Balade 128 : Adieu, Printemps, adieu jeune saison (CXXVIII)
Autre Balade
Adieu, Printemps, adieu jeune saison
Que tous deduiz sont deuz a creature.
Adieu Amours, adieu noble maison
Pleine jadis de flours et de verdure.
5 Adieu esté, autompne qui pou dure :
Yvers me vient, c’est a dire viellesce,
Pour ce, tristes, te di adieu, Jeunesce.
De printemps puis faire comparaison
Jusqu’a seize[1] ans que nostre enfance endure,
10 Que les biens sont a petit d’achoison
Pour leur tendreur mis en desconfiture.
Si sommes nous : par un pou de froidure
En cel aage pou de meschief nous blesse,
Pour ce, tristes, te di adieu, Jeunesce.
15 Estéz nourrist et croist selon raison
Vignes et blez et tous biens de nature.
Lors croist aussi et s’enforce li hom :
Autres .xvi. ans, l’a Jeunesse en sa cure.
Les biens requeult autompne si figure[2] 29c
20 Par li .xvi. ans. autant yvers m’apresse,
Pour ce, tristes, te di adieu, Jeunesce.
[1] Ms. six (corrigé d’après la 3e strophe)
[2] Ms. fugure