons plustost la matinee que sur jour. Pareillement aussi apres la viande dormir incontinent nest mye bon, ains est tres inutil et mauvais, car fait le ventre enfler soyt apres disner ou apres souper. Et pource sil te prend talent de dormyr apres ton menger tu te doys ung peu esbatre pour avaler la viande, ains que te mettes a dormir.

¶ Comment lon doyt dormyr.

CEluy qui est imbecile & debile destomach doyt dormur sur sa face et sa poytrine, car il ayde beaucop a faire la digestion & contregarde de croistre au corps plusieurs fleumes & superfluites en augmentant la chaleur naturelle, par laquelle toutes humeurs sont cuytes & digerees. Item dormir au premier someil sur le couste destre & puis sur le senestre est util merveilleusement. Dormyr a lenvers nul ne doyt sil est saige pource que plusieurs maladies & bien griefves en viennent & procedent, car le cerveau les nerfz & les rains en sont infectz dune fluante & liquide humeur, & tel dormyr est totalement contraire a nature. Soy dormyr les espaules et la teste bien haultes fayt merveilleusement a sante. De nuyt lon doyt cuiter la lune, principalement quant lon dort pour ce quelle commeut froydes humeurs & reumes & catarres en plusieurs facons, principalement si les rays de la lune desquelz la qualite est froi

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de et moiste viennent droictement tomber sur la teste du dormant.

¶ Du bain

POur ce que le baigner est divers selon la diversite des eaues, si vous conteray premier des diverses eaues qui sont bonnes pour baigner & a quoy elles font bien et mal. Toutes eaues en quoy lon se baigne, ou elles sont doulces ou dautre maniere, celles qui ne sont doulces sont de maintes guises, si comme eaue de nature de soufre, aultre de nature dalun & aultres qui sont salees et aultres ameres, et aultres de nature de salnitre, aultres sont gypsees & aultres ont nature de fer & dautre metal, aultres sont de mer et toutes ces eaues qui pour leur nature sont doulces, premierement prennent aultre nature pour les conduys ou elles passent si comme celles qui ont nature de soufre, car en leur conduyt a soufre et pour le passer quelles font illecques changent leur nature & se eschauffe & ainsi pouvons entendre des aultres eaues qui toutes sont telles naturellement, encores que artificiellement se puissent changer si come de faire boulir soufre en eaue doulce et tout ainsi des aultres. Et pource que le baigner en ces eaues nest pas convenable a celuy qui veult sa sante garder et qui a le corps sain, mais plustost est pour gens malades delivrer, car toutes eaues sallees soufress & ameres & de mer valent a maladies froides et moistes, si comme sont gouttes, maladies de rains, de ydropisie, de froide & moiste nature, et a roigne de fleume qui rend moult dordure Et de telles eaues se doyvent garder ceulx qui sont maigres & de chaulde & seiche nature & qui tient roigne de colere qui enmaigrist & deseiche & eschauffe le foye & luy donne fievres & aultres maladies chauldes si come ethique & aultres semblables Eaues qui sont dalum de gips & de fer se refroydent & deseichent & sont bonnes a ceulx qui crachent le

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sang par desoubz, & a privees maladies de femmes quant leur habonde trop, & a trop vomir et aultres semblables. Dedans les baingz deaue doulce ou en estuves ne devons guieres demourer si nest tant seulement pour laver nostre corps et nectoyer icelluy des ordures, sueurs & immondices que la nature chasse dehors par les partuys ou conduys de la chair, & dautre chose nest mestier a ung home sain. Car il debilite le cueur & est cause de faire vomir & sincopiser & mouvoir les humeurs qui sont en repous & les preparer a putrefaction Et avec ce les decliner aulx membres plus debiles dont advienent apostemes & superfluites desditz membres, & le desir de manger se pert. Le desir aussi & la vertu de habiter avec femme en est debilite, et pource nous pouunons conclure que les corps remplis de grandes humeurs & ceulx qui ont lestomach & le cueur debile ne doyvent guiere arrester audit baing. Et saiches que le baing fait a jeung quant lon est afame fait enmaigrir le corps, et le baing apres menger acomplie la premiere digestion & acommencee la seconde aide grandement a engresser. Et notes bien quil ne nous convient pas baigner incontinent apres menger pource que la chaleur du baing attrait a soy la chaleur naturelle qui devroyt cuyre la viande. Et par ceste mesme raison ne doyt on mye menger au baing fors seulement ceulx qui veulent le corps engresser, mais celle gresse nest pas bonne, mais qui faire le veult & qui a mestier de menger si le face. Quant la viande commence a cuyre en lestomach & apres la premiere digestion come est dit, & puis boyve ung peu doximel se cest quil soyt de chaulde nature, et peult user dyatironpiperon dyamentastrum et tous aultres chaulx lectuaires sont bons a prendre a ceulx qui sont de froide nature, et est bon au baing mettre & getter des roses boulies une ebolicion. Ces choses sont bonnes pour les maladies eschiver qui peuvent advenir par le menger ou par le boyre ou baing. Encors convient arrester de manger apres ce quil est baigne pour

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ce que sa naturele chaleur afoiblit du menger & ne se convient pas baigner apres grant travail, ne boyre eaue froyde devant le baigner ne au baing. Car pour le baigner sont lors les voynes ouvertes si que leaue pourroyt aller toute froyde es principaulx membres du corps & mettre leur vertu a neant. Et encores boyre eaue bien chaulde au baig & devant baigner nest mye bon pource quelle pourroyt faire devenir lhomme ethique ou thisique. Et a lissue du baing convient quil se garde de froyt au corps & se couvre bien derobes, et principalement en yver pour la froydure de lair. Et quant il sera repose apres lyssue du baing si mengeusse tempreement & telle viande que son estomach puisse bien cuyre sans travailler grandement sa vertu. Et deves savoyr que le baigner deaue doulce chaulde au commencement fait devenir le corps moiste & attrempe, et pour longuement demourer eschauffe le corps & deseiche. Et qui se veult en eaue froyde baigner si preigne garde premier a sa complexion quil soyt jeune et de complexion chaulde & le face en este & non pas en yver, et ne se baigne pas tant que la froydure le griefve & que ce soyt quant il vauldra sa chaleur naturelle conforter, car qui se baigne en eaue froyde ordonneement et selon ce quil doyt il fait la chaleur naturelle dedans le corps revenir et efforcer. Est de savoyr qye laver les piedz souvant et froter iceulx avec deaue tiede est fort bon a conservacion de la veue, de louyr & de la memoire, & tel lavement se doyt faire de scoyr quant lon se veult mettre au lyt, & non mye incontinent apres la viande mais loing dicelle, et principalement quant est jour de jeune. Oultre, se laver la teste lon ne doyt point tarder oultre vingt jours, ne aussi plus souvant que dune foys la sepmaine. Et quant nous lavons icelle lestomach doyt estre vuyde, et principallement est bon la laver devant disner ou loing apres icceluy et devant souper si lon propose de souper.

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¶ De habiter avec femme.

HAbiter avec femme que hypocras dit estre une partie despasme et evancion lon ne doyt point grandement souheter ne aussi totalement delaisser, pource quil fait a generacion quest conservacion de gendre humain & y aller aussy attrempeement, comme dit Celsus, est excitacion du corps & frequentement et dissolucion, frequentement dit non pas seulement pour le nombre de fois, mais au respect de laage & du corps. Et garde toy si tu es saige de essayer ta force toutelle es fem=mes, principalement si tu es vieulx, car plusieurs maladies en viennent. Premierement tout le corps sen afoiblist, la veue se diminuyst, le talent de manger ses pert, la coleur vient pale au visaige, les cheveulx deviennent blans et chenus, les rains font mal, les nerfz se afoiblissent, lalayne en devient puante & mauvaise, & tout le corps devient froit, & la vertu de tous les membres se anichilent, & sur toutes choses fait envieillir lhomme devant ces jours, fait perdre lengendrer & fait venir plusieurs aultres maladies que ne diray mye a present, mais pour lesdictes maladies eschiver qui en pourroyent advenir je vous diray leure et le temps que lon le doit faire. Premierement se doyt lon garder que lon ne le face quant on sera plain de vin & daultres viandes pource que plusieurs maladies en advient, si comme pour travailler trop apres menger ainsi que avons dit cy devant, car il empesche faire la digestion. Et sil advient quon le face lon se doyt premierement mouvoir & cheminer ung peu par avant pour sa viande avaller, puis apres coucher & dormir. Et encores se doyt lon garder de le faire quant lon est vuyde & quant lon a grant fain de menger, car sil est maigre et sec parviendra en ethique et se met la chaleur naturelle a neant. Mais la droicte heure de le faire est quant la viande est pres que cuyte en la tierce digestion, et que soyt vuyde de dormir & daultre chose faire Et

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ceste heure pouves savoir par les enseignemens mys au chapitre cy dessus de la excercitacion du corps, & ceste heure nest pas esgale a chascun car la viande se cuyt plustost a ung que a lautre selon la complexion, pource advise leure que tu sentiras ta viande estre cuyte, car lors est leure bonne pour engendrer enfans, & specialement quant la femme sera deslivree une heure et ung jour de sa privee maladie. Et saches que lhomme qui est yvre et celluy qui luse trop, jeunes enfans & hommes de grant vieillesse, et celuy qui se lieve de grant maladie ne peult enfans engendrer mais ceulx qui sont de bonne complexion et forte, & ne sont ne trop gras ne trop maigres & ont les veines larges, telz engendrent voulentiers. Et pourtant celle habitacion quest attrempee nest pas inutile ains fait a sante et volupte, car elle rend le corps plus legier & donne appetit de menger, fait bien dormir & fait demourer lhomme joyeulx & passer toutes pansees & melancolies, & assouaige les angoisses damours, dont maintes gens sont surprins, & fait eschiver maintes maladies qui pourroyent advenir au cueur & a la cervelle par fumees que la sont encloses, & parce faire ce espurgent. Et saiches que celuy qui a ce aprins a faire ne le doit pas du tout acop entrelaisser pource que telle matiere quant lon la retient a nature de venin, si come pouvons veoir en femmes vefves & a hommes & femme de religion, & es pucelles qui passent leure de marier qui meurent maintesfoys soudainement, ainsi que dit Hely & en advient maintes maladies que ne diray pas a present pour nestre trop prolixe. Et qui ne peut tenir du tout ces enseignemens si vault mieux quon le face quant lon est plain que quant lon est vuyde. Et vault mieulx le fayre quant le corps est chault que quant est froyt, ainsi que dit Galien. Il est pire ce non obstant en este & autonne & plus convenable en yver et au prin temps, & si est plus sain & plus seur y aller la nuyt que le jour, mais que lon ne travaille ou veille apres le fayt.

¶ Que lon doyt faire pares que lon est esveille.

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APres que seras esveille si ta digestion du corps est achevee tu te dois lever bon matin, et

selle nest encores faicte te dois reposer & retourner endormir, et sil est necessaire que tu te lieves devant heure te dois lever doulcement & ne faire point aucune excercitacion du corps jusques a ce ue ta digestion sera faicte, & le signe pour cognoistre quant ce sera, est quant tu sentiras tout ton corps legier specialement le cerveau, les palpiebres et les yeulx, & que la viande sera descendue de lestomach, & auras talant de pisser et daller en chambre. Et qui est dangereux de teste ou destomach se doit contregarder quant il se lieve du froit et vent du matin, ainsi que du serain. Et quant serons abilles nous devons ung peu reposer, apres nous pigner les cheveulx tout en hault & a contrepoil, & devons tant que pourrons cracher continuellement les fleumes conceues de nuyt pour les evacuer et getter dehors. Et se nous lavons deaue freche & necte nos yeulx et nostre teste, piedz & mains devant le menger, il ne sera oas inutil, ains proffitera beaucop a tout homme sain soy nectoyant & mondifiant les imundices & superfluites foraines du corps. Et si est bon laver bien la gorge de matin avec deaue fresche & frocter nos dens & gargariser & cracher apres tant que pourrons. Toutesfoys en yver le fault faire plus modereement affin que les nerfz & sentemens ne fussent foules par la rigueur & froideur de leaue. Pour aller en chambre si lon ny peult aller & restraindre ceulx qui ont flus de ventre il appartient es medicins. Pour quoy se tu veulx de ce et daultres choses leur demanderas, car quant a moy nay point delibere mettre en ce livre que les chiefz seulement & principes de telles choses, et seulement medicines simples. Et ce quant la propriete & lieu dicelles tombera, car mon intencion & principal propos est seulement parler de honneste volupte, laquelle sera constante & bonne se voulons user saigement et nous regir et contregarder de ce quest naturellement nuysible au corps, et choisir ce

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quest proffitable a icelluy.

¶ De lexcercitacion apres le dormir,

CEluy qui aura faite bonne digestion ainsi que dit Celsus, doyt faire plus grande excercitacion. Et celuy qui naura pas bien digere se doyt sobrement excercer selon son cas & estat. Car les excercitacions slon une chascune nature doyvent estre exquises. Le villain et gentil homme se doyvent excercer aulx champs a la chasse & au labeur. Lhomme civil & bourgois se peult delecter a prendre oyseaulx es jardins, aller alesbat dedans, & alentour de la ville & deviser ensemble de choses joyeuses, celuy qui est donne a lettre doit lire clerement. Et apres se doyt excercer en cheminant, non mye dans lostel ne en lieux couvers, mais es champs es jardins, et au soleil se sa teste le peult comporter. Et aussi a pie ou a cheval par les champs se peult lon esbatre, ou par les jardins, & enter arbres, planter bonnes herbes odorantes & joyeuses, & icelles arrouser par temps & acoutrer jantement, prandre oyseaulx & nourrir iceulx en caige pour chanter doulcement en sa chambre, pescher et prandre poissons, & aultres esbatemens & plaisans axcercices faire. Et se tu es advocat peux aller aulx cours & conseiller la chose publique. Et apres ces excercitacions honnestes peux retourner a ton ostel & disner apres, & souper se tu as de coustume menger deux fois le jour. Car ainsi que dit Hypocras chascun doyt usance tenir & garder. Et par ainsi celuy qui a coustume de menger deux ou troys fois le jour ne doit pas menger une fois, mais doyt tenir le nombre de menger selon ce quil a use & doyt menger quant la voulente luy vient & entendes que ce soyt appetit naturel, car aultrement seroyt appetit de chien, & ne doyt  lon pas tarder de menger quant lon en a talant ne souffrir grant fain, car il debilite lestomach et remplist icelluy de fleumes et mauvaises humeurs et corrumpues, si comme dit Avicenne. Toutesfoys les egaes et estas moyens souffrent plus facilement fain

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que ne sont les jeunes. Et les jeunes plus que les enfans & vieillars qui nullemennt a cause de leurs foiblesse pourroyent souffrir la fain. Il nous fault toutesfoys garder de manger ains que lappetit soit venu, affin que ce que nous mangerons pour nostre corps substanter ne fust en destruction dicelluy, laquelle chose advient communement quant lon met viande sus viande et boire sus boire, et quant lon mangue plus que lon ne doit. La coustume toutesfoys et lusance fait beaucoup, car cest une chose que lon doit garder pour sante, car lon=ue usance quelle que soit ou honne ou mauvaise se tourne en nature. Et pource se avons acoustume manger mauvaises viandes elles nous sont plus propres et meilleurs que si prenions les bonnes, ainsi que dit Hypocras. Et si voulons muer & changer nostre coustume qui est mauvaise ne le devons pas faire tout acoup & promptement, comme est dessus dit mais petit a petit sans afoler nature.

¶ Ce que fault observer pour bien vivre et avoir volupte.

DOresenavant me fault escrire des viandes de nostre temps. Et principalement de celles que la court Romaine a acoustume de user & manger. Mais premierement me fault & convient expliquer ce que fait beaucoup a sante et volupte de lhomme, car toutes viandes ne sont pas condescentes, saines & plaisantes a ung chascun, ains ainsi comme les elemens sont divers et les goustz et appetis des hommes, ainsi les viandes doivent apreillement estre diverses, affin que lon attribue a ung chascun ce que luy convient, luy est plaisant, appetissant, & nourrisant. Car certes nulle personne de mon conseil mangera chose que luy soit fastidieuse, nuysante, grevante, ou mortelle. Ains souvantesfoys pensera ce quest a sa nature plus condescent. Et telle viande que puisse nourrir parfaictement son corps sans aulcune moleste ou grevance, celle la il

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prendra & choisira. Et se recordera dudit de Socrates, que nous devons manger pour vivre, & non pas vivre pour manger. Ce corps qui nous soustient et duquel vivons est compose de quatre humeurs, cest du sang, colere, melancolie, et lfeume. Au foye est le lieu du sang, et au pres du cueur preside la colere. Et la melancolie a son domicille au couste senestre. La fleume vexe & tormente la teste & lestomach & apres a grant dangier descent a la vessie et aux rains. Le sang chault & moiste est compare au prin temps. La colere seiche & chaulde a este. La melancolie seiche et froide a autonne. La fleume froide & moiste a lyver. Et par une semblable proporcion ces humeurs avec les elemens selon le temps croissent. Car le sang croist du siziesme de devrier jusques au huitiesme de may, et lors devons estre vestus de robes qui ne soyent ne trop chauldesne trop froides, si comme draps legiers de coton, a panne daigneaulx. Et nous convient user pour nostre sante & volupte de bonnes viandes attrempees, & nous convient ung petit arrester & lever du manger et croistre au boire qui soit attrempe deaue par mesure. Et si est bon lors manger chairs legieres, si comme sont poussins, chevreaux avec verjust et chair de mouton. Et toutes herbes comme blettes, borraches, et brouet de moyaux deufz a verjust, et lus et perches, et tous poissons a escailles. Et fault passer ung petit du bouli au rosti, et si dorme la matinee et le jour ne dorme pas, et a cause des humeurs qui lors croissent et multiplient la saigne est bonne, et se purger pour les expellir et mettre hors. Habiter avec femme en ce temps est moult seur. La colere croist du huytiesme de may jusques au siziesme daoust, et lors devons estre vestus de robes froides, si come de draps de lin, car sur tous aultres vestemens est le plus froit, & de draps de soye, si come sandal, tafetas. Et fault user de viandes fdroides & moistes, si come sont poussins au verjust, lactues, porchelaines, melons, citrons, courges, prunes, cerises, & les poissons que nous avons nommes avec du pain en eaue,

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& toutes aultres viandes qui refroident. Et doit lon manger au matin avant que le soleil monte, & au soir quant il couche, et se doibt lon garder de choses sallees et de doulces et grasses, et user tant comme lon peult toutes viandes et choses aigres. Et doit lon boire de matin du cyrop aceteux, et amydi succre violat & eaue froide ou succre en eaue boulie refroidie. Et ce doit faire toutes les heures quil vouldra boire fors que a heure de manger, car lors doit boire vin foible, petit et verdelet mesle en eaue tant quil sente plus la saveur de leaue que du vin. Et se doit baigner souvant en eaue froide & labourer ou travailler modereement, et manger chair rostie sobrement, et ne souffrir soif aulcunement, mais ardiement boire & bien attrempe pour reprimer la chaleur du vin qui seroit pour gaster le corps en ce temps, et se fault abstenir dabiter avec femme. La melancolie domine depuis le siziesme daoust jusques au siziesme de

novembre. Et lors pour la variete du ciel est le temps fort dangereux, & pource fault user de viandes appetissantes & aigres & ne travailler guieres ne aler aux femmes, estre vestu competemment & chaudde selon la variacion du temps, & ne dormir point au serain, ains soy couvrir la nuyt & garder de froit. Et se doit lon haster de purger & de saigner & datremper les humeurs, car cest la saison de lan plus dangereuse & ou plus perilleuses maledies aviennent. Et pour ce convient manger ung peu plus & bonnes viandes, si come chappons, jeunes pyjons qui commancent a voler, & chair de porceau et boire moins que par avant. Si convient pareillement en ce temps garder de tous fruitz, car cest la chose qui plus fait fievres engendrer. Car si comme dit Galien il neust oncques fievres, pource quil ne mangea oncques fruit. Et se convient garder de boire eaue et de soy laver deaue froide, mais il se peult bien laver deaue tiede, et garder sa teste de froit a la nuyt & a la matinee, & quil ne dorme au soleil a mydi, ne ne se travaille, ne ne repouse trop, ne ne soffre faim ne soif, mais boyve & mangeusse quant il en aura talant, mais

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non pas tant quil le sante pesant & la forcelle enflee. La fleume du siziesme de novembre jusques le siziesme de febvrier a la vigueur, lors se convient bien vestir de robes de laine bien espesses & bien velues, & avoir bonne fourure de renars, car cest la plus chaulde panne que on puisse trouver. Et doit on manger chair de beuf, doyes, de porc, de cerf, de bisches, perdris, faisans, lievres, oyseaux de rivieres, et aultres viandes quon aymera mieulx, car cest la saison en quoy la nature souffre plus grand plante de viantes pour la naturelle chaleur forte qui est dedans le corps, & pource peult ardiement plus fort manger et non guiere boire ne mettre deaue a son vin, du pain manger asses, et la chair plus tost boulie que rostie. Non user guieres derbes, mais plus tost toutes viandes chauldes & espices bonnes selonn la raison de nostre corps, & consideree ostre complexion plus ou moins, habiter lors avec femme nya pas grand dangier. Ces choses qui bien les gardera & observera diligemment ainsi comme nostre nature nous apprendra a eslire ce que nous est proffitable, et fouyr ce quest nuysible, certes il pourra vivre joyeusement en bonne sante avec honneste volupte, sans avoir besoing daide ne cure de medecins. Admonnestant toutesfoys ung chascun soy garder bien de navaller sa viande sans lavoir premierement bien machee aux dens commme lon fait bien souvant par trop grand cupidite de manger, car se tu lavalles sans lavoir bien molue ton estomach travailleras grandement en faisant la decoction dicelle. Et sil est debile fauldra quil gette tout dehors en grand doleur de cueur, ou aultrement par faulte de digestion en surviendront plusieurs maladies. Pource je tamoneste de ne toy aster point a table, mais manger aloisir & macher bien ta viande ains que lavaller, car en ce faisant ayderas merveilleusement a ton estomach, digerant lors facillement et sans peine ce quil aura prins et conceu.

¶ Du cuysinier.

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AVoir fault ung cuysinier qui soit par art & longue esperiance bien en doctrine & prudent en son office, & quil puisse comporter le labeur, vueille grandement en son art estre loue, ne soit point sale ne immonde en toutes ses choses, ains soit net sur tout. Et sache cognoistre appertement la vertu & nature de toutes viandes, chairs, poissons, & herbes, pour savoir que fault boulir, rostir, & frire, ait bon goust sur toust, et sache dicerner quest trop salle ou fade. Et sil est possible soit semblable a Nony comeuse prince des cuysiniers de nostre temps duquel jay beaucoup aprins, et sceu la raison de confire, composer & mettre apoint plusieurs viandes. Et aussi quil ne soit point golu, friant ne grant mangeur, comme estoit Marisse, lequel mangeoit et devoroit ce que son seigneur et maistre devoit manger.

¶ Daprester & mettre la table.

SElon le temps fault apprester et mettre la table. En yver la fault apprester en lieux sarres et chaulx. En este en lieux froiz & ouvers, comme aux porches, galeries, ou aux jardins soubz quelques tonnes. Au prins temps es salles ou en lieu secretz plaisans & bien pares. Et en ce temps la table doit estre semee de fleurs. En yver lon doit faire bon feu & bons parfums de odeurs. Et en este le sol et le pavement doit estre seme et couvert de verdure & de herbes odorantes . En autonne les raisins meurs, poires, pommes, & aultres fruitz doivent pandre tout hault au solier. Les napes, mantilz, servietes doivent estre blanches & nectes affin que ne soient fastidieuses et desplaisantes, aultrement tollissent lappetit de manger. Et doit le serviteur bien forbir et nectoyer les couteaux & faire bien trancher affin quilz soient tous prestz pour bailler honnestement a ceulx qui seront convies et assis a table. Et tous aultres vaiseaux soient

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de terre, destaing, ou dargent comme bassins aiguieres, sallieres, platz, escuelles, tranchoers, & aultres utencilles soient prestes, nectes & bien forbies. Car quant ces choses sont bien acoustrees & polies elles meuvent grandement lappetit & desir de manger aux residans et circonstans dicelle table.

¶ Du sel.

 PRemierement la table requiert avoir du sel pour assavorer toutes viandes et donner goust et appetit, car sans sel toutes viandes sont fades. Et pource ung homme qui est imprudent & sans entendement il est appelle sot & fade, pource quil na point du sel, cest de science & entendement en soy. Car ainsi comme toute viande sans sel est fade, ainsi tout homme sans entendement & science est tenu pour sot. Or du sel selon que dit Diascorides ya deux especes. Une est & vient de mine de roche, & lautre vient de leaue de mer. Le sel de mine est plus fort et plus sec que celuy de leaue de mer, mais celuy de mer est plus beau plus cler & plus blanc. Et ledit sel de mer se fait & procree es estangs marins et la ou leaue de mer qui est sallee demeure morte. Et ce par la vertu du soleil qui deseiche & congelle icelle eaue et fait tourner en sel. Et celuy sel qui est plus sec est le plus fort salle, et le sel de tarante est le plus suave, blanc & de bon goust que nul aultre ainsi que dit Pline. La vertu du dit sel est si chaulde saiche et ardente quelle resoluist, restraint, lye, seiche et mondifie quelconque corps que touche. Et les chairs mortes parees a corrupcion il les garde de putrefaction par sa grant vertu, mais que la saleure soit faite par temps, ainsi comme nous verrons cy apres des chairs sallees, bacons, jambons, & aultres saleures. Ledit sel vault beaucoup a plusieurs maladies, pource quil fait dissolucion, brulle, amoindrist & mondifie grandement.

¶ De Villa nova dit que le sel resiste contre venin, pource quil seiche humeur don peult suyvir corrupcion,

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et en serrant les pores garde le venin de penetrer. Et ainsi que dit Constantin, le sel donne couleur & embelist lor & largent se on lave iceulx de la liqueur dudit sel, et deseiche et consume les grosses & dures humeurs & garde de perdre & corrompre la couleur naturelle. Et mesle en huylle se on en oing les membres travailles et lasses leur lieue toute douleur. Est inutil toutesfoys & contraire a lestomach si nest pour exciter appetit de menger, en user immodereement est aussi fort nuysible au foye, au sang, et es yeulx, engendre la grate roigne & mauvais sang & lieve le talent daler a femme en consumant lesperme & semance virille, pareillement induyst la morphee, lepre & mesellerie a ceulx qui en mengeuent trop et eschauffe lorine tellement que griefve la personne quant pisse & fayt excoriacion a la verge, mais en user modereement lieve le fastit des viandes & excite & aguyse lapetit de menger. Et mys par dessus aulcunes ulceres & morsures veneneuses approfite merveilleusement. Le sel que nous usons a table doyt estre blanc, surtout net & bien moulu. En ce ont male coustume en france qui baillent icelluy sans piller & est fort noir sale & immonde.

¶ Du pain.

ENtre tous les fruitz de terre pour lusaige des hommes le ble est tresutil et necessaire, duquel les especes & differences sont plusieurs selon que dit Celsus, comme le froment ou tozelle, lorge, la seigle, livroye ou le ivel, le milh, panic, et daultres desquelz navons point lusaige pardeca. Il nya toutesfoys ble plus fertil doulx et savoureux a gouster quest le froment ou tozelle ne plus nourissant, principalement sil est yssu de teremesgre & des montees plustost que des plains champs & valees. Et si ledit froment est nouveau, meur, plain et de couleur dor plustost que vieulx, vert, legier, & daultre couleur. Et apres le nouveau est meilleur celuy qui est entre semer & cueillir, qui est de troys moys. Si lon mengeue

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ledit froment cru il engendre vers et sil est mache et mys sur la morsure dung chien enrage ayde grandement selon que met Serapion. Lorge toutesfoys est dit le plus noble de tous pource quil veult estre seme en terre seiche & resolue & est tost meur & veult estre cueilly devant tout aultre ble pour la gracilite qui est en luy. Il est daultre part refrigeratif, decicatif, & mondificatif. Et est meilleur de tant quil est plus blanc & plus net. Leaue dudit orge vault a lever les humeurs chauldes du corps & les asperites & ulceres qui sont dedans la gorge & polmon. La seigle affricane dont les anciens louoyent le pain si forment, nullement croys estre semblable a cestuy de nostre temps, pource quil nya gendre ne condicion de pain si degouste & mal savoureux que de seigle & qui a lapetit de menger soyt moins util. Pourquoy je conseille a ceulx qui exercent lart de boulangerie silz veulent faire bon pain quilz preigent la farine du froment ou touzelle comme celle qui est meilleur de tout aultre ble, & icelle molue par mesure passeront par le tamys ou estamine bien deliee. Et destrempent icelle apres avec de leaue chaulde, dedans laquelle auras mys du sel ainsi que font ceulx de ferrare en Italie pour faire le pain savoureux. Et garde toy de mettre plus ou moings de levain audit pain quil nappartient, car ainsi comme par trop de levain le pain est aigre & mal savoureux, tout ainsi par trop peu est pesant grief & de male digestion & mal sain & restraint merveilleusement, pareillement y dois mettre de eaue par mesure, tellement que la paste ne soyt trop molle ne trop dure. le pain aussi doit estre bien cuyt, & convient bien adviser que le fourt ou ledit pain doyt estre cuyt ne soyt ou trop chault ou trop froit, & que le fourt soyt eschauffe de bonne sorte de bois, car selon le bois duquel le fourt est eschauffe le pain en est meilleur ou pire. Et se tu veulx que le pain soyt bien nourrissant & pur, convient bien passer la farine & que ny demeure point du bran. Et se tu veulx que soit laxatif ne la convient guieres passer a cause quil y ait du bran par my qui vault a lascher

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le ventre, & la farine fait le contraire. Or ledit pain encores quil soyt de tarde decoction si est il nourrissant grandement, principalement quant est de froment comme jay dit ou de touzelle. Et est plus savoureux et meilleur dung jour que sil estoyt tout chault, car le pain chault ainsi que dit Avicenne nest point recepvable a nature, & la reception est male pource quil opile grandement, et fayt avoir soif pour cause de sa chaleur, est de legiere digestion & de tarde descension, toutesfoys encores quil ne soyt convenient a menger si vault il beaucop a cause de son odeur et resuscite les sincopisans. Et ainsi que dit ledit Avicenne, il est possible aulcuns vivre de la seule odeur du pain chault, pareillement ainsi que le pain dung jour vault mieulx a menger que quant est tout chault, tout ainsi vault il mieulx que sil estoyt cuyt de deux ou de troys jours. Et dois savoir que la mouelle ou miete qui est par dedans est le meilleur & a plus grant & legier nourrissement que la croste exterieur, laquelle croste engendre humeurs melancoliques, et nest guieres convenable a gens sains si nest a ceulx qui ont lestomach moiste et qui souhaitent devenir maigres. Et est meilleur & plus saine menger a la tierce table que au commencement, pource quelle ayde a faire descendre la viande & conforte lorifice de lestomach, & a ceste cause ya plusieurs gens qui mengeuent une tostee rostie au feu a la fin de table.

¶ Dyascorides dit que le levain qui est de farine de froment est sedatif, atractif, & subtiliatif des apostemes qui sont dedans nostre corps & meurist toutes aultres apostemes.

¶ Du gateau.

SE tu veulx fayre bon gateau prens autant de farine comme est necessaire, et celle farine avec deaue chaulde mesle, pistris et molifie tresbien. Et quant sera bien pistrie & appoint pour faire ton gateau metz y dedans des grains du fenoil et du lart coupe bien menu, ou si aymes mieulx du beurre ou de luyle. Et apres derechief retour

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ne bien pistryr ta paste avec ce que y auras mys & adjouste. Et quant sera asses reduys ta paste en forme de gateau le plus delye que pourras & metz le dedans le fourt ou soubz une trappe et soubz les cendres chauldes & charbons a ton fouyer. Et quant sera asses cuyt ung petit apres que soyt refroydi le pourras menger. Aultre facon de gateau se fait sans lart avec du sel seulement, de luyle & fenoil lequel on cuyt soubz les cendres & charbons. Je laisse a parler de ceulx que lon fait longs de pain fromente pource que nont nulle volupte. Aulcuns ya qui y mettent du fromaige frais & gras, et daultres des oeufz. Et en ya aussi qui y mettent par dedans de petis oyseaulx.

¶ Que fault premierement menger.

OR a nostre table & en prenant nos viandes fault garder ordre et tenir reigle convenable. Et fault noter & savoir que tout table se devise en troys tables, premiere, secunde, & tierce. A la premiere table lon donne toutes choses laxatives, legieres, appetisantes, & de petit aliment, comme pommes & aulcunes poyres doulces, laictues, chaulx, porcelaynes & aultres herbes, & pareillement toutes viandes cuytes ou crues que lon mengeue avec huyle & vin aigre, les oeufz molz et aulcunes confitures, comme pinhonat confit en miel ou en sucre avec lypocras blanc, & aultres viandes comme verrons cy apres. A la seconde table lon baille le potaige et la chair, ou poissons boulis ou rostis. Et a la tierce vient le fromaige, noix, et aultres choses comme verrons.

¶ Des cerises.

DE tous les fruitz des arbres les cerises sont les premieres & premierement meures. Et par ainsi il est le premier fruit mys au commencement & a la premiere table pour menger. Or pour les faire meurer devant heure, Pline dit que convient mettre au pie & racines du cerysier de la chaulx vive & que en seront plustost meures. Ce fruyt cy Lucius luculus

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apres la victoyre mytridates aporta en Italie, & en brief temps la race dicelluy habonda si forment quelle vit en france, en breatigne, espaigne & en engleterre jusques a la mer occidentale. Or des cerises il en ya des aygres, des aspres, et des doulces, les aspres noires & de chair dure endurcissent le ventre & gastent lestomach & ne se doyvent menger que a la tierce table pource quelles serrent lorifice de lestomach a cause de leur asprete, lequel orifice quant est clos la digestion sen fait meilleur & plus legierement. Les aygres rompent la fleume & repriment la flave colere & amortissent la soif, engendrent bon sang & si donnent appetit de menger, & se peuvent menger a premiere table commodeement. Les doulces sont contraires a lestomach, engendrent les vers & males humeurs dans le corps & sont de petit nourrissement mengees de matin, toutesfoys selles sont fresches avec tout le noyau elles meuvent le ventre & font bien pisser, car selon que dit de villa nova, le noyau desdictes cerises a vertu abstercive & mondificative & vertu de rompre la pierre des rains ou vessie son le mengeue sec ou lon en fait du laict. Et dyascorides dit que si lon destrempe la gomme des cerysiers avec du vin & de leaue elle guerist la toux antique et fayt bonne couleur au visaige & bonne veue & donne appetit de menger. Et celle est destrempee seulement avec du vin, & la boyre ainsi elle ayde a la gravelle. Marcial dit que lon peult faire que ung cerysier produyra les ceryses sans noyau si lon coppe ung cerysier jeune deux piedz pres de terre & lon fend icelluy jusques a la racine et avec ung fer lon cure toute la moelle dune chascune part dudit arbre que ny demeure riens. Et apres lon joint & lye icelluy avec ung lien & avec du fiens lon serre les pertuys dessus & fendures dudit arbre bien & beau. Et apres ung an que ladicte fendure et cicatrice sera solidee lon pourra icelluy henter & luy incerir & mettre une petite branche de cerysier que nait encore porte fruyt. Et par ceste maniere comme il dit portera apres ceryses sans noyau qui est bien chose nouvelle. Les ceryses ne se peuvent garder aultrement ce dit

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Paladius si nest que lon les face seicher au soleil et passyr, & telles serrent le ventre et font pisser. Et dyascorides dit que retiennent & font bonne veue.

¶ Des prunes.

GRande est ce dit Pline la multitude & diversite des prunes, & aulcunes ont pris leurs noms a cause de la couleur, comme prunes blanches & noyres. Les aultres sont appellees par similitude & ressemblance, les aultres pour leur vilite sont dictes pruness dasne. Et en y a qui ont prins leurs nominacions aux pays & regions dont sont apportees, comme prunes darmenie qui sont merveilleusement doulces & de grant odeur sur toutes aultres & laxatives. Il ya aussi prune damacones longues & noyres ainsi appellees a cause dune cite de surye que lon dit damas, lesquelles sont fort bonnes & saines, encores que soyent ung peu stiptiques, et nous en avons par deca que lon appelle prunes dat en provence, lesquelles sont fort saines et plaisantes a menger & de grant reputacion. Il nya nul arbre qui plus facilement preigne etpasser en adopcion ou incision daultre espece darbre que cestuy cy. Le pline se merveille que Caton a son livre des arbres ne face aulcune mencion du pruneir veu que en ce temps les buyssons estoyent charges de prunes saulvaiges. Or lesdictes prunes sont froydes & moistes & leur usaige est amodere selles sont bien meures, doyvent estre bailles a la premiere table pource quelles meuvent & lachent le ventre, adoulcissent la colere, & a celuy qui soif donnent grant volupte de refrigeracion a cause de leur vertu refrigerative. Et pour ceste cause les portingaloys qui sont en region chaulde ont de coustume communement mettre a la decoction de leurs chairs des prunes, principalement damacenes. Aulcuns font seicher lesdictes prunes lesquelles bien lavees & destrempees avec du vin blanc, ou pour les faire plus laxatives avec de leaue mettent sur le feu entre deux escuelles. Et apres espargissent su succre par dessus & les presentent

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au commancement de table & sont comme est dit dessus fort laxatives & saines, appetissantes & bonnes a gens degoustes & malades. Et est a noter que les prunes fraiches & moistes sont plus alteratives de pire nourrissement & de plus grant superfluite que ne sont les seiches, lesquelles sont confortatives & donnent meilleur nourrissement au corps, & tout ainsi est de ceryses. Bien est vray toutesfoys que la humidite des ceryses est plus subtille & moins visqueuse, et pour ce nourrissent moins que lesdictes prunes. Il ya aussi des prunelles saulvaiges qui croyssent par les buyssons & sont de nature contraires aux aultres pource quelles sont striptiques & serrent le ventre grandement. Et de cestes icy lon en fait deaue pour serrer et estancher le ventre qui est dissolu. La gomme des pruniers ainsi que dit Sarapion conglutine & estnche les ulceres & si lon la boyt avecques du vin, rompt la pierre de la vessie, et destrempee & meslee avec du vin aigre si lon enfrotte et oingt la roigne seiche des enfans ou les endertres qui viennent au vaisaige & aultre part les guerist. Lesdictes prunes, ceryses, poyres, pommes & plusieurs aultres fruitz si lon les cuillist entierement avec leurs rameaulx et lon les met dedans le miel que ne se entretouchent se garderont & conserveront longuement verdes, ou lon peult faire seicher lesdictes prunes au soleil & les garder seiches

¶ Des moures

LE mourier sur tous aultres arbres est celuy qui plus longuement dure & produyt & gette son fruyt qui est plain & remply de just, principalement en egypte et en cypre. Et au commancement ledit fruyt est blanc, apres devient rouge, & a la parfin quant est bien meur vient noir comme sil fust ensanglante su sand de tysbes pucelle de egypte que les poetes faignent & mettent en leurs fables. Le mourier veult avoyr lieu chault & terre sabloneuse selon que dit Paladius. La vertu desdictes moures quant elles sont meures encores que tirent a humidite & chaleur si sont elles de pe

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tit aliment & contraires a lestomach, pource que se putrifient facilement en icelluy, & a ceste cause engendrent males humeurs, principalement si lon les mengeue a la secunde ou tierce table, & apres toute aultre viande. Mais mengees a la premiere table & au commencement pource que meuvent & laschent le ventre & font bien pisser, ne sont mye inutiles. Et selles sont destrempees & mises en eaue fresche tolissent la soif & sont meilleurs & plus agreables. Les moures qui ne sont guieres meures sont froydes & seiches, confortent lestomach & refroydent & donnent appetit de menger. Il ya des moures qui naissent es buysson, desquelles les medecins en font medicines, et a table len avons pas grant usaige. Mais serapion dit que lescorce de la racine du mourier selle est cuyte avec deaue & lon boit icelle, lasche le ventre & expellist & met hors les vers dicelluy, et vault contre brevaige mortel. Et les fueilles pilees et myses avec duyle dessus quelque bruleure la guerissent. Et si lon boulist icelles fueilles avec le fueilles de la vit et du figuier noyr en eaue de pluye noercissent les cheveulx. Et si lon lave la gorge de leaue ou lesdictes fueilles et escorce du mourier seront este boulies elle guerist la douleur des dens & nectoye les gencives. Se tu veulx garder longuement fresches lesdictes meures prens le just dicelles et avec du moust metz dedans une ampolle de verre ensemble lesdictes moures & se garderont verdes & fraiches longuement.

¶ Des freses & maiosses.

FReses sont chauldes & moistes tempereement, mais elles se tiennent plus a froydure que a chaleur. Et de leur nature quant elles sont bien meures laschent le ventre, & les verdes restraignent & serrent icelluy, elles nourissent peu & demourent peu en la forcelle.

¶ Des popons & melons.

 LEs popons & melons ont ceste difference entre eulx, que les melons sont quasi rondz.

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Et les popons sont forment longs comme gros citrons, ilz ne different pas toutesfoys si grandement que soyt diverse espece de fruyt, ains ainsi que dit Pline les melons sont yssus & ont eu leur originacion des popons. Isac es ses dietes particulieres dit que les melonssont froitz & moistes, & dit quil en ya aulcuns rondz & aultres longs Les rondz sont plus visqueux & gros & la cause de leur rondesse est, car la liqueur grosse & visqueuse se dissondist egalement tout a lentour par les quartiers. Et la liqueur des longz pource quest subtille & aqueuse, coule et desscent en bas, & pource se eslongent. La saveur des rondz aulcunement tire en doulceur, & des longz en saveur forment deaue. Et pource les longz sont moins nuysibles & colatifs & mondificatis. Et les rondz sont plus notables & plus colatifz & provocatifz de lorine & expellissent la gravelle & la pierre de la vessie & des rains, ainsi que testifie la saveur diceulx. Et nous voyons les corps qui en sont frotes estre mondes de toute sorde & immondice. Chascune toutesfoys de ces differences tire a corruption & se convertist & transmue a la qualite de celle humeur que trouve en lestomach, soyent ou coleriques ou flegmatiques. Et pource nuysent a lestomach & y mollifient tous les nerfz.

¶ Paladius dit & enseigne pour les faire doulx & agreables ains que lon seme la graine, mettre icelle et faire remoiller par troys jours dedans du moust & du lait, & apres incontinent que ladicte graine soyt seiche la semer & seront fort doulx. Est si lon veult quilz soyent de bonne odeur, dit que lon doyt garder la graine par long temps entre les fueilles des roses seiches. Pline dit que les popons aissent grandement luyle & ayment merveilleusement leaue, tellement que son les coppe menu & menttent de leaue pres diceulx, par petit de temps viendront devers leaue, & au contraire de luyle. Ou quant lesdits popons pandent & lon met de leaue dessoubz quatre doys pres diceulx ils desendent. Et si pareillement lon met de luyle ilz recullent & se retournent en hault. Et par ainsi des cocombres pourroyt lon faire & des courges. Dit encores

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Pline quon les pourroyt fayre longs a merveilles son mettoyt la fleur dudit popon dedans une canne ou ampolle bien longue et estroyte, car telle forme que lampolle auroyt, telle prandroyt ledit popon cocombre ou courge.

¶ Columelle en son livre enseigne pour faire que les poponiers durent toute lannee. Et dit que si on prent ung rozier saulvaige ou aglantier le plus beau et gros quon pourra trouver, & lon plante icelluy en lieu abrich & chault en lequinoxe du printemps, decoppe le tronc par avant jusques a deux dois de la racine, dans lequel tronc au milieu ou est la moelle tu mettras ta graine ou semance de cocombre ou popon. Et serreras et involveras gentement tes racines dudit rozier saulvaige en terre menue & avecques du fiens tout alentour. Et en ceste facon plante resistera contre le froyt & sera beau toute lannee, que si ainsi est comme il dit sera chose fort nouvelle & meveilleuse. Or se tu veux congnoistre quant les melons seront meurs essaye silz se lievent facilement de leur pre ou branche ou ilz sont pendans, & sils se lievent ilz sont meurs & non aultrement, mais lon congnoist les poponsa lodeur & a la couleur. Lusaige & goust desditz popons & melons est fort agreable, encores quilz soyent a cause de leur frigidite joincte en humidite de forte decoction & digestion. Ce non obstant levee lescorce de dessus & les grains de dedans ilz amortissent les chaleurs & ardeurs de lestomach & laschent doulcement le ventre. Mais lon les doyt menger lestomach vuyde & repurge daultres viandes, pource que facilement se convertissent en males humeurs, ainsi que avons dit. Et empeschent a faire la decoction des viandes quilz trouvent predominer & principales dedans lestomach. Et pource nous est commande par nos predecesseurs & anciens que nous mengeons iceulx a juing et lestomach vuyde daultre viande, et iceulx menger tout au commencement, & apres superceder & cesser demenger aultre chose jusques soyent rassis & demy digeres dedans lestomach. Lusaige de menger popons & melons encores quilz soyent nuysibles es nerfz a cause de leur

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humectacion, ce non obstant mengees avec les grains de dedans provoquent a pisser & purgent & mondifient tes rains & vessie de la gravelle & pierre. Et ysac dit que si de la pouldre de lescorce du melon lon lave la gorge tout la feteur & puantise sen yra. Il en ya qui dient la malice du popon estre deboutee si lon boyt apres, et les ungs approuvent a boyre deaue comme Avicenne, les aultres du vin. Au regard de moy je me conferme a la nature laquelle apres les popons appete & souhaite, davoir de tresbon vin & tout pur pource quest forment deffensoyre contre la frigidite & rigueur desditz popons.

¶ Diascorides dit que aulcuns mengeuent lesditz popons avec du vin aigre & du poliot a cause de lever et temperer la frigidite desditz popons. Et dit encores ensemble le Pline que silz sont cuyts en eaue levee lescorce & menges apres en huyle & vinaigre & miel sont fort delectables & bons. Albin empereur de Romme ayma si fort ce fruyt, que lon trouve en escript quil mengea par ung disner cent vesches & dix popons aportes dostie. Or lesditz popons ou melons ainsi que dit Pline aissent lyver, ayment estre souvent arrouses et fumes, et les seme lon environ lequinoxe, & selon Paladins entour mars et avril, en mau les peut on planter, & pareillement les courges et cocombres.

¶ Serapion & Dyascorides dient que si lon fait emplastre de la chair desditz popons et lon met icelluy sur le front, il guerist laposteme chaulde des yeulx & mitigue merveilleusement la douleur. Et lescorce dicelluy myse sur le chief dung enfant mitigue la posteme chaulde du cerveau. Et myse sur le front de celuy a qui les humeurs tombent sur les yeulx, pareillement les prohibist & defend de tomber & descendre. Et tout ce quest dedans lesditz popons ou melons ensemble les grains confis & mesle avec de la farine, et apres seiche au soleil mondifie, esclaircist & embelist la peau du visaige, quant lon veult laver icelluy avec ladicte composte.

¶ Des cocombres.

LA vertu & nature des cocombres devoyt estre premierement expliquee que

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des popons. Mais la volupte & la delectacion que lon prent a menger iceulx popons ma ainsi fayt errer. Car non seulement sont de preferir les cocombres, mais je les mettroye tousjours devant toute aultre viande. Et lon dit communement que ung bon popon vault ung bon chappon, mais je laisse lesditz popons & viens aux cocombres desquelz y a troys especes. Lune est quant le cocombre est frant & gros & de couleur verde & obscure. Et cestuy nest pas si nuysible & grevant que les aultres, pource quil lasche le ventre. Et pour sa frigidite en este principalement semble estre acommode & approprie a lestomach, vessie & rains. Et fait sainsi que dit Dyascorides menger les sincopisans quant odorent iceulx & provoquent grandement lorine, & les fueilles de cestuy cy pilees avec du vin & mises sur la morseure dung chien enraige profitent grandement, et les grains ou la semence quest par dedans, donnes a boyre avec du vin doulx guerissent le mal de vessie. Laultre espece de cocombre est cytrin et de couleur sur lejaune pale, & cestuy engendre humeurs froydes & nuysibles, dont les fievres de autonne procedent pource quil est de tresgriefve digestion, & demeure dedans lestomach plus que nest licite. La semence ce non obstant & grains de cestuy pilees & donnees a boyre aydent grandement es febricitans et leur amortist lasoif. La tierce espece se nomme cocombre tuscan pource que sont venus de tuscanne ou ilz sont appeles serpentins, & sont les plus nuysibles de tous & mauvais. Et est droictement appelle serpentin a cause de la resemblance quil a au serpent en longueur & en tortuosite.

¶ Columelle descript en ses vers fort notablement la propriete de cestuy & des aultres. Avicenne dit que tous cocombres sont froidz & moistes au second degre, & le meilleur & le plus subtil est celuy qui est meur. Ils mitiguent la colere et chaleur, mais leur substance est male, putrefactible & engendrent males fievres. Isac semblablement dit quilz sont fortz a digerer & la iande quilz trouvent a lestomach pour cause de leur frigidite gardent de cuyre & ne la laissent descendre en bas. Et pourtant nest mye trop sain a les continuer si nest quelque

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foys quant le temps est trop chault, & devons eslyre les meilleurs & les menger apres la digestion faicte, & superceder daultre viande par ung espace come avons dit dessus des melons. Or pour les aprester les deux especes premieres levee lescorce & grains se mengeuent decopes a beaux loppins avec du sel, huyle & vinaigre. Et ya aulcuns que pour lever la frigidite diceulx y mettent despices par dessus sans lever lesditz grains. Du serpentin les tuscans qui se delectent grandement en fruitz & herbes le mengent & devourent razee seulement lescorce dessus avec du sel sans aultre chose. Tyberius ayma si forment lesditz cocombres quil sestudia par toutes facons & par art pouvoir garder iceulx en tous temps pour en menger quant il vouldroyt. Pour faire que lesditz cocombres soyent bouly & blans. Paladius dit quil fault macerer & faire remoiller lagraine ains que la semer dedans du laict des brebis & ydromel quest composision faite deaue & miel. Et dit que lon les fera longs & tendres si lon met dessoubz iceulx quant commancent croistre en quelque pot ou vaiceau de leaue plus basse que lesditz cocombres quelque deux piedz. Et dit quilz naistront en telle forme & figureque lon vouldra si lon met la fleur quant ilz florissent dedans quelque verre ou ampolle, et telle forme que ledit vaiceau ou ampolle aura telle prendra ledit cocombre qui sera par dedans, & ne pourra croiste si nest a la forme de ladicte ampolle. Et cecy dient Gargile, Marcial, & columelle, & par telle maniere pourroyt lon faire des raysins quant sont en fleur ou petis, & aultres fruitz pareillement. Dit encores que aulcuns mettent la fleur desditz cocombres avec sa teste dedans une canne creuse ou lon ait perce tous les noux, et ledit cocombre croist la dedans en longueur merveilleuse. Dit encores que naistront sans graine se on oingt par avant quon seme la semence duyle sabine, & pareillement si sont frottes une herbe pilee appellee cullex ; Ilz aissent luyle si forment que si on met au pres deulx de luyle se ployent au contraire. Et toutes les foys que fait tonnerre ilz se convertissentainsi que si avoyent eu peur. Lon dit que quant lesditz cocombres sont tendres & petis & une femme mon

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strueuse & qui a ses fleurs les touche seulement ilz meurent, & ladicte femme par le seul touchement les occist tant est grande & contagieuse ladicte maladie.

¶ Des figues.

ENtre tous arbres le figuyer est celuy seulement qui ne florist point, & produit le fruyt du seul laict. Il y a plusieurs et diverses especes de figues, comme figues blanches dont larbre est repute & conte entre les eureulx. et par le contraire, le figuier qui gette figues noires est repute entre les arbres maleureux. Nous avons des figues diversement apellees selon les regions et pays comme figue affricanne quest venue de la province dafrique, & figue coctone & chef des cites de surye ainsi appellees. Il en ya aussi qui ont pris leurs noinacions a ceulx qui les ont trouvees comme figue liniane, calphurniane, pompeiane. Daultres en y a qui sont appelles figues tardives pource que sont les dernieres des autres meures, & figues premieres par le contraire, figues doubles pource que deux fois lannee lon les cuillist, & figues dures qui ont lescorce dessus ainsi forte. Il ya daultres figues numantines & marisques, & daultres que lon dit figues de chievre ou figues folles qui ne peurent point, lesquelles Brutus mengeoyt avec du myel comme fol. Toutes figues fraiches, principalement quant sont meures tirent a chaleur & humidite & ne sont pas forment nuysibles encores que tous fruitz engendrent males humeurs, ains destoupent la voye de la rate, du foye & des reins. Les figues seiches sont meilleurs & plus saines que les fraiches, principalement celles sont charneuses & encores que facent avoyr soif plus que les fraiches, elles nenflent pas tant la forcelle, ains mollifient & laschent le ventre, deboutent toute durete quest dedans iceluy, aydent aussi beaucop a ceulx qui ont lepilance, adoulcissent le polmon, poytrine, & gorge, a ceulx qui ont catarress & ouvrent & relaschent les opilacions du foye & ratelle, & toutes grosses humeurs des rains & de la vessie, lievent & mettent hors & deboutent tout sang corrumpu. Et selles sont cuytes avec de lysope et lon boyt celle decoction, purgent la poytrine merveilleusement de toutes superfluites, et aydent grande

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ment a la toux antique & douleur du polmon. Et selles sont cuytes ainsi que dit de villa nova en eaue & mises ensemble leur humidite dessus les secroelles quest une inflacion dessoubz le menton au pres du col les cure & guerist, & ainsi pareillement fayt les glandoles qui vienent communement dessoubz les ayselles & a langle, et toutes aultres tumeurs & inflacions en quelque partie que soyt au corps. Et pour mieulx curer ces apostemes dessus dictes, & principalement les faire meurer. Il dit que lon doyt faire cuyre lesdictes figues en eaue & en ladicte eaue lon doyt mesler ung peu de vin aigre affin quil ayde a la penetracion de la vertu de la figue, & la decoction faicte lon les doyt piler au mortier & mesler ensemble ung peu deaue ou sont este bouliees, & se cataphasme mettre dessus lesdictes apostemes vault beaucoup, & y est propre frandement. Aultre ce dit Isidore que si lon continue a menger les figues seiches gardent les gens vieulx de froncier. Et dyascorides dit quelles nourrissent moult & engraissent & engendrent gros sang & confortent les foybles gens selon medicine. Et selon de villa nova commovent a luxure pource quelles engendrent ventosites, sont de grant superfluite & augmentent lesperme. Les continuer toutesfoys grandement engendrent poulz & vermine & ventosites au corps. Qui veult que les figues engendrent bon sang les doyt menger avec amandres ou avec noix, & valent mieulx a menger a la premiere table que a la seconde ne a la tierce, car lors ont elles plus de ficace de lascher le ventre. Et deves savoir comment que lon les use, elles sont plus convenables a nostre nature que aultre fruyt. Toutesfoys les premieres figues fraiches & grosses sont males & pernicieuses pour labondance de lumidite quelles ont que lestomach ne peut seicher aulcunement. Augustus empereur ayma les figues sur tous aultres fruitz. Et le grant Pompee apres la victoyre quil eut de mytridates trouva dedans le ceing dudit mytridates une composicion & recepte escripte de sa propre main, de laquelle quant il avoyt prins par tout icelluy jour ne doubtoyt daulcuns venins ne infections de lair, & la composicion & re

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cepte estoyt telle. Une noix deux figues, principalement seiches vingt fueilles de rue et ung grain de sel mys ensemble & pille, ou tout ainsi menge a jung & de matin vault merveilleusement contre tout venin & mauvais air. Les figues fraiches cuillies entierement avec leur pie si long que pourras & mises separees dedans du miel se garderont longuement.

¶ Sensuyt le second livre des pommes & differences dicelles, huyle, miel, succre lacticien oeufz chair sallee, vin aigre & aigrest.

CEulx qui ont escript de la agriculture ont dit larbre ainsi differer du fruytier,comme le fruytier se differt des herbes. Je appelle fruytier celuy qui ne croist pas a la propre grandeur dung arbre, & est forment semblable de grandeur a plusieurs herbes, mais il ne peurt point ne seiche comme lesdictes herbes, ains est longuement durable, & de la nous disons frutifier naistre du fruytier. Et le fruyt sont raysins, les grains de ledre du sau des pommes grannees. Et y adjoustent lon avec ceulx le moutier & aultres semblables. Et entre les baques le fruyt du lorier, olivier, cornier, le lot que lon dit feve de surie, le fruyt du myrtre & aultres dont le Pline les enumere et raconte. A lappellacion & nominacion des noix noz anciens predecesseurs ont comprins tout fruyt qui par dehors a lescorce dure & ont dedans ce quest bon pour menger. Et par le contraire ont dit a lapellacion des pommes tous fruitz qui ont par dehors ce quest pour menger & dedans le noyau ou le dur. Dont par ceste distinction plusieurs ont afferme les pesches estre comprinses a la nominacion des pommes.

¶ Des pommes.

MAintenant fault dire des pommes et principalement de celles la que lon mengeue a la premiere table

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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