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1505-Platine en françoys (texte) (41-50)

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ladite pestilence merveilleusement, et est esprouve. Encores le just de ladite vinete beu vault contre le flux des emoroydes et a gens yvres. Et dit encores ledit avicenne que si la racine de ladite vinete est pendue au col de ceulx qui ont les escroelles y ayde grandement qui mest chose forte a croyre.

¶ Des espargues.

DEs espargues ya deux especes, lune domestique laultre saulvaige, et cest est la plus agreable & de plus grant vertu, ainsi que dit le Pline. Il est appelle espargue pource quil vient voulentiers en lieux aspres selon que dit Varron. Il croist & gresle en hault et a plusieurs racines, est une herbe espineuse et a ses fueilles menues & poignantes a facon despines, ainsi que dit le plateaire. Et pour le sermer & cultivier Caton en son livre de agriculture en escript tressoigneusement. Or lesditz espargues apres que sont estes bien boulis se mettent dedans ung beau plat, & avec sel huyle & vin aigre se mengent, aulcuns y gettent par dessus despices. Menges a la premiere table lievent les inflacions de lestomach, excitent luxure, lievent la douleur des yeulx & font bonne veue, mollifient le ventre doulcement, font pisser, & sont utilz a la douleur des reins, estomach, et entrailles. Ceulx qui les veulent de plus grant efficace et vertu les cuysent avec du vin, toutesfoys en user trop souvent nuysent aulcunement, pource que font pisser acop et blecent et ulcerent la vessie quest chose dangereuse. La racine desdites espargues pillee et beue avec vin blanc rompt la pierre, tollist la douleur des reins & des genitoyres, & contregarde venir la pierre et gravelle. Galien dit que leur vertu est dessicative & abstersive sans calefaction ne infrigidacion, & ouvrent les opilacions du foye et des reins. Pline & Dyascorides tiennent que si le just de la racine cuyte en vin est detenu

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ung peu dedans la gorge lieve la douleur des dens, & semblablement fait le just desditz espargues detenu en la gorge, et tant ladite racine que la semence sont bonnes a ladite douleur des dens selon Avicenne. Et dit le plateaire que la semence vault contre la douleur destomach & entrailles, & contre la pierre & contre la passion yliaque, et se peut garder ladite semence toute lannee. Oultre ce pline & dyascorides dient que son donne es chiens ledit espargue a menger les occist, et principalement la decoction diceulx. Et son est oingt dudit espargue pille ensemble de luyle lon ne pourra estre point des abeilles. Finablement le plateaire dit quilz sont chaultz & secz, dont si lon prent les summites desditz espargues devant que la semence soyt produyte & lon fait icelles boulir avec la chair ou avec le just dicelle vault contre les opilacions du foye & de la rate, & contre une maladie appelle strangurie & dissurie, et semblablement contre la douleur destomach & entrailles, et contre la passion yliaque, ainsi comme dit ledit plateaire.

¶ Du lupuli ou entrevenieux & leur confection.

LUpius, ou entrevenieux est une herbe aspre, chaulde et moiste, croist voulentiers par my les hayes et buyssons empres des ronces et orties, greslent et montent tousjours en hault au commancement du prin temps, dont en caresme lon prent les grefletz qui sont tendres et les fait on boulir, apres que sont cuytz on les apreste en telle facon que avons dessus dit des espargues. Aulcuns les font frire a luyle ou a lauue & sont bien pfaisans a menger. Boulis sont plus sains combien que ne nourrissent guieres, ilz purgent & sont bon sang, ouvrent les conduitz du foye, font bien pisser, & donnent bonne couleur.

¶ Des capres ou taperes & comment saprestent.

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CAparis est une herbe spineuse qui croist voulentiers et vient des parties dorient, dont les fueilles les fleurs et lescorce sont bonnes en medicine. Il croist de lauteur dung fruytier, a grandes racines et ligneuses, naist en lieux secz et pres des murs. Le pline dit quon doyt fouyr celuy darabie comme pestilencieux, et celuy de la poille pource quilz font vomir et mouvent le ventre et lestomach violentement, et celuy dafrique gaste les gencives. Toutesfoys je crois que a present leur nature soyt changee, car nous voyons iceulx maintenant estre bons, et principalement celuy de egypte lequel emporte sur tous aultres le pris. Mais pour dire leur vertu est chaulde et seiche selon Galien et Dyascorides, est viande bonne a la rate & polmon. Son menge le fruyt salle sans laver lasche le ventre, mais nuyst a lestomach. Et sil est lave est meilleur, plus agreable, mais nourrist peu, donne toutesfoys appetit de menger, mondifie lestomach, expellissant et deboutant les flegmes par le bas, ouvre les opilacions du foye et de la rate sil est cuyt et appreste en vin aigre, miel, & huyle, & menge a la premiere table. Pline dit que ceulx qui useront tous les jours desdites capres nauront ja danger de paralysie, de douleur de boyaulx ne du foye, pource que lesdites capres ouvrent les conduitz qui sont empres le cueur, et expellissent les humeurs glueuses et melancoliques de la rate, font bien pisse, tuent les vers et gros lombris, excitent luxure, & tiennent forment la vertu de triacle contre venins. Et se peuvent lesdites capres aprester en ceste facon, premierement les convient mettre dedans leaue chaulde mais que ne bouille point, et la les laisser jusques ayent perdu leur saleure, puis les convient mettre en leaue fraiche & la demourer jusques soyent refroydies, finablement les oster de la et en quelque linge bien net les presser & essuyer bien & les mettre dedans quelque plat avec de luyle & ung peu de vin aigre. Aulcuns y adjoustent & mettent ensemble ladite confection des

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fueilles de la mente pource que y sont bien seantes, saines & de grant volupte.

¶  Dyascorides dit que quant lesdites capres sont cuytes en vin aigre & avec celle decoction lon rynce et lave la gorge, lieve la douleur des dens. Et pline dit que ce fait la semence et la racine quant on la mache avec la dent qui deult, & a ce sacorde Dyascorides.

¶ Des pastenagues et acriotes & comment saprestent.

ISidore dit que les pastenagues qui ont toute leur vertu en la racine & en la semence, sont ainsi appellees pource que leur racine est ung agreable & convenable past a lhomme, & pource sont dites pastenagues. Il en ya de deux sortes et especes, lune croist & advient de soy mesmes, laultre lon seme au prin temps ou en autonne, en terre bonne et bien labouree. Et selon hygine en fevrier aoust, septembre, & octobr en terre parfond la bouree. Elles comancent estre bonnes a menger quant ont ung an, & sont plus utiles de deux ans. En yver sont plus profitables, mais plus agreables sont en autonne. Des blanches en ya & des rouges, les blanches sappellent proprement pastenagues, et les rouges ainsi que dient les medicins sappellent cariotes, lesquelles sont meilleurs es jardins, & principalement au terroer de viterbe. Et les pastenagues blanches naiscent voulentiers et plus joyeusement par les champs sans cultiver, toutes sont de concoction difficile & de petit & gros nourrissement. Toutesfoys leaue moulse en laquelle la racine desdites pastenagues aura este cuyte donnee a boyre mitigue les vices du foye, les torsions des boyaulx & les vices des genitoyres & des rains, & est utile a dissentere antique. Et si ladite racinne est cuyte en laict & donnee a boyre guerist le peuresis, et selle est attachee au col mitigue lenfleure des genitoyres. Et qui portera ladite pastenague sur soy ne sera point touche

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des serpens, ainsi que dient Macer & Dyascorides qui mest chose fort a croyre. Et pource la principale vertu desdites pastenagues est en la racine, laquelle est sur tout excitative a luxure, pource quelle est calefactive, ventositive, & humectative, lesquelles troys choses acourent et sont en luxure selon les medicins. Lon fiat une confection desdites racines comme mettent les pandectes, pour exciter gens debiles & vieulx a procreacion, donner puissance dabiter avec sa femme. Et prent lon lesdites racines bien nettes & apres lon cuyst icelles tresbien & les ceopeent lon menuement & expriment leaue,apres lon les fayt recuyre en miel bien net et despume jusques a ce que ledit miel soyt forment consume, & incontinent lors loster que ne se prennent au chaulderon, & ung peu par avant y convient mectre des pignons mondes & du cynamome, gingembre, noix muscade, & aultres semblables. Et ceste confection est fort bonne tant a ce quest dit dessus, comme a conforter la vertu digestive, faire & procreer bon sang & multiplier, et augmenter lesperme, mais sans faire ceste confection lon peut bien apprester pour menger a table lesdites pastenagues aultrement. Et se peuvent boulir par deux fois, la premiere decoction doyt lon getter, & secondement lon les doyt recuyre ensemble la laictue. Et puis mises dedans ung beau plat avec sel, vin aigre, coriandre, & poyvre confittes, on les peut commodeement bailler a menger pource quelles mitiguent grandement le plereusis, la toux, et ydropisie, & excitent a luxure. Aussi les peut on frire apres la premiere decoction avec de luyle ou de lauue, maises par loppins et enfarinees. Et tout ainsi pareillement peut lon faire des cariotes comme avons dit des pastenagues. Selles sont toutesfoys bien cuytes soubz les cendres & charbons, & cuytes que soyent lon les laisse ung peu refroydir & puis les plumer & nettoyer des cendres, & mises par loppins dedans ung plat avec sel, huyle, et vin aigre, et si veulx mettre ung peu de moust ou de vin cuyt et inspargir par dessus des espices doulces seront merveil

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leusement agreables, & nya riens a menger plus delectable. Et profitent en deux choses principalement cest a reprimer la melancolie & faire bien pisser, es aultres parties comme au foye, estomach, & a la rate sont grevantes.

¶ De la salade & confection doignons.

LEs oignons se cuysent pareillement dessoubz les cendres & charbons jusques a ce que tout le cru diceulx soyt exale & bien cuyt, apres que soyent refroydis & decoppes menuement, et mys en ung plat ensemble du sel, huyle, moust, ou vin cuyt, se baillent sainement a menger. Aulcuns y mettent par dessus du poyvre ou du cynamome, aulcuns ya qui adjoustent du vin aigre. Et cest sallade est bonne & saine, principalement a lascher le ventre & faire bonne digestion. Des aultres vertus dessus est dit a son chapitre.

¶ De la salade & confection des porr

eaux. LEs porreaux se boulissent ou se cuysent dessoubz les cendres & mys en ung plat avec du sel, un petit et ung peu plus de miel menges a la premiere table sont utilz merveilleusement pour guerir la toux antique enracinee. Ce que avons dit cy dessus tant des oignons, porreaux que aultres herbes se pourront bien apprester & confire aultement, ainsi que verrons en leur lieux quant viendra le temps ensuyvant lordre de nostre table.

¶ Ung plat de salade de testes et corees de chappons & gellines.

LEs entrailles des gelines et aultres oyseaulx, le polmon, aussi les piedz, testes, crestes, et le col laveras tresbien, et laves que soyent & bien boulis mettras en ung plat, & par dessus getteras du vin aigre, de la mente & persil, & inspargiras du poyvre ou du cynamome, & apres incontinant presenteras a table.

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¶  Plat de langues andoilles & saulcisses.

 LEs langues sallees doyvent estre bien cuytes en leaue, et quant seront asses cuytes les fault decoper a beaux & delies lopins, apres les mettre dedans ung plat avec persil, mente & saulge, & des espices ce que sera besoing, & finablement y getter par dessus du vin aigre. Et tout ainsi des andoilles & grantz saulcisses. Et cecy trop mieulx feras en yver que en este, pource que ladite viande requiert grande concoction laquelle se fayt trop mieulx en temps froit que en chault.

¶ La difference des chairs & en quel temps une chascune se doyt aprester.

OR est il ja temps de venir a celle table que je appelle seonde & principale, ou lon parle des chairs qui nourrissent trop mieulx nostre corps & plus sainement que nulle aultre viande, mais pource que les bestes tant terrestres que volantes nourrissans lhomme sont grandement differantes & variables, il convient pareilllement que leur qualite soyt diverse, & non seulement differen au sexe a leur estat & en aulcunes de leurs parties, ainsi aussi a leur mesme espece, car meilleurs sont les gelines que ne sont les coqz, & les chievres si la necessite contraint sont meilleurs que les boucz, & les masles chastres sont meilleurs que les femelles, les bestes jeunes pareillement sont meilleurs & plus saines que les vieilles se nest porceaux & lesquelz sont meilleurs & plus sains de six moys ou dung an que quant sont plus jeunes. Les moutons aussi sont asses meilleurs que les brebis, et ceulx qui sont nourris es montaignes ont mailleur sang & plus subtil, & par consequnt sont de meilleur nourrissement que ceulx du plein pays vallees ou des pallus. De rechief les bestes qui paissent les grandes herbes si comme les beufz & vacches sont plus maigres, & par consequent moins savoureuses en yver que en este par le deffault de pasture, & en este plus grasses & de meilleur saveur. Les bestes qui paissent les menues her

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bes sont grasses & tendres des le commancement dyver jusques au milieu de leste, car en ce temps trouvent asses pasture. Et les bestes qui brotent les fueilles & branches des arbres & buyssons sont bonnes des le commancement deste jusques en yver, car elles ont alors onne & tendre pasture. Les bestes qui paissent les petites et seiches herbes sont meilleurs & saines a menger que celles qui paissent les grandes & moistes herbes. Celles qui sont nourries de glans chastaignes, froment, orge, feves, ou millet sont plus savoureuses que celles qui ne mengent que du bran ou de lerbe, ainsi que nous pouvons congnoistre clerement au goust des porceaux ou gelines. Et les bestes qui sont privees de leur nature sont de moindre chaleur & de plus grand moisteur que les saulvaiges, & pource leur chair est plus molle & plus legiere a digerer, & est de bon nourrissement & va legierement par les veines, mais elle se porrist & corrompt tost & facillement, & vistement se despart du corps par sa moisteur. Et la chair des bestes saulvaiges par ceste raison seroyt plus profitable, car combien quelle soyt de petit nourrisement demeure toutesfoys plus longuement au corps. En toutes manieres de bestes le masle est plus chault et plus sec que la femelle, et pource sont ilz de meilleur nourrissement et plus sains a menger, excepte le bouc. La chair des bestes chastrees tient le moyen entre la complexion du masle & femelle, car ilz sont plus froidz que les masles et plus chaultz que les femelles. Et entre les bestes de froide complexion les masles sont meilleurs a menger, & entre celles de saiche & chaulde complexion les femelles valent mieulx que les masles, par especial en leur jeunesse si comme dit Isac. Les bestes aussi qui sont trop grasses ou trop maigres ne sont point si louables & utiles pour menger comme sont celles qui tiennent le moyen, entre maigre & gras, car les trop grasses lievent lappetit, empeschent la concoction, engendrent humeurs glueuses qui donnet ennuy au cueur & desplaisance, & la chent lestomach.Et pource de la chair trop grasse nous devons choisir le plus maigre

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pour menger, et de la trop mesgre le gras. Encores ya il diversite es bestes selon la mutacion du temps, car elles ont plus de sang et de moelle en ung temps que ne aultre, si comme il appert clerement des huystres & des molles qui sont plus remplies en pleine lune que en aultre temps. Et ainsi peult estre de toutes bestes, si comme dit Aristote en son livre des proprietes des elemens. Et moult ya daultress bestes qui en ung temps ameigrissent combien que ayent asses a menger, & en aultre temps engraissent sans maanger guieres, comme appert des arondes & aultres aoyseaulx, et par ainsi grande est la diversite qui avient par cause du temps dyvers. Et pource doncques a venir a nostre propos la chair des bestes qui sont de seiche & chaulde complexion est appropriee conveniente & bonne en yver, & non mye en este, comme sont pyjons, tours, & merles. Et la chair des bestes de chaulde & moiste complexion est bonne en autonne, si comme chair de porceau, de cailles, bequefigues, et aultres telz petis oyseaulx. La chair des bestes froydes & moistes est bien seante agreable & bonne en temps deste, ainsi que chevreaulx, pouletz & aultres semblables. Et celles qui sont froydes seiches au prin temps, comme sont ces petis oyseaulx qui siallent du nyd, car tout ainsi que en yver lon doyt menger toutes viandes chauldes, par le contraire en este viandes froydes convient seicher pour la volupte et sante de nostre corps, & selon le temps telle viande. Encores ya il grande difference a laprester, car aulcune veult estre rostie laultre boulie, lune frite laultre en paste mise. La chair qui est grasse vault tousjours mieulx rostie que boulie, et la maigre par le contraire. Et celle chair qui est moyenne entre gras & maigre en quelque facon que lon veult peut estre mise & appareillee. La chair rostie & frite est de plus grant nourrisement & de plus dure digestion pource quelle est trop seiche & sans humeur, mais la boulie est plus moiste & de meilleur digestion proveu quelle ne soyt trop grasse, car lors ainsi que avons dit mieulx vault rostie que boulie. Mais pour narrester en cecy plus que nest besoing,

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passons oultre pour expliquer particulierement la vertu & nature dicelles bestes, lesquelles tant pour nostre necessite comme pour affluence superfluite & gloire humaine nature nous a donnees pour en vivre & user honnestement & tempereement en ceste presente vie. Et premierement veons du beuf.

¶ Du beuf, vahce, toreau, ou vau.

LE beuf a lappellacion du quel je comprens toreaux vaches & veaux est grandement necessaire a lusaige de lhomme. Et premierement a cause du labeur & pour porter & charroyer ce quon veult, pour cause aussi de son laict, beurre, && formaige qui en yst, et pour sa chair principalement de laquelle en sommes forment nourris & sustentes du cuyr & de sa peau chaulces & noz pies de fouleure contregardes, noz jambes deaue & dordure deffensoires. Oultre ce des cornes dudit beuf nous en faisons des lanternes, pignes, cors, cornetz, manches despees & couteaux et plusieurs aultres telles gentillesses. Du cif pareillement en fait lon des chandelles pour nous enluminer de nuyt. Et finablement il nya riens audit beuf que tout ne soyt bn & profitable a moult de choses, voire sa fiente de laquelle lon engraisse la terre, et ensemble du vin aigre vault a la douleur des arteilz du pie & contre ydropisie son en oingt le malade au soleil, ainsi que dit le Pline. Daultre part les femmes sen coulorent & font venir les joues rouges dudit fiens seulement lavees icelles par avant deaue fraiche, en este font ce avec de la fiente du veau, huyle, & gomme meslee. Le fiel encores est bon a plusieurs choses, comme a la douleur des dens mys sur icelle dent qui deult ou en rincer la gorge. Les poetes dient que juppiter se voulut plustost convertir & transfigurer en forme de beuf quant il ayma europe que en nulle aultre espece de beste, & ce par les grans vertus & louanges dicelle, dont noz anciens predecesseurs considerans les grans biens quil fait a nature humaine avoyent icelluy beuf en si grant honneur et reverance quil estoyt prohibe et

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deffendu sur peine de perdre la teste doccyre icelluy sans cause, & si aulcun transgressoit ou passoit ledit commandement estoyt capitellement aussi bien pugni que sil avoit tué ung homme. Le pline dit que en indie ya beufz aussi grans que chameaulx, et ont les cornes de quattre pidz dault, & nya qui non que une corne & daultres qui en ont troys. En surie nya qui nont point de peau pendante soubz la gorge, mais ilz ont sur le dos grosses bosses. Le toreau vient & saillist la vache en ung cop, laquelle vache porte apres dix moys entiers, & au bout de dix moys fait ses veaulx, & selle na prins au premier cop apres vingzjours incontinent passes elle requiert derechief et appete le toreau qui a lasaille, et selle a prins a ce cop et le toreau tire a couste dextre la vache concevra veau masle, et sil tire a senestre cencevra femelle, ainsi que dient Varron & Pline. Encores dit ledit pline que le beuf est la seule beste qui paist lerbe en recullant arriere, et dit que la plus longue vie des vaches est de xv. ans, & des masles & toreaulx de xx ans, & commancent anoir leur force a v ans, & dit quilz sengraissent quant sont laves souvent deaue chaulde. Les veaulx sont ditz & appelles tant quilz allaictent, desquelz on en garde aulcuns pour multiplier & renouveller, les aultres achettent les bouchiers pour occyre vendre et menger. Aussi tuent ilz des beufz quant sont vieulx & ne peuvent plus labourer, & des vaches quant elles ne portent plus. La chair du beuf est de froyde & seiche nature, de forte cuyte au pot, & de forte concoction en lestomach, donne gros aliment, trouble & melancolique, & pource engendre gros & melancolieux sang, & quant ladite chair se cuyst bien a la forcelle donne asses nourrisement, ne la fait pas toutesfoys trop bon user fors a ceulx qui ont lestomach chault & puissant, pource quelle demeure moult en ladite forcelle & ne se cuyst mye legierement. Et pource les melancoliques sen doyvent demetre, car de sa nature elle meut lhomme & fait tomber en roigne, leprosie, et en fievres quartes, fait venir lentilles au visaige & une maniere de mesellerie appellee elephance & aul

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tres melancolieuses maladies. Mais la chair du veau est meilleur & plus seure & saine a menger & engendre bon sang, pource quelle est forment daliment attrempe & se cuyst plus legierement. Et par ainsi nest pas de merveille se ladite chair de veau vient souvent es tables de gens nobles & grans seigneurs. La chair du beuf qui est vieulx & casse est la pire de toutes, pource quelle est froyde & seiche & si donne petit & maulvais nourissement. Et sur toute aultre chair fait venir les susdites maladies.

¶ Du mouton brebis oeille & aignel.

LE mouton a lappellacion du quel je comprens brebis & aigneaulx, est merveilleusement util a nature humaine, tant a cause de sa laine de laquelle en maintes guises en sommes couvers et aornes, comme aussi de sa peau, chair, laict, & fromaige qui en yst a nostre grant commodite & usaige. Et nya riens surluy qui ne nous soyt resbon & utile, car le fiens est bon pour engraisser les champs & les terres, et encores ladite fiente, ongles, cornes & fiel est tout bon en medicines, car selon Galien & Diascorides la fiente du mouton avec du vin aigre mise sur les verrues & aultres superfluites de chair les guerist, & meslee ladite fiente ensemble cyre dissolue avec huylle rouse guerist la bruleure du feu. Or ledit mouton qui nest pas chastre est en latin appelle aries, pource que ce fut la premiere beste qui fut sacrifiee sur lautel des payens, lequel autel estoyt appelle ara & dilec vint aries, cy comme dit Isidore, lequel mouton ou aries est prince de tous les aultres qui sont chastres & aussi des brebis. Et pource luy a nature plus donne de force que aux aultres, et tient ung ver en la teste que quant le poinct il lesmeut a ferir & hurter de sa teste contre ce quil rencontre pour celle heure. De ceste beste dit le Pline en son huitiesme livre quil hayst les aigneaulx naturellement & suyt les vieilles brebis, & est plus profitable en sa vieillesse quen sa jeunesse. Et combien quil soyt de fier couraige plus que les brebis & aultres, Pline enseigne que sil est trop rio

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teux & hurte trop les aultres & les tempeste, quon luy perce la corne pres des oreilles avec quelque biron ou aultrement, et il en perdra la fierte. Et dit encores que son luy lye le dextre genitoyre il engendreda des femelles, et son luy lye le senestre engendrera des masles, encore s enseigne & dit que si le vent daustre et de mydi vente engendrera femelles, & si le vent daquilon tire des masles. Et telles veines qui aura dessoubz la langue de telle couleur seront les aigneaulx, cest adire si les veines sont noires, nous seront lesditz aigneaulx, & selles sont bicollorees et de couleur diverse, les aigneaulx aussi le seront. Le front de ceste beste est moult dur, mais il a les temples foibles, & pource luy a nature donne les cornes dessus pour le contregarder & deffendre ainsi que feroit dune targe ou escu. Et pour assaillir ses adversaires cy comme dit pline, car ce nest mye raison que celuy soyt sans armes qui a les aultres a guyder & conduyre, aussi va il tout le premier fier & hardy en la confience de ses cornes. Il se combat au temps damours pour ses femelles & hurte et trepellist les adversaires autant quil peult, & souvent reculle pour mieulx ferir. Ne craint pluye ne vent, ains demeure illec tout quoy sans soy lever si nest que le pasteur en mette ung devant pour esmouvoir les aultres, et le tire par les cornes car les aultres suyvront apres. Il doubte & craint moult le tonnerre si comme les brebis qui en avortent souvent de peur quant elles sont seules. Et pource dit le plie que quant fait tel temps le pasteur les doyt congreger & mettre ensemble affin que soyent reconfortees pour la compaignie. Tant que le mouton est jeune il est meilleur a menger que la brebis ne laignel qui alaicte, car sa chair nest pas si moiste ne si glueuse, & pource elle engendre meilleur sang, cy comme dit Isac en ses dietes. La brebis est plus molle simple & debonaire que nest le mouton. Dit aristote que elles portent jusques a sept ou a huit ans, & portent selon que dient Varron et Pline cente cinquant jours, & ceulx qui sont conceus apres ne valent riens. Et dit aristote que si lesdites brebis se tornent vers le vent de

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septentrion elles concevront aigneaulx masles, et par le contraire selles se contornent devers le vent de mydi elles porteront femelles. Quant les vieilles brebis sesmeuvent a luxure en aulcuns temps determine cest signe de bon temps advenir. Et quant les jeunes sesmeuvent avant que les vielles cest signe de pestilence que doyt celle annee venir sur lesdites oeilles. Lesdites brebis sengraissent de boyre, & a ceste cause les pasteurs leur donnent a menger du sel et pour les faire bien boyre. Et nautonne il leur donne du sel ensemble leur viande pour leur multiplier le laict, & en este leaue froyde, en yver la chaulde leur est meilleur. La chair des oeilles nourries en lieu moiste nest mye bonne. Les aigneaulx selon lopinion des latins sont ainsi appelles pource quilz agnoiscent & congnoissent leur mere au bayer & a la seule voix. Pline dit quilz naissent en yver & au prin temps, et que ceulx dyver sont a preferer a ceulx du prin temps. Et dit que entre toutes bestes cest la seule qui naiste utilement en yver. Ceulx qui sont conceux & nes au vent daquilon sont meilleurs que ceulz qui naissent au vent daustre ainsi quil dit. Or des aigneaulx il en ya des masles & des femelles, lon garde les femelles voulentiers pour multiplier, & des masles lon choisist le meilleur & le plus fort pour fornir a gouverner les brebis. Les aultres tandis quilz alaictent on les vend aux bouchiers ou lon les chastre au cinquiesme moys acomply, & les garde lon pour engraisser & puis les menger quant en sera le temps, car la chair est fort bonne & saine et meilleur que celle des aigneaulx, pource quelle est chaulde & saiche par attrempance, & celle des aigneaulx a plus de humidite que na de chaleur. Le sang toutesfoys des aigneaulx quant on le boyt guerist depilance & est sain a plusieurs apostemes ainsi que dient Galien & Dyascorides. De la chair du mouton qui nest chastre ne aussi de celle des oeilles se tu men croys ne toucheras, pource quil le naproffite point, ains nuist certes grandement. Or la vie des moutons ou brebis est de .x. ans au plus long, & en ethiope de .xii. selon que dit pline.

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¶ Des chievres & chevreaulx.

CHievres est appelle en latin capra ainsi que dit Varron pource quelle carpist et prent voulentiers les brotz et summites tendres des arbres. Elles ayment les buyssons & aultres petis arbres trop plus que lerbe des champs & les roches & aultres lieux aspres plustost que le plein pays tout au contraire des oeilles. Pline dit que les chievres vivent en ethiope .xi. ans, & es aultres pays ne vivent quieres plus de .viii. ans. Elles font aulcunesfoys quattre chevreaulx en une portee ainsi quil dit, mais ce navint guieres souvent. Elles portent .v. moys comme la brebis, & quant sont trop grasses en portent point, et ce quelles portent avant le tiers an tient peu de proffit. Elles concevent en novembre pour faire leurs chevreaulx en mars, a lors que les buyssons & aultres petis arbres comancent mettre les brotons nouveaulx. Aulcunes chievres ont cornes & en ya qui nen ont point. De celles qui portent cornes peut lon congnoistre leurs temps et eage par le nombre de neudz qui sont es distes cornes. Celles qui nen ont popint sont plus habondantes en laict que les aultres, comme tient ledit Pline. Varron dit que cest merveille de ce que Archelaux escript que les chievres tirent leur aleine non mye par les narines comme les aultres bestes, mais par las aureilles. Elles ont tousjours fivres a cause de leur chaleur luxurieuse. Et plusieurs ainsi que recite Pline dient quelles voyent aussi bien de nuyt que de jour, et pourtant dit il que le foye desdites chievres est util merveilleusement a la veue, et ceulx qui ont obscure veue en deussent menger voulentiers. Lesdites chievres ont dessoubz le menton une barbe pendant, dont dit ledit pline que si aulcun tyre une chievre par illecques, les aultres chievres se prendront a regarder comme toutes estonnees & esbayes. Elles nuysent grandement es arbres les mordant && rongeant, dont plusieurs arbres en meurent. Elles leschent voulentiers les oliviers lesquelz en laissent de porter fruyt. Et

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pour ceste cause ancienement lesdites chieves estoyent imolees & sacrifiees a minerve deesse de sapience & de paix, pource que lolyvier est arbre a elle attribue & dedifie. Aristote dit en son tiers livre des bestes que lesdites chievres ont laict sens estre grosses en moult de regions mais quon leur frotte les mamelles dorties, car le sang en yst premierement, et apres vient le laict qui nest guieres de moindre valuer que celuy de celles qui sont grosses ou preingz. Dit encores ledit aristote que selles concevent contre le vent de septentrion elles ont chevreaulx masles, et par le contrainre auront femelles contre le vent de mydi. Et pource voulentiers quant le masle la veult saillir selle peut commodeement elle tourne le visaige devers setentrion. Elles deviennent grasses quant boyvent eaue sallee, & selles mengent du sel quant sont grosses ou preingz en ont plus de laict. Or lusaige des chievres nous est bien necessaire, car leur laict & leur chair vault pour menger, & de la peau lon en fait des pannes pour fourrer nos robes contre le froit, pareillement sen font de boutz ou des oyres a porter huyle & vin, aussi de ladite peau lon en fait des esteufz & paulmes a vent pour jouer. Le fiens et lorine engraissent la terre, si que il nya riens en la chievre qui ne soyt tout bon, car aussi comme dit pline au .xxviii. livre, la fumee du poil & de la corne des chievres fait fouyr les serpens et vault contre moltz de venins, et les cendres qui en sont faites rongent et mengent la mauvaise chair, & restraignent le flux & humeurs des playes & fistulles. La peau des chievres nouvellement escorchee guerist les playes & aultres rompeures et greifves douleurs quant lon en est couvert tout chault. Le sang cuyt avec la moelle de la chievre oste le venin de la personne qui est empoysonnee, & guerist de la morsure desserpens & des escorpions. Le polmon chault de ladite chievre mys sur le lieu qui est mordu des bestes envenimees tire hors le venin & en oste langoisse. Le fiel chault oste la maille des yeulx & esclarcist la veue. Le jeuyer rosti vault contre mesellerie son en mange souvent. Son urine chaulde

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vault contre la douleur des aureilles, et son lave et rynce la gorge de son laict guerist la douleur des dens. Les proprietes & moult daultres met ledit pline de la chievre, et tant que mille remedes contre diverses maladies sont trouves aux dites chievres ; Et sur tout galien & dyascorides dient que quant le foye desdites chievres est rost tant la liqueur qui en yst son sen oingt, come la vapeur son met ses yeulx ouvers dessus icelle recevant la fume comme pareillement son menge apres icelluy foye est grandement util a lobscurite de la veue & esclarcist moult icelle. Or la chair des chievres ne aussi des boucz puantz se tu men croys nen macheras, mais des chevreaulx tresbien, car il nya chaire entre les bestes domestiques qui soyt meilleur plus saine ne de meilleur saveur, car elle ne nuyt point & si est de facile concoction, nourrist tresbien et engendre bon sang attrempe entre chault & froit, pource que la seicheresse naturelle dudit chevreau est attrempee par la moisteur de son eage ainsi que dit Isac en ces dietes. Le chevreau masle vault mieulx que la femelle et est de meilleur digestion et mieulx nourrissant, sa chair est certes moult convenable a nature humaine. Et par especial a ceulx qui vivent delicieusement & sont en repos, non mye vault a lucresse qui ensyut et loue la fecte de Pictagoras, et vist en labeur & en travail continuellement.

¶ Du cerf.

CErf est appelle ainsi a cause de ses cornes, car ceraston en grec vault autant comme corne, ainsi que dit Isidore, il doubte et craint fort le cry & morsure des chiens, tellement que quant ne peut aultrement fouyr plustost se viendra tendre a la mercy de lhomme que des chiens. Et quant la cerve veult faire ses petis cerfz elle ne craint point tant la voye et la trasse des gens que celle des bestes, et concoyt voulentiers apres que une estoille nommee arture est apparue, elle porte huit moys, & en fait aulcunefoys deux a une foys, et si tost que a conce se despart du masle, dont le masle lors abandonne

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enrage de luxure, & fuyt la terre & le groing luy devient noir jusques ait icelluy lave de la pluye La cerve ains que face ses petis cerfz se purge dune herbe quon appelle seslis a ce que plus legierement se delivre. Et quest est delivree estt use dune aultre herbe appelle aros pour avoir habondance de laict ainsi que dit pline. Et dit plus que quant les petis cerfz commancent estre ung petit fors elle les apprent a courir saillir & a fouyr les veneurs. Les masles quant ont passe leur forcennerie de lluxure mengent terriblement. Et quant ilz se sentent trop graz ilz serchent les cavernes & lieux caches pour eulx mucer quon ne lestrouve, pource quilz congnoissent naturellement quilz ne pourroyent fouyr pour la pesanteur & empeschement de leur graisse, & cecy font jusques a ce que soient amesgris. Le cerf quant il fouyt ne continue point son cours, mai sarreste en regardant les gens, & si lon sapproche lors comance a fouyr. Il fouyt le bruyt des chiens, & affin que les chiens ne puissent sentir & congnoistre la ou il a passe il tire celle part la ou le vent va, & a ceste astuce il decoyt les chiens. Il prent grant plaisir a ouyr flaioler les pasteurs et aussi quant ilz chantent, & oyent merveilleusement quant ilz lievent les aureilles, et sont sours quant les ont abaissees. Pline dit que cest une beste fort simple & sesmerveille de toutes choses, & sarreste la tou tcoy & estonnee, tellement que si ung cheval ou ung beuf vient pres ilez naviseront ja le veneur qui les chassera, ou silz lavisent il se prendront admirer larc ou les sagettes quil porte. Ilz passent la mer a grant flotz et compaignie nageans par belle ordre lung soustenant laultre, & le plus fort va le premier, et laultre apres met sa teste sur le dot du premier, & le tiers sur le second, & ainsi jusques au dernier, & par ceste maniere ilz passent & nagent plus legierement, ainsi que escript ledit pline, ce quon peult veoir bien souvent quant il passent de la cylice en lille de cypre, et ne voyent point la terre mais tyrent & serchent le rivaige par le seul odorer. Les masles ont cornes & les perdent chascun an au temps nouveau, & quant ils les doyt perdre il se muce come celluy qui doyt perdre ses

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armes ne ne vient point en lieu apparent jusques il les aura de nouveau recouvrees. Et dit lon quon ne peut jamais trouver la corne dextre, pource quil la muse en terre a cause quon ne sen puisse ayder en plusieurs medicines. De quelques soyt desdites cornes brulees lodeur fait fouyr les serpens. Et congnoist lon le temps desditz cerfz par les branches de ses cornes, car chascun an en croist une novelle jusques au septiesmean. Et alors les cornes luy viennent semblables si que ne se peut plus congnoistre, mais lon congnoist quant est bien vieulx par ses dens, car il en a lors peu ou nulles. Les cerfz font grant guerre es serpens, & serchent voulentiers leurs tanieres & cavernes, et celles qui ne veulent yssir dehors ilz les attirent par leur seul escriptde leurs narines et les mengent. Lon trouve aussi que pline tient que lesditz cerfz vivent cent ans & plus, si come il prouve clerement des cerfz que Alexandre print, ausquelz fist mettre des cercles dor entour le col esquelz cercles estoyt escript & note le temps que furent prins, et puis les laissa aleer. Et apres plus de cent ans de la mort Alexandre lon les trouva avec lesditz cercles, lesquekz estoyent ja couvers par la force de la graisse quilz avoyent. Pline dit que en affrique na point de cerfz. Le cerf nest jamais malade de fievre car il scet la medicine que luy fault faire, & pource dit pline quil fut une princesse qui mengeoit tous les jours de matin de la chair du cerf & vesquit longuement sans fievre avoir. Le cerf selon Aristote est une beste qui na point de fiel, & pource sont ses entrailles si ameres que les chiens nen veulent menger silz nont bien grant fain, & dit que le seng ne se caille point ains est tousjours cler, ainsi come le sang dung lievre quest contre la nature des aultres bestes. De la cerve dit le plin que menge aulcunefoys une pierre qui la fait plus legierement delivrer de faire ses petis cerfz. Et quant elle est morte lon trouvve aulcunefoys ceste pierre dedans sont ventre, laquelle vault grandement a faire les femmes enfanter legierment, & a ce valent les os qui sont au cueur de ladite cerve si come il dit. Au cueur du cerf a ung os qui est de grant vertu contre beaucop

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de maladies, et le met on en plusieurs nobles medicines. Galien & dyascorides dient que la moelle des os du cerf est la principale de toutes les moelles & de plus grant force & vertu pour resoluir & mollifier les durtes & rigueurs des nerfz par confricacion, & apres ceste est la moelle du veau. Dient encores que a cendre de la corne dudit cerf nettoye & conferme les dens qui crollent & sont movables. Et si mitigue aulcunement la douleur quest en icelles, ou par confricacion ou soyt par lavacion et mondificacion. Et a ce le pline sacorde, & oultre ce dit que aulcuns dient que la lymeure et cendre de la corne crue du cerf est a ce plus parfaicte & de plus grant efficace. Et si ladite corne est cuyte en vin aigre & avec celle decoction lon lave & rynce la gorge y ayde merveilleusement a ladite doleur des dens. Or la chair du cerf est froyde & seiche, et pour menger est de vertu forment semblable a la chair du beuf pource quest de forte concoction et nourrist peu & si augmente melancolie & gros sang, toutesfoys elle est plus suave & convenable a menger en este que en yver, & principalement au moys dacoust. Et comme avons dit des aultres chairs elle est pire ou meilleur selon leage & divercifient leur nature, car le cerf jeune sur toutes chaires saulvaiges vault le mieulx. Et le sang qui en est fait & engendre est plus delie & si a moins de superfluite, jacoyt ce quil soyt melancolieux, & quant ilz sont jeunes silz sont chastres en son meilleurs grandement, car leur chair est plus temperee. Mais la chair du cerf vieulx lon doyt fouyr, car elle est du tout mauvaise et engendre sang sut tout melancolique. Et pource je conseille que nostre brute & nostre celio nen mengeussent point affin quilz ne tombent du tout en melancolie.

¶ De lours.

LOurs se concoyt au comancement diver, non mye ainsi que les aultres bestes, mais tout ainsi que les homme qui sacollent ensemble & coucent en terre lung sur laultre. Apres quelle a prins & conceu elle se despart du masle & entre en quelque fosse ou caverne, en laquelle fait ses petis hours dedans trente jours, et nen a jamais plus de cin a la foys. Et sont au

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comancement comme une piesse de chair blanche qui nest point formee & nont ne yeulx ne poil, & sont ung peu plus grans que une souris, & ny apert riens fors que les ongles, mais la mere les forme de sa langue en les lechant. Cest chose fort secrete que les trouver alors, car les masles se mucent par quarante jours, & les femelles par quatre moys. Et silz ne trouvent fosses ou cavernes asses secretes & force de buyssons & rameaux darbres ilz font leurs maisons quon ny pourroyt riens veoir, ne vent ne pluye ny sauroit entrer. Et la se dorment par .xiiii. jours si tresfort que son les devoit tuer ne les sauroyent reveiller. et par ce temps que sont ainsi dormans sangraissent merveilleusement, & celle graisse est bonne en plusieurs medicines, ainsi que dient pline, galien, & diascorides. Et principalement pour garder les cheveulx de tomber & les faire naistre, est bonne aussi quant le cuyr des mains ou daultres membres sent a cause du froit son sen oingt, & aussi a aultres apostemes de sang. Et aulcuns dient ainsi que escript dyascorides que si aulcun sen oingt tout le corps ne craindra point aulcuns unsultz de mauvaises gens qui mest chose fort a croyre & quasi supersticieuse. Apres que lesditz hours ont dormy ces .xiiii. jours ilz sesveillent & vivent seulement de succer leurs pates de devant. Et quant les petis hours ont froit la mere les serre entre sa poytrine & les eschauffe & couve soubz elle come feroit ung oyseau des oeufz. Theophrastus dit choses merveilleuse que par ce temps la son gardoit la chaire cuyte desditz hours elle croistroit. Au temps nouveau ilz yssent hors de leurs cavernes et les masles sont moult gras & ne scet on la cause come ainsi soyt veu que de lon temps par avant nayent ne beu ne menge ne fort dormi, excepte lesditz .xiiii.jours. Maintesfoys ilz ont les yeulx troubles & fort obscurs, & &pour ceste cause serchent ilz les abeilles affin quelles leur poignent & leur piquent le visaige tant que en sortisse le sang & toute celle humeur qui leur trouble les yeulx & empesche de veoir clerement sen ysse. Lours a la teste foyble sur tout & le lyon la forte par le contraire. Et pource sil avient par contraincte ou aultrement quilz

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tombent en bas ilz mettent les mains ou leurs pattes devant, & couvrent principalement celle partie qui est plus foible et debile, ilz ont le cerveau envenime, & pource lon ne menge point la teste, ilz vont a deux piedz deoitz & sont de grant force, tellement quilz desracinent les arbres, & se combatent bien souvent contre les toreaux, & les prennent aux dens par les narines ou par les aureilles & par les cornes avec les pattes de devant. Et puis les rient a terre de si grant force & les tormentent si tresfort de leur pesanteur quilz les contraignent a cheoir & puis lesmettent a moit. Et nest beste si malicieuse & astute a mal faire que lours ainsi que met ledit Pline a son huitiesme livre. Ilz mengent les gerbes du ble, les rameaulx des arbres, les raysins, pommes, abeilles, formis, et plusieurs aultres choses, et font des maulx grandement. Ilz sont impaciens & pleins dyre, & se veulent venger de ceulx qui les touchent ainsi que dit aristote. En bevaant ne leschent pas leau comme les chiens et aultres bestes, ne la tirent pas come font les beuz mais la boyvent en mordant ainsi que dit Pline en sa fin du diziesme livre. Lon prent lesditz hours avecques des las ou avec des faulx & par aultres subtilites dengins, comme espieux & mailletz, selon que recite Theophrastus. Sont a menger de tarde et griefve digestion, & nuysent a la rate & au foye, enggendrent malles humeurs, tollissent lapetit de menger, & est viande fastidieuse & visqueuse sur toutes aultres chairs, & se cuyt pirement que aultres, & donne petit nourrissement, & vault mieulx sa chair ainsi que dit Dyascorides pour remouvoir et oster maladies que ne fait pour donner nourrissement.

¶ Du porc sanglier.

SAnglier est une beste aspre et cruelle, dont a cause de son asprete elle est en latin appellee aper. A peine le peult lon aprivoiser combien quil soyt chastre qui est contre la nature de toutes aultres bestes qui deviennent plus privees quant on leur a oste les genitoy

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res. Le sanglier est si cruel quil ne doubte point la mort, ains se oppose & vient droyt encontre le fer du veneur, & quant il est feru si se combat il ardiement contre luy jusques a la mort. Il a deux grans dens en la gorge bien poinctues & fortes dont il fiert blece & despeche tout ce qui luy resiste & vient encontre. Pline dit que en indie ilz ont les dens dune coudee & tortueuses, ilz on au couste dextre ung os tresdur, lequel mettent tousjours au devant pour eulx deffendre ainsi que lon feroit dune targe ou escu. Quant ilz sentent quilz se doyvent combatre ilz frottent leurs dens a ung arbre. Les masles fierent des dens contre mont, & pour ce ne peuvent guieres nuyre a ceulx sui sont couches a terre, et les femelles ne blecent que du groing. Le sanglier escume par la gorge quant se combat, & quant est au fait de nature il est moult fier en amours & se combat fierement pour la femelle et gratte la terre aux piedz et dresse sa soye sur le dos. Et en ceste facon il monstre sa grant ire, & menge moult peu en icelluy temps, incesssamment court apres elle et en devient de ce moult maigre. Selon pline lorine du sanglier guerist la douleur de la vessie & de la gravelle, & ainsi fait se lon menge la vessie dudit sanglier, & ladite urine meslee avec huyle rosat gouerist le mal des aureilles. Ladite urine griefve fort le sanglier tellement quil ne peut fouyr sil ne la met hors, & convient quil sarreste, & comme vaincu demeure la, tant est grande lardeur de ladite urine quil en brusles jusques a ce quil lait pissee. Son fiel pareillement vault contre la pierre & gravelle & esmeut grandement au fait de luxure, ainsi que escript ledit pline. Dyascorides dit que sa fiente seichee & puis destrempee a beue avec du vin & de leaue est singulier remede a ceulx qui crachent le sang de la poytrine, et lieve la douleur antique du couste. Et quant elle est prinse avec du vin aigre conforte les os brises et les resjoinct. Et quant est meslee avec cyre dissolue en huyle rouse guerist les contorsions des nerfz. La chair du sanglier est plusseiche & moins froyde que celle du porc prive. Et cest pource que le sanglier sesmeut plus souvent & vit & menge plus seiches viandes, et

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en plus chault air que le porc prive. Et pource sa chair & sa graisse en est plus dure & delicieuses, principalement sil a este prins a grande peine & soyt este fort travaille devant sa mort, car par tel travail & mouvement sa chaur en est plus tendre saine et savoreuse. Publius servilius fut le premier ainsi que escript le pline qui presenta a Romme le sanglier pour menger tout entier a table, et Fulvinus lippinus fut le premier qui trouva les viviers pour les nourrir. Avicenne dit que la meilleur des chairs sauvaines est cele du sanglier car pource que sa chair est plus legiere que celle du porceau domestique elle est de fort & puissant nourrissement & de legiere digestion. Et dit encores que ladite chair tant du porc saulvaige que prive est bonne a gens jeunes sains & fors laborieurs, qui ne sont point dispotz a opilacions, & si est bonne a ceulx qui veulent engraisser. Et pource dit Rasis que la chair grosses est plus adaptee & appropriee a ceulx qui travaillent que nest la deliee et legiere, et par le contraire la deliee chair vault mieulx a gens ocieux & qui ne travaillent guieres.

¶ Du dain, cabriol ou chievre saulvaige.

DAin est ung chevreau saulvaige qui est legier & court merveilleusement. Et tout sa force et fiance est a fouyr, dont nature pource quil est ainsi foible luy a donne legierete de corps & de membres en lieu darmes pour deffendre sa vie. Et de ce dit marcien que le sanglier se deffend de la dent & le cerf de la corne, et le dain a sa deffense a fouyr. Il ayme les montaignes et eslist les herbes medicinalles & de bonne odeur, & menge les brotz des branches des arbres quant il y peut toucher & atteindre. Quant est navre il menge dune herbe quon appelle serpentine pour faire sallir le fer hors de la playe, si comme escript Aristote au .v. livre des bestes. Cest une beste que a peine se peut aprivoyser, son sang est medicinable, car amollist les nerfz retraitz et oste la douleur des arteilz & de goutte, & met hors le venin, et le cueur menge ou prins en brevaige ayde forment a toutes

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les douleurs du corps. Plusieurs aultres vertus & medicines ricte Pline des aultres parties du dain qui seroyt lon g a raconter. Le dain est forment semblable es qualites des cabriolz ou chievres saulvaiges, lesquelles sont bonnes & saines a menger, & la chair est doulce & de bon goust. Et aussi la chair du chevreau saulvaige & du dain ainsi que dit Aristote est de plus tendre et meilleur saveur que de beste qui soyt. Et ce a cause de son mouvement & des bonnes herbes odorantes quilz mengent, ainsi que dit le pline. La chair est de bon nourrissement & nest nuysante en riens que tant seulement de ce que fait tirer le sang & tomber aulcunement en melancolie.

¶ Des lievres & connylz.

CEulx la qui dient que le lievre est ainsi appelle pource quil a les piedz legiers en courant faillent, & ne dient pas vray, ains est ainsi que dit Varron ung nom grec fort ancien qui ne veult pas dire ne signifier cela, mais lesconnylz sont bien appelles ainsi a cause quilz fouyssent la terre et y font leurs tanyeres & petites cavernes pour habiter, & la dedans ilz font leurs petis conylz, et en font souvent & multiplient merveilleusement. Et tant en ya en aulcuns pays comme en espaigne & aux isles quon appelle baleares quilz gastent tous les bles & font venir la famine en icelle contree. Et list on ainsi que escrit Pline que le peuple de ces isles baleares vont demander ayde & secours de gens darmes a lempereur auguste pour resister & faire guerre contre la grant affluence et multitude intollerable desditz connylz. Le lievre est moult esveille & paoureux et ne se combat point, car il na nulles armes fors legierete pour fouyr quant est assailli des chiens. Il a la veue foible ainsi que ont forment toutes bestes qui nont palpebres pour couvrir les yeulx quant elles dorment, mais il oyt moult cler et par especial quant il a les aureilles dresses, car quant sont pendantes pource quelles sont longues & leur serrent le trou des aureilles & ne peu

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vent passi bien ouyr. En ce nature a bien pourveu de leur faire ainsi longues aureilles pour deffendre leurs yeulx lesquelz nont point de couverture ainsi quest dit, & avec lesdites aureilles ilz se deffendent des mouches & daultres bestes & vermine. Le lievre a les piedz velus par dessoubz affin que ne se belssent en courant, & en trouveras peu daultres bestes qui ainsi les ayent velus par dessoubz, comme dit Arstote au tiers livre des bestes.Il a les cuisses de derriere plus longues que celle de devant, et a cest cause il court mieulx & plus voulentiers encontre mont que encontre val, et si par force lui convient descendre il prent la valle par travers & non pas droictement. Pline et Varron mettent plusieurs especes de lievres, car en ytalie sont blancz dessoubz le ventre, ceulx qui vivent es alpes en yver de la neige & ne craignent point le froit, ainsi comme escript le Pline sont tous blancz & non guieres grans. Ceulx doultre les alpes en macedoine sont grans merveilleusement, en espaigne & en ytalie moyens. En ce nature nous a este benigne davoir produyt ces bestes innocentes, tant pour nostre plaisance & esbatz comme pour nostre usaige. Premierement a la chasse en prenons grande volupte, apres en noz viandes en prenons a noz tables diversement recreacion, & oultre toutes aultres bestes lesdites lievres & connilz multiplient merveilleusement. Les femelles prennent du masle incontinent, et tendis quilz nourrissent les petis elles en ont des aultres dedans le ventre, & en font plusieurs a une foys & forment tous les moys. Archelaus dit que le lievre a dessoubz la queue autant de pertuys de nature comme il a des ans. Et dit que le lievre a le sexe de masle & de femelle & engendre sans masle, & pource nest point de merveille sil en est tant grande multitude, car pour chasser ne menger quon saiche faire lon ne les peut terir ne vuyder. Ilz nous sont fort necessaires & profitables, tant pour menger que pour couvrir & faire fourreures de leurs peaulx quant sont de saison, aussi en plusieurs medicines, car galien dit que si lon oingt du cerveau cuyt du lievre les gencives des enfans quant

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les dens doyvent naistre elles naistront asses plus facilement & sant douleur, et cecy est esprouve et notoyre a tous ceulx qui en ont use. Et si lon menge ledit cerveau aulcuns dient que vault beaucop aux membres tremblans, & que le caillet vault contre venin, & avec du vin aigre principalement contre escorpions & araignes, et sil en est oingt par avant ne sera ja feru ne poinct desdites bestes venimeuses. Et briefvement ledit pline dit que ledit caillet vault contre tous venins, & est comme deffensoire. Et trouve lon au couste du lievre ung os semblable a laguille, £ lequel est bon pour nettoyer les dens & a guerir la douleur dicelles. Et a la douleur des reins menger les reins du lievre crus ou cuitz, mais que ne les maches avec les dens sont bons ainsi quon dit. Et pline recite que ceulx qui auront & porteront le talon du lievre nauront point de douleur de ventre qui mest asses fort a croyre. Aultres medicines met ledit Pline que je laisse pour abreger. Or la chair dudit lievre est seiche plus que nulle aultre sauvagine & si engendre melancolie, mais si vault elle trop mieulx a user que chair de bouc ne de chievre. Ceulx qui sont de seiche complexion nen deussent point menger pource quelle nourrist peu & mauvaisement. Mais la chair du connyl est temperee aulcunement, fort legiere & de bonne digestion, & nourrist mieulx & plus facilement que le lievre, lequel est froit & sec, & pour ceste cause nourrist melancolie, principalement ainsi que dit magnini, si le dit lievre ou connylz sont vieulx, car lors sont de eviter & fouyr. Et le temps meilleur pour les menger est quant sont pres de faoner & faire les petis, & ne valent riens si ne sont gras a menger, pource que leur chair est seiche de leur nature & la graisse attrempe leur eicheresse. La chair du connyl peuvent user, ceulx qui sont eschappes de chaulde maladie, car elle conforte lestomach & donne appetit de menger, & engendre bon sang et subtil, encores que soyt ung peu melancolieux.

¶ Du porc espy, erisson, ler & tesson.

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EN indie et en affrique le porc espy se trouve peculierment, il a le dos aspre plein et couvert despines comme le erisson, & luy est fort semblable, mais il est plus grant & a plus longues espines. Et quant il se sortist & fremist la peau il gette icelles espines contre les chiens qui viennent apres pour le prendre, & picque & poinct lesditz chiens au museau ou la ou il les peult attaindre affin que ne le suyvent plus, ainsi que escript le Pline en son livre huitiesme. Il se cache dedans la fosse ainsi cimme lours quattre moys de lyver, & fait la provision pour icelluy temps comme lerisson, & sen va par les vignes ou par les boys, & monte sur les arbres & les bouche & branle & en fait cheoir les pommes & aultres fruiytz, apres se voaultre par dessus iceulx fruytz & fiche ses espines aguillons dedans lesdites pommes et aultres fruytz tant quil en est tout charge. Et oultre ce il emporte une en sa bouche, & les porte a ung arbre creux ou en quelque caverne ou il repaire, & la les garde pour menger a son besoing. Il presagist et congnoist quant le vent de septentrion se veult tourner en aultre & convertir en marin, et lors incontinent sen fuist en sa fosse. Et pource en constantinoble ung homme devinoit les ventz a venir & les anoncoyet aux gens par lesperiance dudit erisson. Quant il sent quon le touche il se clost tout rond entre ses espines come une pellote & se rame de ses dites espines affin quon ne le puisse prendre. Et quant il voit quil ne peut eschapper il gette de soy une orine venimeuse qui nuyst a soy et aux aultres quelle touche, et selle choit sur son dos il en est blece et en tombent les espines, & lors le prent on plus legierement. Il se clost & serre si tresffort dedans ses espines que a peine le peut lon ouvrir son ne le met en eaue chaulde, car lors se ouvre il incontinent quil sent ladite eaue, & le prent on par ung pie derriere, car aultrement lon nen pourroit chevir. Aulcuns ont voulu dire ceste beste estre en nature superflue si nestoit ses espines & aguillons, selon pline, mais vrayement encore que la chait dudit porc espy & de lerisson

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ne soyt guieres requise ne ne viengne guieres a table entre noz viandes, si est elle touteffoyz saine & bonne & ayde a lestomach, lasche le ventre, mininuyst la leprosie, guerist la roigne, et quant est sallee mitigue lydropisie, & garde de pisser dedans le lyt ceulx qui sont coustumiers dy pisser, & les espines & coyne sont bonnes & necessaires pour nettoyer les draps & expollir les vestemens, & a plsueiurs aultres choses. Aulcuns ya qui mettent a table encores oultre ce pour menger les tessons & aussi les lers qui sont gros ratz des arbres que aulcuns appellent ratz grieules, lesquelles bestes ne sont pas forment differentes es qualites du porc espy. Du tesson dit le Pline que quant on le chasse il retient son aleine et enfle sa peau pour mieulx soustenir les morsures des chiens & les copz des bastons. Il congnoist venir la tempeste, & pource fait il sa fosse soubz terre qui a entrees diverses, & quant le vent vente il estoupe de sa queue le pertuys devers le vent, & les aultres laisse ouvers. Il fait en ladite fosse provision pour vivre en yver, & selle luy fault il vit de dormir. Se combat voulentiers contre le renart & laist grandement, pource que tendis quil quiert sa proye ledit renart va faire son ordure dedans sa fosse pour lempuentir & luy faire laisser le lieu. Du ler ou du rat grieule dit Pline en son huitiesme livre quil dort & repose tout lyver & semble quil soyt mort, & en este sesveille & habite par les boys & par les jardins & monte sur les arbres, menge pommes, poyres, raysins, noix & tous aultres fruytz. Et chantent & crient toute la nuyt ayment leurs compaignons & se combatent contre les estrangiers tellement quilz les vaincront ou ilz mourront a la poursuyte, nourrissent pere et mere en leurs vieillesses moult diligemment en signe de grant pitie. Sesjouyssent grandement de lyver quant est doulx affin que ne soyent troubles en leurs dormirs par les eaues et tempestes, & la dormant & reposant finissent leur vieillesse & deviennent nouveaulx & resjouenissent leste venant, ainsi que escript ledit pline. Et tout ainsi semblablement se reposent les mustelles.

¶ De la tortue.

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LA tortue est une beste qui est enclose en my tresdures escailles ou elle se retrait quant on luy fait aulcune moleste. Et ya tortue deaue & de terre, celle deaue est mortelle et a ung queue asses longue, celle de terre est nette & bonne a menger & sa queue est fort petite. La tortue est fort laide et horrible a regarder, et fait des oeufz comme la geline, mais ilz sont plus palles & plus petis, est une besta a quattre pies comme une rayne, et a la teste petite comme une coleuvre ou serpent & a lescaille par dessus dure & tachee de diverses taches. La chair des tortues des boys & jardins est medicinalle, car elle recouvre la vertu qui est perdue par maladie, et pource est elle bonne a ceulx qui sont thisiques et ethiques. Aristote dit au treziesme livre des bestes, que beste qui a plume ou escorce na point de vessie car elle boyt peu, et ce quelle boyt se convertist en plume en en escorce ou escaille. Mais ce ce est exceptee la tortue, car elle a vessie & pisse, et si a lescaille & polmon sanguin pour recevoir ses superfluites, et si a roignons pres de la vessie qui est moult petitee.

¶ Sensuit le cinquiesme livre des oyseaulx pour menger.

CEulx qui ont premierement trouve et mys a table les paons et aultres oyseaulx pour menger, me semble quilz ont ce delicieusement & magnifiquement advise, pource que desditz oyseaulx se composent viandes sur toutes aultres suaves bonnes & voluptueuses & plus convenantes & adaptees es tables des roys, princes & grans seigneurs que des poures menus & basses gens. Et pource se doyt refraindre & garder le petit et menu peuple & ceulx qui ny peuvent soffire, ainsi que dit le Satyre, & a qui largent & rentes ne bastent, et ne sauroyent porter la charge et despens de gouster et menger telles bonnes viandes,

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car elles appartiennent a gens copieuses haultes delicieuses, et a ceulx principalement que fortune & la termerite des hommes, non mye par science, vertu, & industrie, mais par tromperies, decepcions, flateries, rappors & aultres chateries, & ribauderies, a erige & mys avant non seulement en richesses que seroyt a supporter, mais aux plus haulx & supremes degres de dignite. Ceulx ciy sont au jourduy par la grace desquelz les paons, faisans, chappons & aultres oyseaulx apparent estre nes. A ceulx ici sont deubz precieux vestemens, grans meubles & tout ce que nature a peu produyre. Oignons & ailx pomponi mengera avec moy, non obliant anthoine & mecenate, lesquelz embrassent voulentiers povrete, et demetrio conviera cincinnate pour menger seulement des herbes puis que fortune le veult, ainsi aidant plustost aux pingres negligens et mauvais que aulx industrieulx diligens & vertueulx.

¶ Du paon & ostruce.

VIeigne le paon au plat devant tous aultres oyseaulx et tout ainsi comme estant vif, veult avoir tousjours & se delitte en gloire, maintenant mort soyt participant en icelle. Que le paon ayme et soyt prins de gloire se peult congnoistre facillement, ainsi que dut Pline quant il est loue. Car il se prent lors a espandir & dresser sa belle queue comme ung sercle, & se met a lencontre du soleil pour mieulx demonstrer ses belles couleurs reluysantes, et reduit toutes ses plumes. Et les yeulx qui sont aux summites dicelles par belle ordreaffin que soyent plus apparentes, & se prent a les admirer soy tournant dung quartier & daultre et fremissant icelles pour mieulx les dresser & ordonner, et a molt grant joye quant on le regarde ce faire. Columelle dit quil fait cela quant il est en amours & stimule de cupidite. Oultre ce dit le pline que le paon pert voulentiers ses plumes quant les arbres perdent leurs fueilles et les remet apres quant florissent. Et tout ainsi quilz sont fort orguilleux quant ont belles plumes,

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par le contraire quant ont perdu icelles sont honteux & doulans, & serchent les obscurites et cavernes pour eulx cacher quon ne les voye. En lille de samo ou la deesse juno a son temple en ya grant habondance ainsi que dit Varron. Aussi sont lesditz paons dedifies & en la tutelle de la dite deesse iuno selon les poetes. Et par plusieurs proprietes qui sont ausditz paons sont attribues droictement aux riches, dont ladite juno en est deesse comme Boccasse en escript fort songneusement en son neufviesme livre de sa enologie des dieux. Le paon masle est loyseau a qui nature a donne la palme de beaulte sur tous aultres comme dit Varron. Et enseigne ceulx qui les veulent nourrir pour profit et multiplicacion quilz ayent plus des femelles que des masles, car ainsi que dient Pline, Columelle, et Paladius, a cinq paones ung masles est asses soufisant. Et le contraire doyvent faire ceulx qui en quierent seulement plaisir & delit, car trop plus beaulx sont les masles que les femelles. Lesditz paons masles poursuyvent leurs oeufz & petis paons comme se estoyent estrangiers jusques a ce que leur soyt venue la creste & celle belle petite coronne de plumes quilz portent sur leurs testes. Au tiers an ilz mettent leurs couleurs et commancent a porcreer, car par avant sont tendres & sterilz & ne peuvent riens engendrer qui vaille, et commancent venir en chaleur aux ydes de fevrier, & le provoque lon a luxure ainsi que dient ledit Columelle & Paladius avec des feves rosties ung peu pour leur en donner de cinq en cinq jours tiedes. Et si les oeufz des paones sont mys dessoubz les gelines, lesdites paones ne se occuperont point a couver iceulx, & en seront troys doys lannee que ne feroyent point selles estoyent occupees a couver. Et la premiere couvee est voulentiers de cin oeufz, la seconde de quattre, et la tierce de troys ou de deux. Or se tu veulx que les gelines couvent iceulx il te fault choisir les plus belles et grosses gelynes ausquelles tu doys bailler & soubmettre au premier croissant de la lune neuf oeufz pour les neuf premiers jours, cinq oeufz paonins & les quattre de geli

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line. Et au diziesme jour te fault elver ceulx de geline & yn en mettre autant daultres frais, affin que au bout de la lune cest au .xxx. jour tous puissent ensemble expellir. Les oeufz paonons que auras mys soubz ladite geline quant elle ira prendre sa refction tu tourneras bien souvent dessoubz dessus, pource que ladite geline ne les pourroyt comme fait les siens facilement tourner. Et affin que tu congnoisses mieulx celle part qui aura est tourner la doys signer avec du cherbon ou de lancre. Et si la geline estoyt des moyennes que ne fust souffisante a les pouvoir couver ne luy en doys bailler que troys oeufz paonins & six de geline. Apres que sont expellis pour savoir comment les doys nourrir, lesditz Columelle & Paladius le te enseignent, car me souffist asses de ten avoir dit jusquues icy. Or lesditz paons peuvent vivre jusques a vingt & cinq ans ainsi que dit pline. Aulcuns aucteurs ont voulu dire que lesditz paons sont oyseaulx de malheur, mais pline ne les approuve point en cela. Le premier qui occist a Romme & presenta a table lestiz paons pour menger fut Hortense orateur, & ce fut au disner de Dyalice sacerdot, et Marc aufide fut le premier qui trouva facon dengraisser lespitz paons. Ils ont la chair si tresdure & grosse que a peine se peut pourrir, & ne se cuyt pas de legier. Et pouece ont voulu dire quilz sont de petit & gros nourrissement et de difficile concoction & augmentent melancolie. La chair de lostruce a menger est pareillement de nature semblable & peculierement se nourrist en affrique. Mais son veult menger despitz paons ou daustruces en este les convient tuer ung jour par avant. Et en yver doyvent demourer mors troyus jours entiers & apres que sont cuytz les convient menger a saulce de poyvre noir.

¶ Des oyes, annes, fouques, bois, plongons, & aultres oyseaulx de riviere.

QUe les oyes tant saulvaiges que domestiques soent de meilleur garde et plus esveillees que les chiens, lassault que firent les francoys contre le capito

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le de Romme a ce bien testifie, car lesditz francoys avoyent prins & brusle forment toute Romme, excepte ledit capitole. Et une nuyt que tous les romains dormoyent lesditz francoys eussent prins ledit capitole de fait si ne fust le grant cry & &janglerie desdites oyes qui vont reveiller marc manlio capitaine & garde principal dudit capitole, lequel esveille soudainement va desgetter tous lesditz francoys qui estoyent ja au plus hault de la roche dudit capitole, & ce fut certes a laide du guet desdites oyes, tous les chiens de Romme reposant & ne sounans mot. Et pour ceste cause ont eu les romains tousjours lesdites oyes en grant honneur, preferant icelles a toutes aultres viandes, ainsi que met pline & columelle. Et oultre ce escript ledit pline que lesdites oyes semblent avoir aulcun entendement de sapience, pource quon trouve quil fut une oye qui auma si tresfort ung filz dalexandre nomme laxides philosophe & prince de la neufve achademye que jamais ne labandonna ne par places ne par baings ne de nuyt ne de jour, ains continuellement luy faisoyt compaignie. Glances aussi femme de jason fut moult aymee dune aultre oye. Varron, Columelle, & Paladius enseignent soigneusement comment on les doyt nourrir & garder, & dient que facilement ne peuvent estre nourries sans eaue & grant herbaige. Elles sont toutesfoys ennemyes des jardins pource que affolent les herbes, & par le bec & par la fiente, et riens quelles touchent navarist ne profite, ainsi meurt & seiche comme si le feu y fust passe. Sont aussi voraces & insaciables ainsi que disent virgile & varron, car tousjours vouldroyent menger. Et dient columelle & paladius que trois femelles ont asses dung masle et se adjoustent sur leaue, et commancent a couver aux calendes de mars jusques a la fin de jung, et feront des oeufz plus largement se lon baille leursditz oeufz a couver aux gelines. Et tout ainsi que avons dit par avant des oeufz paonins peux faire de ceulx icy. Mais se tu veux que loye couve ses oeufz il te fault bien prendre garde de ne luy en pailler point daultres que les siens se tu

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veulx quelle les couve, car silz sont daultre oye ou daultre oyseau elle ne les couvera ja, & pource baille luy les siens seulement, et luy en peux bailler pour le moins sept, & au plus quinze ainsi que dit Calumelle, et dedans .xxv. ou .xxx. jours expelliront. Et covient bien garder quant les oysons sont ja grans de ne les mettre empres les vieulx, car les plus fors tuent les foibles. Or lesdites oyes nou sont grandement utiles a plusieurs choses, premierement pour garder & faire guet ainsi que avons dit. Pour la plume aussi laquelle ainsi que dient pline & paladius deux foys lannee se peut lever, principalement en pays chault, dont des plumes grandes qui sont aux elles nous en servons pour escrire, & de la menue pour faire coictres a dormir mollement, celle plus qui est plus pres de la chair est appelle duvet qui est la plus molle & la plus prisee. Grant est le vectigal ainsi que dit pline & le proffit qui vient de ladite plume, car a tant sont venus les delitz de nature quil nya celuy qui ne vueille avoir soubz sa teste cuyffin de plume. Nous nous servons aussi oultre ce de la chair desdites oyes tant fraiche que sallee. Du foye quest le principal de ladite beste pour menger, principalement se on le fait tremper par avant quon le cuyse en laict ou eaue & miel, & non sans cause comme dit ledit pline, est en question qui fut celuy qui trouva si bonne viande, ou Scipion ou Methellus. Les piedz pareillement et pattes plumers & fricacees avecles crestes des gelines sont merveillusement bonnes et saines, ainsi que trouva Messalin cocta. La graisse nest pas de oblyer, car les cuysiniers sen yadent a plusieurs confections de viandes. Et oultre ce est elle bonne a plusieurs maladies selon dyascorides, car quant est fraiche & sans sel elle vault a la douleur de la marris et des reins, & meslee avec le suif de veau & le just du basile guerist toutes les ulceres & seissures de la bouche et des mains ainsi que met Pline. Pour engraisser lesdites oyes Caton, Varron, Columelle et Paladius en escrivent soigneusement, & dient que quant les oysons ont desja

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quattre ou cincq moys les convient mettre en quelque lieu serre & estroyt chault & obscur, & la leur convient donner deux ou troys foys le jour de la farine dorge ou daultre ou du bran destremper avec eaue tyede, ou ainsi que escript Paladius du millet ou du legun mesle ensemble avec ledit bran & que ayent a boyre de leaue largement. Et dedans trente ou quarante jours silz sontjeunes deviennent gras, ou dedans deux moys silz sont vieulx, car les jeunes prennent plustost la graisse que les vieulx, et leur convient nettoyer le lieu ou ilz habitent souvent & lever la fiente qui leur nuyst grandement, et vouldroyent estre nettement. Or la chair desdites oyes vieilles est chaulde et seiche et engendre sang gros & melancolieux. Et pource sen doyvent garder gens melancoliques & qui ont foible forcelle & maladie de rate & qui cheent voulentiers en froides maladies. La chair des jeunes est plus attrempee, mais de qulque eage que loye soyt la privee vault mieulx a user que la sauvaige, car forment la chair de tous ayseaulx ainsi que dit Columelle qui vivent & se delitent en eaue, comme chair de cannes, fouques, boisses, plomgeons & aultres, est de mauvais nourrissement. Plus seurement toutesfoys des esles & de la poytrine mengerons que des aultres parties desditz oyseaulx. Pour les menger toutesfoys sainement les convient remplir par dedans & farsir de saulge et les rostir en ce point affin que leur humidite superflue et viscosite soyt attiree par la vertu de la saulge & du feu, & lodeur de la saulge demeure esdites oyes. Et apres que seront cuytes convient oster ladite saulge & ne la doyt lon point menger, et en ceste facon pourras apprester aussi & cuyre les cochons & petis porceaulx, & en seront meilleurs et plus sains. Marcial dit des cannes quil nya riens bon pour menger que la poytrine & le col et le surplus mande rendre & envoyer au cuysinier. La chair des cannes ce non obstant est plus chaulde que celle des oyes, et engendre humeur grosse & visqueuse, & quant elle se cuyst bien en la forcelle nourrist plus que chair de geline mais

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son nourissement nest pas bon, et entendes que canne qui na ponnu est meilleur que quelconque aultre, car est plus temperee en sa nature, et vault aussi du tout mieulx que la saulvaige. Et la droicte medicine pour sa malice amender si est de la menger rostie a poyvre noir, et deves savoir que de tous oyseaulx qui en riviere demeurent lesdites cannes sont plus convenables a la nature de lhomme, et covient que lon ne les mengeusse pas quant elles ont ung an ou plus si nest que elles soyent estees occises ung jour devant quon les mengeusse. Et qui les usera en celle maniere engendreront bon sang et donneront asses nourrisement.

¶ Des grues.

LA grue est ainsi appelle par le son de sa voix, car en criant elle se nomme. Cest ung oyseau qui a grans esles & qui vole fort hault en lair pour mieulx veoir en quelle region doyt aller. Pline dit quelles viennent de la mer oreintale et font grant voyaige. Et eslisent lune delles pour estre leur duc & conducteur lequel va premier, et les aultres toutes suyvent apres par bel ordre une pares lautre. Et ledit duc qui va premier conduyt toutes les aultres par sa voix & les chastie & contraint a droyt voler, & selle devient enroee de trop crier une aultre luy succede en sonoffice. Et a la voix dudit duc et gouverneur elles tirent, et aussi quant il veult descendent toutes a terre pour reposer. La dont elles viennent ya des gens fors petis qui sont appelles pigneux, esquelz elles font grant guerre incessamment, et nont point de treves se nest quant elles viennent devers nous ainsi que escript ledit pline. Elles se reposent & dorment sur terre, mais elles font guet toute la nuyt et lievent ung pie auquel tiennent une pierre et sur lautre pie se dorment. Et quant elles dorment trop la pierre rombe & incontinent sesveillent. Et si celuy qui fait le guet est endormu toutes se prennent a le coarguer & reprendre. Et en dormant met

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tent las teste dessoubz lesle et dorment sur ung pie. Et celuy qyu fait ke guet tient al teste eslevee et regarde par tout pour resveiller les aultres si fait besoing. En ya qui sont privees lesquelles fait beau veoir quant sesjoyssent, et saillent sur leurs piedz courant ca et la comme se vouloyent dancer. Or lesdites grues prinses ou avec des latz ou aux filles viennent a noz tables, mais la chair dicelles cuyte en quelque facon que ce soyt est grosse et de tarde concotion, augmente melancolie & est plus dommageable que nourrissant. Toutesfoys se lon en veult user si cest en este les convient tuer ung jour par avant, et en yver doyvent demourer mortes troys jours entiers & puis les menger a saulce noire de poyvre. Magnini met une recepte merveilleuse de la cervelle des grues, et dit que son fait oignement de ladite cervelle ensemble lagraisse des oyes ou du lyon, et de cestuy oignement lon sen oingt le mebre quant lon veult habiter avec femme fait concevoir. Pareillement dit que dune pierre que lon trouve au cerveau de laigle que se on la porte avec soy a semblable vertu de faire concevoir au plaisir de dieu.

¶ De la sygongne.

QUe les sygongnes en viande doyvent estre preferees aux grues. Corneli nepveu qui mourut au principatt de dive auguste le conferme & demonstre bien. Aujourduy toutesfoys peu en usent pour cause je croys des serpens et bestes venimeuses quelles mengent. Dont elles viennent et ou elles sen vont, Pline dit que cest chose obscure & incerte. Ce non obstant nest point de doubte quelles viennent de loing pays & a la forme & maniere des grues. Toutesfoys quant les sygongnes viennent elles ameinent & sont messaiges du nouveau & prin temps, et les grues de lyver. Quant lesdites sygongnes sen doyvent aller toutes samassent en ung certain lieu & ny demeure aulcune selle nest ou ferue ou

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captive, & sen vont & despartent ung jour assigne tant occultement que nul ne les peut veoir ne congnoistre leur departement ne aussi leur advenement, si non quon appercoyt bien quant elles ny sont plus, et par lecontraire les congnoist lon quant sont venues par veoir ou non veoir, dont je croys que cest a cause de ce quelles sen vont & viennent de nuyt. Ledit pline dit quil y a ung lieu en asye appelle phitonis ou elles se congreguent et font grant murmurancion et janglerie, et celle qui arrive la derriere est lacerees & mise a pieces. Aulcuns dient que lesdites sygongnes nont point de langue pour la destruction & occision grande quilz font des serpens. Ceulx de thessalie les ont en grant honneur & reverance, & est peine capitale en ce pays quiconques les occist a cause desditz serpens quelles occient et meurtrissent. Tant que la femelle vit le mesle ne sacompaigne point a aultre charnellement, mais luy garde foyy quant a generacion, et si le masle la sent meffaire il la tue de son ebc ainsi que dit aristot. Ilz nourrissent diligemment leurs petis faons, & quant lung est en pasture laultre les garde, & sont fort soigneux a iceulx nourrir, et combien quilz mengent serpens raynes & bestes venimeuses si ne leur griefve ce en riens pour leur chaleir qui tout digere. Les sygongnoes paissent leur pere et mere a leur vieillesse par autant de temps que pere & mere les ont nourris en leur jeunesse selon que dit saint Ambroise. Quant elles naissent ont les piedz & bec noirs comme le cigne, mais apres bien tost deviennent rouges & en rougissent tousjours plus fort de tant que sont plus vieilles. Or la chair des sygongnes est forment ressemblable a celle des grues.

¶ Du cigne & du hayron.

LE cigne est appelle olor en grec, pource quil est tout blanc & ne sen trouve point de noirs. Cest ung oyseau pour ceuse de sa grant blancheur & nettete quil a en soy sans aulcune macule, fort beau & agreable a veoir,

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il a le col moult long et corbe. Et pource fait il de sa voix doulce melodie, car elle se brise en moult de manieres ains que soyt a lyssue de la bouche. Aulcuns dient quil chante moult piteusement quant il doyt mourir pour aulcuns faulx experimens quilz ont trouves ainsi que dit le Pline, mais comment quil aille ilz chantent si melodieusement que juppiter prins de lamour de leda femme de tyndare se voulut lors transfigurer plustost en lespece dung cigne que daultre beste, ainsi que dient les poetes. Et en cest forme devant elle se print si doulcement a chanter quelle cuydant prendre icelluy fut prinse & opprressee dudit juppiter qui estoyt en espece de cigne, dont ladite Leda va concevoir & faire apres ung oeuf, duquel yssirent castor, pollux, et helena, de laquelle vint la destruction de troye. Pline dit que lesditz cignes sen vont et reviennent ainsi que les oyes saulvaiges, et volent & rompent lair, non mye ainsi proprement que font les grues qui volent de tire lune apres laultre, ainsi apres le premier cigne viennent les aultres par deux bandes et escarrees soy devant joindre a la premiere, et soy eslargissant alendernier petit a petit en facon dung coignet pour mieulx rompre lair, car plus facilement volent en ceste guise que selles estoyent toutes de front. Et quant le premier est la et ja ne peut plus tyrer il se met tout le dernier, & ainsi par succession font les aultres. Selon marcien & saint ambroise les marinieres reputent bon signe quant ilz ont tempeste & ilz rencontrent le cigne qui ne se plonge point dedans leaue, & pource entre les payens il est consacre au dieu appollo. La plus grant force du cigne est en ses esles, quant il est en amour il quiert sa femelle & luy fait feste en liant son col entour le col de la femelle, et en ce point il latrait a soy. Apres loeuvre de nature la femelle bat le masle & le chasse, et le masle se baigne tantost en leaue apres le fait, & aussi la femelle avant quilz mengeussent. En ce nous enseignent ilz comment devons faire & garder nettete. Or lesditz cignes habitent voulentiers pres des estangz

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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